
Paul-Simon Benac
Adjoint au chef de bureau « épargne et marchés financiers »
Le label Relance : orienter l'épargne pour soutenir les entreprises françaises
![]()
Publié le 01 Juin 2021


La création de ce label part d’un double constat : d’une part, la situation financière des entreprises a été fortement affectée par la crise, avec le risque que le déséquilibre qui a pu se créer entre dette et fonds propres ne vienne freiner l’essor de l’investissement en phase de reprise ; dans le même temps, l’épargne des ménages français s’est fortement accumulée, s’ajoutant à un stock déjà important, mais reste faiblement investie dans les fonds propres des entreprises.


.png?vh=384af8)

.png?vh=570eae)
L’enjeu de la mobilisation de l’épargne va toutefois au-delà de celle qui s’est accumulée en 2020. A ce jour, l’épargne dans son ensemble reste principalement investie dans des supports liquides, peu risqués mais aussi peu rémunérateurs et contribuant faiblement à la réponse aux besoins de financement des entreprises.
D’importantes réformes ont été conduites ces dernières années, afin de réorienter l’épargne des Français vers des supports contribuant davantage au financement des entreprises, notamment dans le cadre de la Loi Pacte. Il s’agit, avec le label Relance, de prolonger ces efforts.

Il est vrai que les choix de placement des épargnants attestent d’une forte préférence pour la sécurité. L’objectif du label Relance n’est cependant pas de réorienter l’ensemble de l’épargne vers des placements en fonds propres, mais seulement une partie de l’important stock d’épargne accumulé au fil des années. Il est à l’inverse légitime et pertinent que l’épargne de précaution soit investie dans des placements liquides et peu volatils.

La capacité de garantie de ce dispositif a été significativement renforcée dans le cadre du plan de relance, qui l’a portée à 1 milliard d’euros. Ce dispositif remanié entre en vigueur au 1er juillet 2021. La garantie pourra notamment être attribuée à des fonds de capital-investissement labellisés relance.
Les fonds labellisés relance bénéficieront d’un accès prioritaire à ce dispositif, ce qui est de nature à renforcer l’attractivité de ces fonds et du label Relance. Il reviendra aux sociétés de gestion des fonds labellisés de solliciter cette garantie auprès de Bpifrance.


Cette garantie est octroyée investissement par investissement. C’est donc lorsque la société de gestion investit dans une entreprise qu’elle pourra la solliciter.

.png?vh=df2e6f)
A noter de surcroît que la loi de finances pour 2021 a porté à 25 % le taux de réduction d’impôt sur le revenu appliqué à tout investissement d’un particulier dans des entreprises non-cotées, le cas échéant par le biais de fonds de capital-investissement.

Les fonds labellisés s’engagent à mobiliser rapidement des ressources nouvelles, en fonds propres ou en quasi-fonds propres, en faveur des entreprises françaises, et notamment à des PME-ETI.
.png?vh=ab8d02)
.png?vh=7ad6ac)
Tous ces engagements sont suivis par la Direction Générale du Trésor par le biais des reportings semestriels transmis et publiés par les fonds labellisés au titre du label Relance.
Critère de ESG ( Environnement, Société, Gouvernance ) pris en compte par le label Relance


Notre souhait est de privilégier une stabilité des critères de labellisation, ce qui est important pour la lisibilité et l’intelligibilité du dispositif. Nous pouvons être amenés à réaliser des ajustements mineurs, lorsque nous constatons que les critères sont imprécis ou empêchent la labellisation de certains fonds qui apportent une forte contribution à la relance, mais ces ajustements n’ont pas vocation à être fréquents.

.png?vh=48ad4b)


.png?vh=d68943)

Des données plus précises seront disponibles lorsque les fonds labellisés, notamment de capital-investissement, seront plus avancés dans leur phase d’investissement. Nous disposerons notamment de données sur les montants engagés dans les opérations d’augmentation de capital et les encours investis dans les PME et ETI françaises.


