Sébastien Thevoux-Chabuel
Gérant et Analyste ESG chez Comgest
Le reporting Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) : genèse, contenu et utilité
Publié le 12 Décembre 2019
Pouvez-vous nous rappeler la genèse du reporting Task Force on Climate-related Financial Disclosures ?
Ce reporting trouve sa genèse dans un événement organisé en marge de la COP 21 qui s’est tenu en décembre 2015, par la société Bloomberg avec la présence de Michael Bloomberg et de Mark Carney, le président de la Banque centrale d’Angleterre qui était également à l’époque le Responsable du FSB.
Avait été présentée ce soir-là devant une cinquantaine de personnes la feuille de route de ce qui allait censé être un cadre de reporting sur le changement climatique avec un angle particulier sur ce que cela pouvait générer comme risques financiers.
S’en est suivi la mise en place d’un groupe de travail et la définition par celui-ci d’un cadre reposant sur quatre grands piliers autour de la gouvernance, la stratégie, la gestion des risques, et enfin les métriques et des objectifs attachés.
Comment expliquer que cette initiative ait initialement été lancée par ces deux personnes…
Michael bloomberg a toujours été engagé sur les sujets liés à l’environnement en particulier à travers sa fondation et Mark Carney avait déjà eu l’occasion d’exprimer sa sensibilité au sujet dans son fameux discours « the tragedy of the horizon » soulignant les dangers liés au changement climatique pour le système financier et la grande nécessité de mieux appréhender cette menace afin de limiter les répercussions néfastes et éviter le pire.
Comgest a fait le choix d’intégrer une partie du reporting TCFD dans son Rapport Article 173 : pourquoi ?
Nous nous sommes appropriés ce framework en 2017, après l’adoption de sa version définitive suite à la prise en compte des principales remarques formulées à l’occasion d’une consultation publique.
Plusieurs raisons ont influencé notre décision. Une véritable réflexion avait été menée par le groupe de travail en amont de ce projet. De hauts responsables de renom n’avaient pas hésité à marquer leur soutien à l’initiative. Les opportunités liées à ce cadre pour le secteur financier étaient palpables.
Nous rendons compte de ce reporting dans le cadre du rapport plus global que nous dressons annuellement sur la manière dont nous appliquons l’Article 173.
Il s’agit là d’une très belle tribune utilisée par de nombreuses autres sociétés de gestion, qui permet une certaine comparabilité des données.
Ce reporting concerne-t-il tous les fonds de Comgest ?
Nous le faisons pour nos trois principales stratégies qui représentent 93% de nos encours.
Nous pourrions être amenés à englober d’autres fonds.
Dans le cadre de ce reporting TCFD est mise en évidence l’empreinte carbone des portefeuilles. Qu’est-ce que cela signifie ?
La prise en compte du changement climatique dans les décisions d’investissement est compliquée. Une manière de percevoir les risques de transition liés à la décarbonisation des économies, est l’utilisation de l’empreinte carbone, une métrique qui peut être agrégée à l’échelle d’un portefeuille en prenant l’intensité carbone des différentes sociétés investies.
Il y a plusieurs méthodologies. L’idée est d’essayer de ramener les émissions de gaz à effet de serre, les équivalents tonnes de carbone dégagées par l’entreprise, à la part détenue par l’investisseur dans l’entreprise.
Typiquement si un investisseur détient 5% du capital d’une société qui émet 1000 tonnes, cela signifie que l’empreinte carbone associée à cette société est de 50 tonnes. La somme est faite ensuite de toutes ces quantités d’émission de CO2 par million d’euro investi. Plus la société est de taille importante, plus le fonds est important, et plus cette somme est conséquente.
Il faut aller à la pêche à l’information. Dans certains cas, cela est relativement simple car la société joue le jeu et indique la donnée dans ses rapports publiques. Dans d’autres cas, la tâche est plus ardue.
Il y a une problématique de périmètre à considérer…
Il y a plusieurs niveaux d’émission de gaz à effet de serre. Celle dégagée directement par l’activité exercée par l’entreprise, que l’on appelle scope 1 ; celle dégagée par l’énergie (le nombre de mégawattheures) utilisée pour exercer l’activité combinée avec celle dégagée par les déplacements du personnel de la société, que l’on appelle scope 2 ; celle induite de l’activité en amont ou en aval de la filière. Cela correspondrait à l’utilisation des véhicules vendus pour un constructeur automobile.
