Interview de Louis Bert : Président de Dorval Finance

Louis Bert

Président de Dorval Finance

Nous tablons sur un rendement des actions européennes de 8 à 9% cette année

Publié le 22 Janvier 2015

Quel bilan tirez-vous de l’année 2014 pour les marchés actions européens ?
On est passé d’un excès d’optimisme en début d’année, notamment sur l’ampleur de la reprise de l’économie européenne, à un excès de pessimisme suite à la révision des prévisions de croissance et au retour des incertitudes politiques, notamment en Grèce, vers la fin de l’année. Au final l’Eurostoxx50 s’est apprécié de 4% (dividendes réinvestis) contre une performance historique de 6 à 7% en moyenne. C’est une performance correcte si l’on considère les nombreuses perturbations politiques.

Prévoyez-vous un rattrapage des actions européennes vis-à-vis des marchés américains en 2015 ?
Oui, nous pensons qu’un rattrapage va s’opérer en 2015. Plusieurs éléments y contribuent. Il y a premièrement le contre-choc pétrolier qui représente un transfert de richesse très important des pays producteurs vers les pays consommateurs. L’Europe, ses consommateurs, ses entreprises, vont bénéficier à plein de ce transfert. Le second facteur favorable est la baisse de l’euro face au dollar. Celle-ci va redonner de la compétitivité aux entreprises européennes, notamment aux entreprises industrielles et du secteur de la chimie. Nous pensons que ces deux facteurs vont permettre un rebond des bénéfices des entreprises européennes. Sur l’ensemble de l’année nous tablons sur une croissance des résultats d’au moins 8% par rapport à 2014. Nous tablons également sur un rendement des actions européennes de 8 à 9% ce qui, dans un contexte de taux proches de zéro, serait une belle performance.

Quels sont les risques qui pourraient remettre en cause ce scénario ?

Il ne faut pas oublier que l’année 2015 est une année de changement de régime. Après avoir inondé les marchés de liquidités, la Réserve fédérale américaine a annoncé un resserrement progressif du crédit, avec un premier relèvement de taux prévu vers la mi-2015. Nous avons encore quelques doutes sur la solidité de l’économie américaine à ce stade et sur les conséquences de la hausse des taux d’intérêt non seulement pour les Etats-Unis mais aussi pour un certain nombre de pays émergents. Nous ne croyons pas à la répétition d’une crise monétaire comme en 1998-1999 mais il peut toujours y avoir une erreur de politique monétaire.

En Europe nous avons identifié deux risques. L’un est politique et concerne principalement la Grèce. L’accession au pouvoir du parti de gauche Syriza pourrait créer des tensions parmi les créanciers internationaux du pays (ndlr : Syriza est donné favori par les sondages pour les élections législatives du 25 janvier). L’autre est économique. En décembre dans la zone euro, la baisse des prix de l’énergie a entraîné l’inflation en territoire négatif pour la première fois depuis 2009. Cela ne signifie pas que nous soyons en déflation. Mais, si cette situation se prolonge, nous serons attentifs aux effets de second tour pouvant mener à la déflation.

Propos recueillis par Imen Hazgui