
Guillaume Lasserre
Directeur adjoint de la gestion chez La Banque Postale Asset Management
Prix de l'entreprise citoyenne cotée en bourse : la note retenue dans la méthodologie rend compte d'une sélection d'entreprises très vertueuses en matière de développement durable
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Publié le 15 Juillet 2022
La méthodologie ayant permis d’établir la liste des sociétés présélectionnées débute avec l’application d’une politique d’exclusion, qui a permis de retirer 7 sociétés composant l’indice de référence, le Cac mid 60. Pouvez-vous nous rappeler en quoi elle consiste votre politique d’exclusion ?
La politique d’exclusion utilisée est la même que nous appliquons dans nos stratégies d’investissement de manière systématique. Nous distinguons quatre grands piliers d’exclusions :
- exclusions règlementaires ( par exemple la Convention d’Ottawa qui interdit la fabrication des bombes à sous-munitions ou des mines antipersonnel),
- exclusions normatives (violation du Pacte mondial, violation des pratiques de l’OCDE)
- exclusions sectorielles (charbon, jeu d’argent, tabac, déforestation, pétrole et gaz)
-exclusions spécifiques (grave manquement avéré identifié, par exemple fraude).
Ces exclusions nous ont permis de déduire un univers d’entreprises éligibles à une notation.
Comment définissez-vous l’implication d’une société dans un secteur controversé ?
Cela dépend de la donnée que nous avons à notre disposition. Cette implication est appréciée le plus souvent au regard du chiffre d’affaires généré, mais elle peut aussi être fonction des résultats.
Nous avons tendance à recueillir l’information utile auprès de divers fournisseurs de données, en fonction de son domaine de spécialisation. Ainsi, pour le secteur relatif aux jeux d’argent, nous nous fions aux informations délivrées par ISS.
Votre analyse sectorielle est-elle fondée sur une logique de tolérance 0 ou une logique de seuil à ne pas franchir ?
Cela dépend du secteur. Généralement, nous fonctionnons avec des seuils à ne pas dépasser.
Sur le charbon, en revanche, parce que nous nous inscrivons dans une dynamique de transition climatique, nous n’avons pas de seuil à proprement parler.
Nous considérons les entreprises qui ont une trajectoire de décarbonation, autrement dit qui déploient une stratégie de réduction de leur activité charbon.
Ces piliers d’exclusion sont-ils d’importance égale ?
Absolument. Il suffit qu’une entreprise entre dans une de ces catégories d’exclusion pour sortir de notre univers de titres éligibles à l’investissement.
A l’issue de l’application de votre politique d’exclusion, un filtre supplémentaire a été apposée au scope des 57 entreprises maintenues par le biais de votre méthode d’évaluation propriétaire dénommée GREaT. Pouvez-vous nous en présenter les contours ?
Notre méthodologie repose sur quatre piliers qui renvoient aux notions de Gouvernance responsable, de gestion de Ressources, de transition énergétique, et du développement des Territoires. Ces quatre piliers font écho à l’ADN de notre maison mère, « banque et citoyenne ».
C’est à partir des solutions apportées par les entreprises en matière de développement durable, que nos quatre piliers nous amènent à appréhender les risques et les opportunités des titres analysés.
A quels enjeux ces quatre piliers font-ils écho ?
Sous l’angle de la gouvernance, LBPAM évalue la qualité des instances de décision et de supervision d’une entreprise, la rémunération des dirigeants, la répartition de la richesse créée par les entreprises, les pratiques liées à la concurrence et les pratiques fiscales.
S’agissant des ressources, nous considérons à la fois les ressources naturelles (telle que la biodiversité) et les ressources humaines (respect des droits d l’Homme, développement du droit du travail, relations durables avec les fournisseurs, protection de l’environnement).
Pour ce qui est de la transition énergétique, LBPAM analyse le business model des entreprises qui se projettent dans un monde moins carboné. Nous jaugeons la manière dont les entreprises insèrent dans leur stratégie le passage vers de nouveaux modes de consommation responsables et durables.
La prise en compte du développement des territoires, que nous jugeons crucial, se fait notamment par la promotion de l’emploi et de la formation, le transfert de compétences et de technologies, et l’accessibilité aux services de base.
De combien d’indicateurs quantitatifs se compose votre méthode d’évaluation ?
Nous avons au sein de notre méthode d’évaluation une soixantaine d’indicateurs que nous avons jugé comme étant essentiels pour nos investissements. Cette liste est régulièrement revue et ajustée par nos data scientists en fonction des besoins du marché, de l’obsolescence ou de la pertinence identifiée, sachant que l’industrie de l’information extra financière n’est pas encore totalement mature.
Ces entreprises sont ensuite notées les unes par rapport aux autres et classées par le biais de leur score final agrégé.
Cette démarche nous permet de sélectionner les sociétés qui sont vertueuses dans l’ensemble des composantes de notre modèle.
Le poids attribué à vos indicateurs est-il le même ?
Le poids accordé aux indicateurs est globalement le même à quelques exceptions près. Cependant, les piliers peuvent avoir des pondérations différentes. Ainsi, dans le secteur automobile, c’est le pilier de la transition énergétique qui aura le plus de poids. Dans le secteur financier, c’est le pilier de la gouvernance qui prédomine.
Nous suivons au total environ 25 secteurs.
Votre méthode d’évaluation a la particularité d’être alimenté par plusieurs fournisseurs de données. Pourquoi ?
Les fournisseurs d’informations extra financières ont une expertise distincte en fonction de l’axe que l’on considère. Une société comme MSCI a acquis un véritable savoir-faire dans la dimension de la gouvernance et s’est récemment renforcée dans la thématique de la transition énergétique. D’un autre côté, Vigeo Eiris adresse davantage les sujets sociaux et sociétaux que nous retrouvons dans le pilier développement du territoire.