Quels scopes sont considérés dans le calcul de l’empreinte carbone des portefeuilles Comgest ?
Nous considérons le scope 1 et 2 et le scope 3 en amont en raison de l’absence pour l’instant d’une méthodologie fiable pour considérer le scope 3 en aval et le risque en conséquence de compter plusieurs fois la même chose.
Il est à relever que le niveau de l’empreinte carbone des portefeuille Comgest sont globalement cinq à dix fois inférieurs aux indices de référence.
Un autre grand sujet lié au changement climatique et aux externalités de l’entreprise concerne les empreintes environnementales. Ces empreintes renvoient à l'utilisation des ressources naturelles, les polluants de l’air, les polluants du sol et de l’eau, les déchets, l'exploitation de l’eau…
Nous travaillons sur ce point étroitement avec la société Trucost qui est la seule à ce stade à disposer d’un modèle qui permet de donner des estimations des externalités pour une série d’activités.
Une matrice a été constituée par cette dernière rendant compte des consommations et rejets des ressources de toutes les activités économiques recensées aux Etats-Unis. Ainsi, en guise d’illustration, à partir d’un nombre de t-shirts fabriqués par une société, Trucost est en mesure de renseigner sur la quantité d’eau, d’engrais et de pesticides (coton), de colorants chimiques exploitée.
Dans un souci de comparabilité, a été attaché un coût monétaire à ces externalités. Un prix a été donné à la bonne utilisation de l’eau, à la bonne gestion des déchets... Une agrégation de ces coûts est faite pour l’ensemble des activités d’une entreprise et est ramenée au chiffre d’affaires et à la marge opérationnelle générés par celle-ci.
Si nous prenons l’exemple d’une société comme Nestlé qui a une marge opérationnelle de 18%. Celle-ci ne prend en compte que les coûts classiquement intégrés dans une comptabilité traditionnelle. En déduisant les coûts liés aux externalités, cette marge tombe à 6%.
Avec la nuance qu’une partie de ces coûts peuvent être répercutés sur les fournisseurs ou sur les clients.
Un gros défi est rencontré dans la mesure d’un indicateur au niveau d’un portefeuille…
C’est celui de trouver une métrique qui satisfait trois critères :
-la métrique doit porter sur quelque chose de largement disponible dans le portefeuille, au moins à hauteur de 80%
-la métrique doit porter sur une donnée être fiable
-la métrique doit concerner une donnée agrégeable.
Dans le secteur de la santé, on voit des métriques s’efforcer de comptabiliser le nombre d’années de vies sauvées grâce à un médicament mis sur le marché. Or de telles métriques ne couvrent qu’une petite partie d’un portefeuille diversifié non focalisé sur la santé.
Une évaluation des risques physiques est également réalisée dans le cadre du reporting TCFD. Ces risques physiques correspondent à des risques opérationnels (inondations et précipitions extrêmes, stress thermique, stress hydrique, vents violents et augmentation du niveau de la mer), des risques liés à la chaîne d’approvisionnement, et des risques de marché...
Les risques physiques sont appréciés à travers un scoring transmis par la société Four Twenty Seven récemment rachetée par Moody’s.
Alors que l’évaluation des risques de transition suppose l’établissement de scénarios grandement spéculatif, les risques physiques reposent sur des éléments plus tangibles.
Ainsi, on se souviendra qu’il y a quelques années, le président d’Unilever avait révélé que la partie non assurable des disruptions de sa chaine d’approvisionnement et de ses opérations liées à des événements climatiques avaient couté 400 millions de dollars au niveau du groupe.
Certaines entreprises peuvent avoir une grande partie de leur chaine de fournisseurs et/ ou de leurs sites de production dans des zones géographiques dans lesquelles ont été identifiés des risques climatiques considérables. En cas d’intempéries sévères, ces sociétés peuvent se retrouver dans une situation de grande difficulté opérationnelle et perdre d’énormes parts de marché en raison de leur incapacité à livrer leurs clients.
La société Four Twenty Seven donne des scores de risque climatique aux pays en agrégeant des briques de leur modèle. Ensuite, elle fait un repérage des lieux où vendent les entreprises au sein d’un portefeuille en fonction du chiffre d’affaires. Le risque climatique de la demande est combiné au score attribué par pays et au pourcentage de ventes réalisés dans chacun des pays.
