Philippe Waechter
Responsable des études économiques chez Natixis Asset Management
Il est encore tôt pour s'alarmer du ralentissement de la croissance américaine
Publié le 30 Avril 2015
Le PIB américain ne s’est élevé que de 0,2% à l’issue du premier trimestre de l’année. Un commentaire ?
Je ne suis pas particulièrement étonné par cette nouvelle information. Compte tenu du niveau de la production industrielle, de la hausse limitée des ventes de détail, du repli de l’investissement observé à travers les commandes de biens d’équipement, les mises en chantier, une inflexion était perceptible. La Fed d’Atlanta prévoyait d’ailleurs une progression de 0,1% sur ce trimestre.
La fourchette des estimations des économistes était très large, allant de 0,1% à 1,7. La moyenne était à 1. Mes anticipations se situaient plus dans le bas de la fourchette, entre 0 et 0,5%.
L’essoufflement se veut-il temporaire ou doit on s’inquiéter ?
Il est difficile de le savoir. On pensait que le ralentissement de la conjoncture était essentiellement du aux mauvaises conditions météorologiques. Sans doute cela a-t-il joué un rôle mais d’autres éléments explicatifs tiennent à la force du dollar, et à la chute du cours du baril, mais aussi à la dynamique soutenue et surement excessive des deuxième et troisième trimestre 2014.
Pour autant je dirais qu’il est encore tôt pour s’alarmer.
A quelle croissance annuelle devrait amener la modération de la reprise ?
Je ne crois pas à une accélération similaire à celle que l’on a vue l’année dernière en raison du maintien du dollar à un niveau cher, de la persistance du cours du dollar à un niveau bas et de la relative morosité de l’environnement globale caractérisée par un toussotement de la croissance chinoise. La hausse du PIB devrait se situer à 2,3% ou 2,4%. Ce rythme devrait atténuer toute pression sur la revalorisation des salaires et permettre à l’inflation de ne pas s’envoler.
Toute nouvelle rechute en récession est à écarter ?
On ne peut pas l’exclure. Mais cette rechute ne se concrétisera vraisemblablement pas à court terme.
Dans la batterie d’indicateurs que vous surveillerez de près dans les mois à venir pour palper la santé de cette économie américaine, lesquels retiendront particulièrement votre attention ?
Le ratio nouvelles commandes sur stocks dans l’enquête ISM, les ventes de détail hors automobiles et essence, et les dépenses effectués pour acquérir des biens d’équipement. Par ailleurs, un focus sera fait sur l’évolution du dollar qui est aujourd’hui à un plus haut de 13 ans et sur la variation du prix du pétrole.
Cette configuration de la croissance américaine pousse à s’interroger d’autant plus a propos du comportement de la Réserve fédérale américaine ?
Pour ma part je table sur un premier relèvement des taux directeurs en décembre suite aux déclarations de James Williams, gouverneur de la Fed de San Francisco selon lesquelles tous les membres du FOMC sont favorables à une action en 2015.
Une remontée en juin est hors de propos ?
Telle est mon opinion.
De quelle ampleur pourrait être le rythme de remontée ?
Ayant conscience que la reprise est fragile, la Fed aura à cœur de ne pas être agressive dans son attitude. Il est probable qu’une trajectoire soit annoncée étalée sur trois ou quatre ans pour converger vers le taux d’équilibre afin d’atténuer l’incertitude auprès des investisseurs et de limiter le risque de sursaut des taux longs qui pourrait s’avérer extrêmement pénalisant pour l’économie américaine.
Je ne suis pas particulièrement étonné par cette nouvelle information. Compte tenu du niveau de la production industrielle, de la hausse limitée des ventes de détail, du repli de l’investissement observé à travers les commandes de biens d’équipement, les mises en chantier, une inflexion était perceptible. La Fed d’Atlanta prévoyait d’ailleurs une progression de 0,1% sur ce trimestre.
La fourchette des estimations des économistes était très large, allant de 0,1% à 1,7. La moyenne était à 1. Mes anticipations se situaient plus dans le bas de la fourchette, entre 0 et 0,5%.
L’essoufflement se veut-il temporaire ou doit on s’inquiéter ?
Il est difficile de le savoir. On pensait que le ralentissement de la conjoncture était essentiellement du aux mauvaises conditions météorologiques. Sans doute cela a-t-il joué un rôle mais d’autres éléments explicatifs tiennent à la force du dollar, et à la chute du cours du baril, mais aussi à la dynamique soutenue et surement excessive des deuxième et troisième trimestre 2014.
Pour autant je dirais qu’il est encore tôt pour s’alarmer.
A quelle croissance annuelle devrait amener la modération de la reprise ?
Je ne crois pas à une accélération similaire à celle que l’on a vue l’année dernière en raison du maintien du dollar à un niveau cher, de la persistance du cours du dollar à un niveau bas et de la relative morosité de l’environnement globale caractérisée par un toussotement de la croissance chinoise. La hausse du PIB devrait se situer à 2,3% ou 2,4%. Ce rythme devrait atténuer toute pression sur la revalorisation des salaires et permettre à l’inflation de ne pas s’envoler.
Toute nouvelle rechute en récession est à écarter ?
On ne peut pas l’exclure. Mais cette rechute ne se concrétisera vraisemblablement pas à court terme.
Dans la batterie d’indicateurs que vous surveillerez de près dans les mois à venir pour palper la santé de cette économie américaine, lesquels retiendront particulièrement votre attention ?
Le ratio nouvelles commandes sur stocks dans l’enquête ISM, les ventes de détail hors automobiles et essence, et les dépenses effectués pour acquérir des biens d’équipement. Par ailleurs, un focus sera fait sur l’évolution du dollar qui est aujourd’hui à un plus haut de 13 ans et sur la variation du prix du pétrole.
Cette configuration de la croissance américaine pousse à s’interroger d’autant plus a propos du comportement de la Réserve fédérale américaine ?
Pour ma part je table sur un premier relèvement des taux directeurs en décembre suite aux déclarations de James Williams, gouverneur de la Fed de San Francisco selon lesquelles tous les membres du FOMC sont favorables à une action en 2015.
Une remontée en juin est hors de propos ?
Telle est mon opinion.
De quelle ampleur pourrait être le rythme de remontée ?
Ayant conscience que la reprise est fragile, la Fed aura à cœur de ne pas être agressive dans son attitude. Il est probable qu’une trajectoire soit annoncée étalée sur trois ou quatre ans pour converger vers le taux d’équilibre afin d’atténuer l’incertitude auprès des investisseurs et de limiter le risque de sursaut des taux longs qui pourrait s’avérer extrêmement pénalisant pour l’économie américaine.
Propos recueillis par Imen Hazgui