La BCE est prête à en faire plus si l'inflation s'installe, dit Lagarde
FRANCFORT (Reuters) - Deux importants responsables de la Banque centrale européenne (BCE) ont souligné vendredi que l'institution de Francfort continuait d'accorder la priorité au ralentissement de l'inflation dans la zone euro pour éviter qu'elle s'enracine.
Alors que la hausse des prix dans les 19 pays partageant l'euro a atteint 10,7% en rythme annuel en octobre, un record, les investisseurs tentent de déterminer jusqu'où la BCE est prête à aller pour juguler l'inflation.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré vendredi que l'institution était prête à resserrer plus rapidement sa politique monétaire si le niveau élevé de l'inflation persistait et si les anticipations en la matière se renforçaient.
"Si nous devions constater, par exemple, que l'inflation devient plus persistante et que les anticipations d'inflation risquent de se désancrer, nous ne pourrions pas attendre que le plein impact des mesures de politique monétaire se matérialise", a-t-elle dit lors d'un discours prononcé en Estonie.
"Nous devrions prendre des mesures supplémentaires jusqu'à ce que nous soyons davantage convaincus que l'inflation reviendra à l'objectif (fixé à 2%, NDLR) en temps voulu", a-t-elle ajouté.
Son adjoint, Luis de Guindos, a déclaré pour sa part que la BCE continuerait de se concentrer sur la modération de la demande et le plafonnement des anticipations d'inflation afin d'éviter que la croissance rapide des prix ne s'installe durablement dans la zone euro.
"La politique monétaire doit rester concentrée sur la réduction du soutien à la demande et se prémunir contre le risque d'une hausse persistante des anticipations d'inflation", a-t-il dit lors d'un événement organisé en Espagne.
Les deux responsables ont en outre exhorté les Etats membres du bloc à ne pas contribuer à la flambée des prix en engageant des dépenses jugées trop généreuses.
Les gouvernements doivent s'en tenir à un soutien "temporaire" et "ciblé" aux ménages touchés par la crise liée à l'inflation actuelle afin de ne pas alimenter la demande, ont insisté Christine Lagarde et Luis de Guindos.
Alors que la Réserve fédérale américaine a ouvert la voie mercredi à un possible ralentissement de la hausse de ses taux dès décembre, la présidente la BCE a déclaré jeudi qu'une récession économique dans la zone euro ne suffirait pas à maîtriser l'inflation et que l'institution de Francfort ne pouvait pas se contenter de dupliquer les décisions prises par la banque centrale américaine.
Le point de vue de Christine Lagarde selon lequel les conditions économiques de la zone euro et des Etats-Unis ne sont pas identiques est partagé par d'autres membres de la BCE, dont Ignazio Visco et Fabio Panetta.
Ce dernier a cependant déclaré jeudi que la BCE devrait s'abstenir de relever trop rapidement ses taux d'intérêt car cela pourrait nuire excessivement à la croissance économique, aux prix dans le secteur de l'immobilier et aux marchés financiers.
(Reportage Francesco Canepa et Mark Potter, version française Laetitia Volga et Claude Chendjou, édité par Sophie Louet et Kate Entringer)
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