On n'arrête pas le train des actions !
(Easybourse.com) Mercredi 25 septembre, EasyBourse participait à la Convention Patrimonia, le plus grand rassemblement en France des acteurs de l'accompagnement patrimonial, incluant les conseillers en gestion de patrimoine, family offices, gérants privés, experts comptables, notaires, courtiers, avocats, et bien d'autres. Une centaine de prises de parole à cette occasion ont pu être organisées sur de nombreux thèmes divers et variés. Nous vous proposons dans ce papier un aperçu des éléments évoqués par un parterre d'experts de la gestion - Benjamin Biard, directeur du développement d'Amiral Gestion, Bastien Bernus gérant chez BDL Capital Management et David Mellul directeur général de Varenne Capital Partners - sur un thème intitulé « On arrête pas le train des actions ! » Une question sous-entendue qui appelle à une réponse unanime : non seulement le train des actions ne va pas s'arrêter au cours des 12 prochains mois, mais il pourrait reprendre de la vitesse.
Pourquoi un tel optimisme
Les arguments évoqués au soutien de l’hypothèse d’une poursuite de la tendance haussière, en dépit d’un beau parcours déjà réalisé ces dernières années, 2024 comprise, sont multiples.
En premier lieu, l’existence d’un taux de détention en actions très faible en Europe avec en parallèle celui d’un taux de rendement très élevé des actions. Ainsi, selon les conférenciers, par exemple, le taux d'épargne en actions est de 5% en France, de 8% en Espagne, de 12% en Allemagne, 18 % en Angleterre. Parallèlement, sur 30 ans, le rendement des actions dividendes réinvestis a été multiplié par 9 contre un livret A au sein de l’Hexagone qui n’a fait que doubler et l’or qui a vu son rendement sur la même période « seulement » quintupler.
Sur le plan circonstanciel, un facteur favorable est lié au processus de baisse graduelle des taux directeurs par les grandes banques centrales.
Ces politiques monétaires relativement accommodantes combinées à un scénario central qui table sur une économie américaine qui vraisemblablement ne rentrera pas en récession et une Europe qui devrait assister à une accélération de sa reprise économique, amènent à admettre que les actions devraient pouvoir reprendre de la vigueur.
Il est intéressant de relever un énième moteur de la hausse des marchés actions : celui de l’augmentation du ratio des rachats d'actions par les entreprises par rapport au montant des émissions de capitaux, en particulier en Europe. Toujours, selon les orateurs du panel, alors que nous étions sur un rapport 40/60, nous sommes aujourd’hui sur un ratio 60/40, apprend-t-on. Cette tendance devrait perdurer et la loi de l’offre et de la demande devrait ainsi constituer un catalyseur supplémentaire.
Une certaine prudence à afficher
Cet optimisme assumé ne doit pas être dénué de toute prudence soulignent les experts entendus. Tout d’abord, le marché considéré globalement est relativement cher si l’on se fie aux données historiques. Ensuite, des anomalies significatives sont perceptibles.
Si sur le long terme, la trajectoire parait plaisante, à court et moyen terme, des chahuts ont vocation à survenir. Dit autrement, les fortes fluctuations à la hausse et à la baisse devraient demeurer nombreuses à l’instar de ce qui a pu être observé ce mois d’aout où l’indice VIX, souvent appelé l’indice de la peur des marchés boursiers, a dépassé le niveau emblématique de 40 points (contre un niveau normalisé autour de 15-20 points).
Au-delà de la volatilité, une précaution supplémentaire est à prendre à l’égard de la forte concentration du marché
Dans le S&P 500, les six premiers noms, soit 1,2% des constituants, représentent 30 % de l'indice. Dans le même registre, les quatre plus grandes capitalisations du Nasdaq 100 correspondent à 40 % du benchmark.
Cette polarisation s’accompagne d’une véritable dislocation. Le marché n’est pas homogène. Alors qu’un quart du marché est sur des niveaux de valorisation élevés, au-dessus de 20 fois les bénéfices futurs, un cinquième du marché est pricé en dessous de 8 fois, précise la table ronde.
C’est sur cette dernière poche que l’attention doit être concentrée pour trouver des opportunités.
Place au stock picking et cap sur l’Europe, comme terrain de jeu …
Au-delà des grands blocs de concentration, une disparité est perceptible. En tout premier lieu, sur le front géographique, singulièrement entre l’Europe et les Etats-Unis. Le premier bloc est bien moins valorisé que le second. Le potentiel de progression est donc en théorie plus important sur le Vieux continent qu’outre Atlantique.
La sous-valorisation ne suffit pas. S’ajoute à cela, un gap dans la perspective de croissance.
