Stéphane RAGUSA
Fondateur et PDG de Predilife
Predilife vaudra un milliard d'euros un jour.
Publié le 01 Juin 2022
Bien que votre société ait déjà réalisé plusieurs opérations ces dernières années, pouvez-vous nous présenter de nouveau Predilife en quelques mots ?
J’ai fondé Predilife en 2004 sur un postulat : chercher à prédire le futur pour éviter certaines conséquences fâcheuses. Dans notre domaine d’application, celui du médical, ces conséquences fâcheuses sont des pathologies lourdes et parfois fatales comme les cancers. Predilife s’est donc construit sur la volonté de mettre au point des méthodes basées sur des modèles mathématiques pour évaluer le risque et anticiper. Ce qui, pour un type de maladies qu’on ne soigne bien qu’en les décelant le plus tôt possible, représente une véritable révolution : la prédiction permet en effet d’agir efficacement, avec un fort niveau de gain médical et un moindre coût. Predilife base son modèle sur la méthode statistique des voisins : une approche innovante qui évalue, sur un nombre de personnes présentant des caractéristiques semblables, combien d’entre elles ont développé la maladie. Bref, nous puisons en quelque sorte dans l’histoire de quoi prédire le futur.
Parmi les innovations de cette année pour Predilife, vous disposez d’une nouvelle stratégie de distribution…
Le canal de distribution historique de notre bilan de prédiction de risque se faisait jusqu’à l’été 2021 par l’intermédiaire de quelques médecins. La grande innovation de l’automne dernier est que nous avons ouvert, via les entreprises, un second canal de distribution. Les bilans sont réalisés en téléconsultation avec un médecin qui supervise à distance la réalisation par le patient d’un test génétique salivaire. Ce test est ensuite envoyé au laboratoire pour être analysé, et les résultats sont envoyés et expliqués par un médecin à l’occasion d’une deuxième téléconsultation. Le déplacement du patient n’est donc plus nécessaire, ce qui offre une plus grande souplesse dans la réalisation du test et la possibilité de sa réalisation dans l’environnement de l’entreprise . Et, naturellement, le développement généralisé de la vidéoconférence lors de l’épisode du Covid 19 a largement favorisé le lancement de cette solution.
Vous adressez ainsi à de grandes entreprises doit accroître considérablement votre efficacité commerciale ?
C’est en effet l’autre ingrédient déterminant de la réussite de cette nouvelle stratégie de distribution, favorisée par la récente loi Santé au travail entrée en application en mars 2022 et qui rend les entreprises responsables de la prévention et de la santé au travail. . C’est une étape de légitimation majeure pour Predilife, comme nous le ressentons déjà dans nos discussions avec d’autres ETI ou grandes entreprises françaises. À ce jour, nous avons entamé un partenariat avec certaines d’entre elles : Allianz, Marionnaud, Nexity et la mutuelle Nuoma . Cette dernière entreprise représente notamment, au sein du réseau d’entreprises dont elle dépend, une valeur de démonstration. Les résultats de nos tests engagés chez eux en mai et juin 2022 feront l’objet de partage et de discussions entre les responsables santé des différentes entreprises du réseau. Les cycles de vente de ces clients importants sont assez longs mais très prometteurs. Par rapport à la distribution de nos tests via des médecins, pour lesquels l’administratif représente un frein important, passer par des entreprises est accélérateur . Cela devrait contribuer largement au déploiement de notre offre.
Predilife ne réalise pas ses tests en interne. Avec quel partenaire travaillez-vous ?
La phase d’analyse de nos tests est en effet externalisée, nous ne disposons pas de laboratoire en interne. Depuis les débuts de Predilife, nous les réalisions avec le prestigieux institut Curie. Nous avons cependant inauguré fin 2021 un partenariat extrêmement intéressant avec Eurofins : les prestations réalisées permettent en effet une grande réactivité et une fiabilité exceptionnelle. Cela nous permet aussi de ne pas nous occuper de la logistique, y compris des envois de tests par courrier. Par ailleurs, ce partenariat, du fait du professionnalisme et de l’implantation internationale d’Eurofins, concourt à rendre notre solution scalable, visible et crédible pour des entreprises étrangères.
Quel objectif fixez-vous à votre développement ?
Nous sommes encore au tout début de notre déploiement commercial. Nos produits ciblent les pathologies correspondant au profil des salariés, hommes et femmes. C’est la grande particularité positive de notre activité : nous adressons les personnes saines, pas les personnes malades. Le marché est donc gigantesque ! Si l’on se projette sur ce que représentent les salariés en Europe, c’est 100 millions de personnes. Dans les approches que nous réalisons en ce moment auprès de grandes entreprises, nous nous apercevons qu’environ un tiers sont intéressées par notre offre. À partir de ce constat, viser 1 % du marché européen dans les années à venir me semble un objectif tout à fait raisonnable. La réalisation d’un bilan rapportant environ 100 euros, Predilife vaudra un milliard d’euros un jour. La seule incertitude, c’est de savoir quand exactement.
Quels est le bilan général de votre activité pour l’année 2021 ?
Financièrement, notre chiffre d’affaires demeure modeste car l’accélération amenée par la distribution via les entreprises n’est apparue qu’en toute fin d’année. Toutefois, les signatures que nous avons réalisées depuis, et celles qui se profilent , confirment la pertinence de l’objectif de 1000 tests mensuels fin 2022. Les innovations de l’année 2021 apparaissent aussi dans l’évolution de notre stratégie de distribution, et dans l’opération d’émission d’obligations réalisée il y a tout juste un an. Nous l’avions dimensionnée pour en faire un « produit maison », et son résultat a pourtant très largement dépassé nos attentes car nous avons enregistré 2,5 millions d’euros d’engagements de souscription. La preuve que, pour le public également, le socle de l’entreprise est solide et son accélération inéluctable.
Pouvez-vous nous décrire l’opération actuelle ?
C’est très simple : nous lançons presqu’exactement la même opération que celle de 2021. Il s’agit d’une émission d’obligations aux mêmes conditions, destinée de notre côté à muscler notre stratégie marketing et commerciale afin de rendre visible le succès rencontré par nos tests et les séduire davantage de grandes entreprises. Du point de vue des souscripteurs, c’est une bonne occasion de capter de la plus-value sur un marché en croissance exponentielle. Du côté de l’émetteur, l’argent levé est précieux pour accompagner notre croissance à un moment clé de la commercialisation de notre produit, nous permettant ainsi de le rembourser à 3 ou 4 ans. L’opération, ouverte le 1er juin 2022, sera close le 25 juin. Avec le même succès que l’an passé, nous l’espérons !
Propos recueillis par Aymeric Jeanson
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