L’alignement des portefeuilles d’investissement avec la trajectoire 2 °C est également prévu dans le reporting TCFD… Pouvez-vous nous rappeler de quoi il s’agit…
Faisant suite à la COP21, l'accord de Paris, approuvé par 195 délégations, convenait de tout mettre en œuvre afin de limiter le réchauffement climatique en dessous des 2°C au-delà des températures préindustrielles.
Une initiative a été lancée par un groupe d’experts, le SBTI, la science based target initiative afin d’émettre des hypothèses sur la charge de l’effort pour réduire la quantité de gaz à effet de serre émise et sa répartition.
Un raisonnement a été mené par activité et par taille d’entreprise. Il a été admis que 80% des émissions sont réalisées par 20% des entreprises. Un nombre réduit d’entreprises doit faire un maximum d’efforts.
Le SBTI s’est doté d’une méthodologie permettant d’apprécier si les engagements pris par une entreprise correspondent à ce qu’elle doit effectivement annoncer comme objectif individuel par rapport à l’effort collectif.
De quelle manière se situe Comgest vis-à-vis de cette trajectoire ?
Du fait d’avoir des empreintes carbones très inférieures à ce que l’on a dans le PIB, les sociétés que nous avons en portefeuilles sont à même d’apporter leur contribution à l’effort collectif, ce qui nous permet d’être aisément sur une trajectoire 2°C.
Qu’est ce qui vous reste à améliorer dans le reporting TCFD ?
La mesure du risque de transition avec la définition de scénarios plus opérationnels.
La prise en compte des risques juridiques, notamment le risque de poursuites judiciaires pour les majors pétrolières avec le risque de devoir payer des amendes pharaoniques comme ce fut le cas avec des sociétés de tabac à la fin des années 1990.
On dénombre à ce jour environ 1300 procès lancés contre de grandes firmes par le biais d’ONG, de fonds de pension, d’associations de particuliers... Des débats approfondis ont lieu sur la responsabilité de ces sociétés et sur les dommages qu’elles doivent indemniser. Il n’est pas exclu qu’il y ait lieu dans un proche avenir un jugement qui serve de jurisprudence et qui ouvre la porte à une multitude d’autres procès.
A lire également : "Quelle évolution de la réglementation autour de l'Investissement socialement responsable ?"
Ce reporting trouve sa genèse dans un événement organisé en marge de la COP 21 qui s’est tenu en décembre 2015, par la société Bloomberg avec la présence de Michael Bloomberg et de Mark Carney, le président de la Banque centrale d’Angleterre qui était également à l’époque le Responsable du FSB.
Avait été présentée ce soir-là devant une cinquantaine de personnes la feuille de route de ce qui allait censé être un cadre de reporting sur le changement climatique avec un angle particulier sur ce que cela pouvait générer comme risques financiers.
S’en est suivi la mise en place d’un groupe de travail et la définition par celui-ci d’un cadre reposant sur quatre grands piliers autour de la gouvernance, la stratégie, la gestion des risques, et enfin les métriques et des objectifs attachés.
Comment expliquer que cette initiative ait initialement été lancée par ces deux personnes…
Michael bloomberg a toujours été engagé sur les sujets liés à l’environnement en particulier à travers sa fondation et Mark Carney avait déjà eu l’occasion d’exprimer sa sensibilité au sujet dans son fameux discours « the tragedy of the horizon » soulignant les dangers liés au changement climatique pour le système financier et la grande nécessité de mieux appréhender cette menace afin de limiter les répercussions néfastes et éviter le pire.
Comgest a fait le choix d’intégrer une partie du reporting TCFD dans son Rapport Article 173 : pourquoi ?
Nous nous sommes appropriés ce framework en 2017, après l’adoption de sa version définitive suite à la prise en compte des principales remarques formulées à l’occasion d’une consultation publique.
Plusieurs raisons ont influencé notre décision. Une véritable réflexion avait été menée par le groupe de travail en amont de ce projet. De hauts responsables de renom n’avaient pas hésité à marquer leur soutien à l’initiative. Les opportunités liées à ce cadre pour le secteur financier étaient palpables.
Nous rendons compte de ce reporting dans le cadre du rapport plus global que nous dressons annuellement sur la manière dont nous appliquons l’Article 173.