Et cette dissymétrie conjoncturelle devrait être d’autant plus bénéfique aux entreprises européennes, que celles-ci ont un chiffre d'affaires ventilé mondialement contrairement aux entreprises américaines qui ont 80% voire 100 % de leur chiffre d'affaires positionné sur un mono marché.
Vers un retour des small et mid caps notamment en France et en Allemagne …
Globalement, si on regarde le secteur des petites et moyennes valeurs dans le monde entier, celles-ci sont actuellement sous valorisés par rapport au large capitalisations. Le fossé est encore plus important en Europe. Sur deux ans, le différentiel est de près de 50%, +44% pour les premiers, -5% pour les seconds, relèvent les intervenants.
Toujours selon le panel, au regard d’un indicateur communément utilisé, le price to book, les petites et moyennes capitalisations européennes sont valorisées au même niveau qu'en mars 2020 et fin 2011, à 1,15. En 2017, cette variable était à 2,2. De ce fait, l’effet de base est plus que favorable aux petites et moyennes entreprises.
Le dernier étage qui manque à la fusée small et mid caps, c'est la macro. Et il semblerait que cette dernière soit prochainement mise en place.
Jusqu’ici les small et mid caps ont souffert car la part de leur dette à taux variable est plus importante que pour les larges capitalisations. La remontée des taux leur a donc indéniablement porté préjudice. Par ailleurs, leurs contrats sont communément moins élaborés, et moins protecteurs face à une inflation galopante. Ces entreprises ont eu plus de mal à gérer la montée des prix, ce qui a pesé sur les coûts et entrainé un pincement des marges.
Toutefois, les choses sont en train de changer. La baisse des taux précédemment évoqué et le fléchissement de l’inflation devraient constituer des moteurs pour les small et mid caps. Historiquement, un rebond est observé dans les douze mois suivants la première baisse des taux directeurs.
Le dernier étage qui manque à la fusée small et mid caps, c'est la macro
Les experts admettent que d’ores et déjà, des opportunités peuvent être décelées, sur des valeurs liquides, de qualité, très exposées à l'Europe, transparentes et donc prévisibles.
Vers la recherche de secteurs sous valorisés : cap sur les banques et les sociétés aurifères
S’il l’on raisonne en secteur sous valorisé, le secteur bancaire est évoqué comme très décoté. Celui-ci se price à un niveau de récession alors que nous n’y sommes pas. Une mégarde d'autant plus injustifiée que les banques ont su déployer une stratégie de couverture, et faire en sorte de bénéficier de taux toujours élevés sur longue période en dépit de leur baisse à venir.
Le secteur bancaire price à un niveau de récession
La classe d'actifs des sociétés aurifères retrouve ses lettres de noblesse
Quid de la tech américaine ?
A chacune des tables rondes organisées, une question quasi incontournable a intéressé le sort à réserver à la tech américaine, et plus particulièrement aux 7 magnifiques Alphabet, Amazon, Meta, Apple et Microsoft, Nvidia, et Tesla. Pour rappel, la valeur des actions de ces entreprises a connu, en 2023, une progression exceptionnelle : Nvidia (+ 238,9 %), Meta (+ 194,1 %), Tesla (+ 101,7 %), Amazon (+ 80,9 %), Alphabet (+ 58,8 %), Microsoft (+ 56,8 %) et Apple (+ 48,2 %).
Cependant, la réponse apportée à cette interrogation a été très nuancée. Ces sociétés sont admises comme étant très particulières en ce qu’elles sont assimilables à des entreprises industrielles. Il y a lieu de sortir des repères traditionnels pour apprécier les valeurs sous-jacentes… Les modèles sont au mieux, approximativement justes, mais certainement précisément faux. Il importe alors de s’attarder sur l’existence de barrières à l’entrée. Celles-ci existent-elles effectivement et sont-elles tenables ?
La question n’est pas s’il faut en avoir mais plutôt quand est ce qu’il est intéressant de s’y exposer ?
Les barrières existent et sont palpables chez les très gros opérateurs historiques car elles ont beaucoup de liquidité pour investir mais cette réalité n’est pas aussi évidente pour les acteurs plus récents.
Dans tous les cas, l’avis générale est que cette tech américaine est incontournable. Le cas échéant, si tel n’est pas déjà le cas, il conviendra d’y revenir avec de meilleurs points d’entrée en fonction des gains de productivité que ces sociétés engendreront. La question n’est donc pas s’il faut en avoir mais plutôt quand est ce qu’il est intéressant de s’y exposer ?
Un raisonnement assez similaire vaut pour le luxe.
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Publié le 01 Octobre 2024