.png?vh=dafe1a)

.png?vh=d2fd4e)

C’est ce qui est prévu à ce stade. Il y aurait d’ailleurs une justification limitée à octroyer un label « relance » au-delà de cette date, puisque nous espérons bien que le besoin de relancer l’économie ne sera plus aussi prégnant en 2023 ou 2024 ! En tout état de cause, s’interroger sur une pérennisation du dispositif, à peine 6 mois après son lancement, apparait prématuré.

Ce sont des montants significatifs. En termes d’encours cible, en additionnant les cibles de collecte des fonds labellisés avec les encours déjà collectés, nous atteignons le chiffre de 25 Milliards d’euros.
Cette première phase est donc en effet très satisfaisante. Le nombre de demandes, très élevé, témoigne de la bonne appropriation du dispositif par les sociétés de gestion.

Il reste à présent à transformer l’essai, l’enjeu étant que les distributeurs proposent ces fonds et que les épargnants soient prêts à investir dans ces placements. La gouvernance du label favorise la mobilisation de l’ensemble des acteurs, et notamment des distributeurs, qui se sont engagés, par la voie de leurs associations professionnelles, à référencer des produits labellisés dans les contrats d’assurance-vie et à proposer ces placements à leur clientèle, dans le respect du devoir de conseil. Nous allons par ailleurs intensifier la communication autour du label Relance pour que les épargnants soient davantage sensibilisés à ce dispositif.

Tout label a une dimension marketing, puisqu’il s’agit de rendre visible un placement et d’en valoriser les vertus pour mobiliser l’épargne. Pour autant, par le biais des reportings, nous serons en mesure de présenter des chiffres très concrets qui témoigneront de la réalité de la contribution de ces fonds au dynamisme de l’économie et des territoires. Les données disponibles restent encore limitées dès lors que les fonds labellisés commencent tout juste, pour la plupart, à investir. Nous disposerons cependant très prochainement de données plus précises, par exemple sur l’implantation territoriales des investissements réalisés. Ceci permettra de montrer aux Français, qu’en investissant dans ce type de placement, ils contribuent aussi au financement des entreprises locales situées près de chez eux.

.png?vh=aacbd5)

Les dossiers reçus ont jusqu’à présent été, dans l’ensemble, de bonne qualité. Il faut dire que les critères de labellisation sont publics, resserrés sur quelques dimensions précises et donc facilement auditables, ce qui permet aux sociétés de gestion de déterminer rapidement et facilement si elles peuvent ou non prétendre au label. Ceci nous a permis de traiter les dossiers reçus avec célérité (10 à 15 jours en moyenne) et de limiter le nombre de refus.

Il est difficile de déterminer le nombre de fonds potentiellement éligibles. Si l’on se concentre sur la contrainte d’investir significativement dans les fonds propres d’entreprises et de PME-ETI françaises, il est possible de comparer la population des fonds labellisés à l’ensemble des fonds investis en actions françaises ou européennes et aux fonds de capital-investissement. Ce segment regroupe plus de 1000 fonds investis en valeurs cotées, auxquels s’ajoutent les fonds de capital-investissement (plus de 2000 en France à ce jour). Tous ces fonds ne s’astreignent cependant pas au respect des critères ESG imposés par la Charte du label ni ne s’engagent à mobiliser rapidement des ressources nouvelles en faveur des entreprises françaises et des PME-ETI, en participant par exemple à des opérations d’augmentation de capital.
Ce chiffre de 170 fonds est bien sûr amené à croître dans les mois à venir, la dynamique de labellisation restant soutenue (autour de 10 fonds labellisés par mois).

Nous avons maintenant atteint un nombre conséquent de fonds : chaque conseiller devrait dès lors disposer de fonds labellisé Relance dans sa gamme de placements accessibles aux épargnants. Le succès de cette initiative repose donc désormais sur la forte mobilisation des réseaux de distribution, ainsi bien sûr que sur le désir des épargnants de se mobiliser pour aider les entreprises qui créent des emplois près de chez eux, et soutenir ainsi la vigueur de la reprise.
*Paul-Simon Benac, est diplômé de Science Po et de l’Ena, en charge de la gestion d’actifs au sein de la Direction générale du Trésor. Il a notamment contribué à la mise en place du Label Relance
Imen Hazgui, Grégoire Gaichies