Il s’agit là d’une très belle tribune utilisée par de nombreuses autres sociétés de gestion, qui permet une certaine comparabilité des données.
Ce reporting concerne-t-il tous les fonds de Comgest ?
Nous le faisons pour nos trois principales stratégies qui représentent 93% de nos encours.
Nous pourrions être amenés à englober d’autres fonds.
Dans le cadre de ce reporting TCFD est mise en évidence l’empreinte carbone des portefeuilles. Qu’est-ce que cela signifie ?
La prise en compte du changement climatique dans les décisions d’investissement est compliquée. Une manière de percevoir les risques de transition liés à la décarbonisation des économies, est l’utilisation de l’empreinte carbone, une métrique qui peut être agrégée à l’échelle d’un portefeuille en prenant l’intensité carbone des différentes sociétés investies.
Il y a plusieurs méthodologies. L’idée est d’essayer de ramener les émissions de gaz à effet de serre, les équivalents tonnes de carbone dégagées par l’entreprise, à la part détenue par l’investisseur dans l’entreprise.
Typiquement si un investisseur détient 5% du capital d’une société qui émet 1000 tonnes, cela signifie que l’empreinte carbone associée à cette société est de 50 tonnes. La somme est faite ensuite de toutes ces quantités d’émission de CO2 par million d’euro investi. Plus la société est de taille importante, plus le fonds est important, et plus cette somme est conséquente.
Il faut aller à la pêche à l’information. Dans certains cas, cela est relativement simple car la société joue le jeu et indique la donnée dans ses rapports publiques. Dans d’autres cas, la tâche est plus ardue.
Il y a une problématique de périmètre à considérer…
Il y a plusieurs niveaux d’émission de gaz à effet de serre. Celle dégagée directement par l’activité exercée par l’entreprise, que l’on appelle scope 1 ; celle dégagée par l’énergie (le nombre de mégawattheures) utilisée pour exercer l’activité combinée avec celle dégagée par les déplacements du personnel de la société, que l’on appelle scope 2 ; celle induite de l’activité en amont ou en aval de la filière. Cela correspondrait à l’utilisation des véhicules vendus pour un constructeur automobile.
Quels scopes sont considérés dans le calcul de l’empreinte carbone des portefeuilles Comgest ?
Nous considérons le scope 1 et 2 et le scope 3 en amont en raison de l’absence pour l’instant d’une méthodologie fiable pour considérer le scope 3 en aval et le risque en conséquence de compter plusieurs fois la même chose.
Il est à relever que le niveau de l’empreinte carbone des portefeuille Comgest sont globalement cinq à dix fois inférieurs aux indices de référence.
Un autre grand sujet lié au changement climatique et aux externalités de l’entreprise concerne les empreintes environnementales. Ces empreintes renvoient à l'utilisation des ressources naturelles, les polluants de l’air, les polluants du sol et de l’eau, les déchets, l'exploitation de l’eau…
Nous travaillons sur ce point étroitement avec la société Trucost qui est la seule à ce stade à disposer d’un modèle qui permet de donner des estimations des externalités pour une série d’activités.
Une matrice a été constituée par cette dernière rendant compte des consommations et rejets des ressources de toutes les activités économiques recensées aux Etats-Unis. Ainsi, en guise d’illustration, à partir d’un nombre de t-shirts fabriqués par une société, Trucost est en mesure de renseigner sur la quantité d’eau, d’engrais et de pesticides (coton), de colorants chimiques exploitée.
Dans un souci de comparabilité, a été attaché un coût monétaire à ces externalités. Un prix a été donné à la bonne utilisation de l’eau, à la bonne gestion des déchets... Une agrégation de ces coûts est faite pour l’ensemble des activités d’une entreprise et est ramenée au chiffre d’affaires et à la marge opérationnelle générés par celle-ci.
Si nous prenons l’exemple d’une société comme Nestlé qui a une marge opérationnelle de 18%. Celle-ci ne prend en compte que les coûts classiquement intégrés dans une comptabilité traditionnelle. En déduisant les coûts liés aux externalités, cette marge tombe à 6%.
Avec la nuance qu’une partie de ces coûts peuvent être répercutés sur les fournisseurs ou sur les clients.
Un gros défi est rencontré dans la mesure d’un indicateur au niveau d’un portefeuille…
C’est celui de trouver une métrique qui satisfait trois critères :
-la métrique doit porter sur quelque chose de largement disponible dans le portefeuille, au moins à hauteur de 80%
-la métrique doit porter sur une donnée être fiable
-la métrique doit concerner une donnée agrégeable.
Dans le secteur de la santé, on voit des métriques s’efforcer de comptabiliser le nombre d’années de vies sauvées grâce à un médicament mis sur le marché. Or de telles métriques ne couvrent qu’une petite partie d’un portefeuille diversifié non focalisé sur la santé.
Une évaluation des risques physiques est également réalisée dans le cadre du reporting TCFD. Ces risques physiques correspondent à des risques opérationnels (inondations et précipitions extrêmes, stress thermique, stress hydrique, vents violents et augmentation du niveau de la mer), des risques liés à la chaîne d’approvisionnement, et des risques de marché...
Les risques physiques sont appréciés à travers un scoring transmis par la société Four Twenty Seven récemment rachetée par Moody’s.
Alors que l’évaluation des risques de transition suppose l’établissement de scénarios grandement spéculatif, les risques physiques reposent sur des éléments plus tangibles.
Ainsi, on se souviendra qu’il y a quelques années, le président d’Unilever avait révélé que la partie non assurable des disruptions de sa chaine d’approvisionnement et de ses opérations liées à des événements climatiques avaient couté 400 millions de dollars au niveau du groupe.
Certaines entreprises peuvent avoir une grande partie de leur chaine de fournisseurs et/ ou de leurs sites de production dans des zones géographiques dans lesquelles ont été identifiés des risques climatiques considérables. En cas d’intempéries sévères, ces sociétés peuvent se retrouver dans une situation de grande difficulté opérationnelle et perdre d’énormes parts de marché en raison de leur incapacité à livrer leurs clients.
La société Four Twenty Seven donne des scores de risque climatique aux pays en agrégeant des briques de leur modèle. Ensuite, elle fait un repérage des lieux où vendent les entreprises au sein d’un portefeuille en fonction du chiffre d’affaires. Le risque climatique de la demande est combiné au score attribué par pays et au pourcentage de ventes réalisés dans chacun des pays.
L’alignement des portefeuilles d’investissement avec la trajectoire 2 °C est également prévu dans le reporting TCFD… Pouvez-vous nous rappeler de quoi il s’agit…
Faisant suite à la COP21, l'accord de Paris, approuvé par 195 délégations, convenait de tout mettre en œuvre afin de limiter le réchauffement climatique en dessous des 2°C au-delà des températures préindustrielles.
Une initiative a été lancée par un groupe d’experts, le SBTI, la science based target initiative afin d’émettre des hypothèses sur la charge de l’effort pour réduire la quantité de gaz à effet de serre émise et sa répartition.
Un raisonnement a été mené par activité et par taille d’entreprise. Il a été admis que 80% des émissions sont réalisées par 20% des entreprises. Un nombre réduit d’entreprises doit faire un maximum d’efforts.
Le SBTI s’est doté d’une méthodologie permettant d’apprécier si les engagements pris par une entreprise correspondent à ce qu’elle doit effectivement annoncer comme objectif individuel par rapport à l’effort collectif.
De quelle manière se situe Comgest vis-à-vis de cette trajectoire ?
Du fait d’avoir des empreintes carbones très inférieures à ce que l’on a dans le PIB, les sociétés que nous avons en portefeuilles sont à même d’apporter leur contribution à l’effort collectif, ce qui nous permet d’être aisément sur une trajectoire 2°C.
Qu’est ce qui vous reste à améliorer dans le reporting TCFD ?
La mesure du risque de transition avec la définition de scénarios plus opérationnels.
La prise en compte des risques juridiques, notamment le risque de poursuites judiciaires pour les majors pétrolières avec le risque de devoir payer des amendes pharaoniques comme ce fut le cas avec des sociétés de tabac à la fin des années 1990.
On dénombre à ce jour environ 1300 procès lancés contre de grandes firmes par le biais d’ONG, de fonds de pension, d’associations de particuliers... Des débats approfondis ont lieu sur la responsabilité de ces sociétés et sur les dommages qu’elles doivent indemniser. Il n’est pas exclu qu’il y ait lieu dans un proche avenir un jugement qui serve de jurisprudence et qui ouvre la porte à une multitude d’autres procès.
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Imen Hazgui