De quelle manière se décompose votre notation ?
La notation va de 1 à 10, 1 étant la meilleure note.
La note moyenne est de 5,5. La sélection d’entreprises ayant une note en dessous de 4 pour le Prix de l’entreprise citoyenne rend compte d’une sélection d’entreprises très vertueuses en matière de développement durable, qui sont performantes dans au moins 3 des piliers du score.
Il est à mentionner qu’au-delà de notre approche quantitative, nous avons une approche qualitative qui s’appuie sur une certaine proximité avec les entreprises de notre univers d’investissement, qui nous permet d’affiner notre évaluation.
En plus du score GREaT, la méthodologie du Prix fait appel à une seconde méthode d’évaluation, celle d’Ethifinance. Pourquoi ?
Le recours au score d’Ethifinance, une agence de notation française indépendante se justifie par le fait que le Prix de l’entreprise citoyenne cotée en bourse se focalise sur les moyennes capitalisations, qui souvent sont moins bien couvertes par les grands fournisseurs de données extra financières, comme Vigeo Eiris ou MSCI.
Ainsi, de manière à pallier à ce défaut de couverture susceptible d’induire des biais négatifs dans les notations finales de certaines sociétés du scope, alors qu’en réalité elles sont très vertueuses, il nous a paru opportun d’ajouter dans notre radar la méthode d’évaluation d’Ethifinance.
La politique d’exclusion utilisée est la même que nous appliquons dans nos stratégies d’investissement de manière systématique. Nous distinguons quatre grands piliers d’exclusions :
- exclusions règlementaires ( par exemple la Convention d’Ottawa qui interdit la fabrication des bombes à sous-munitions ou des mines antipersonnel),
- exclusions normatives (violation du Pacte mondial, violation des pratiques de l’OCDE)
- exclusions sectorielles (charbon, jeu d’argent, tabac, déforestation, pétrole et gaz)
-exclusions spécifiques (grave manquement avéré identifié, par exemple fraude).
Ces exclusions nous ont permis de déduire un univers d’entreprises éligibles à une notation.
Comment définissez-vous l’implication d’une société dans un secteur controversé ?
Cela dépend de la donnée que nous avons à notre disposition. Cette implication est appréciée le plus souvent au regard du chiffre d’affaires généré, mais elle peut aussi être fonction des résultats.
Nous avons tendance à recueillir l’information utile auprès de divers fournisseurs de données, en fonction de son domaine de spécialisation. Ainsi, pour le secteur relatif aux jeux d’argent, nous nous fions aux informations délivrées par ISS.
Votre analyse sectorielle est-elle fondée sur une logique de tolérance 0 ou une logique de seuil à ne pas franchir ?
Cela dépend du secteur. Généralement, nous fonctionnons avec des seuils à ne pas dépasser.
Sur le charbon, en revanche, parce que nous nous inscrivons dans une dynamique de transition climatique, nous n’avons pas de seuil à proprement parler.
Nous considérons les entreprises qui ont une trajectoire de décarbonation, autrement dit qui déploient une stratégie de réduction de leur activité charbon.
Ces piliers d’exclusion sont-ils d’importance égale ?
Absolument. Il suffit qu’une entreprise entre dans une de ces catégories d’exclusion pour sortir de notre univers de titres éligibles à l’investissement.
A l’issue de l’application de votre politique d’exclusion, un filtre supplémentaire a été apposée au scope des 57 entreprises maintenues par le biais de votre méthode d’évaluation propriétaire dénommée GREaT. Pouvez-vous nous en présenter les contours ?
Notre méthodologie repose sur quatre piliers qui renvoient aux notions de Gouvernance responsable, de gestion de Ressources, de transition énergétique, et du développement des Territoires. Ces quatre piliers font écho à l’ADN de notre maison mère, « banque et citoyenne ».
C’est à partir des solutions apportées par les entreprises en matière de développement durable, que nos quatre piliers nous amènent à appréhender les risques et les opportunités des titres analysés.
A quels enjeux ces quatre piliers font-ils écho ?
Sous l’angle de la gouvernance, LBPAM évalue la qualité des instances de décision et de supervision d’une entreprise, la rémunération des dirigeants, la répartition de la richesse créée par les entreprises, les pratiques liées à la concurrence et les pratiques fiscales.
S’agissant des ressources, nous considérons à la fois les ressources naturelles (telle que la biodiversité) et les ressources humaines (respect des droits d l’Homme, développement du droit du travail, relations durables avec les fournisseurs, protection de l’environnement).
Pour ce qui est de la transition énergétique, LBPAM analyse le business model des entreprises qui se projettent dans un monde moins carboné. Nous jaugeons la manière dont les entreprises insèrent dans leur stratégie le passage vers de nouveaux modes de consommation responsables et durables.
La prise en compte du développement des territoires, que nous jugeons crucial, se fait notamment par la promotion de l’emploi et de la formation, le transfert de compétences et de technologies, et l’accessibilité aux services de base.
De combien d’indicateurs quantitatifs se compose votre méthode d’évaluation ?
Nous avons au sein de notre méthode d’évaluation une soixantaine d’indicateurs que nous avons jugé comme étant essentiels pour nos investissements. Cette liste est régulièrement revue et ajustée par nos data scientists en fonction des besoins du marché, de l’obsolescence ou de la pertinence identifiée, sachant que l’industrie de l’information extra financière n’est pas encore totalement mature.
Ces entreprises sont ensuite notées les unes par rapport aux autres et classées par le biais de leur score final agrégé.
Cette démarche nous permet de sélectionner les sociétés qui sont vertueuses dans l’ensemble des composantes de notre modèle.
Le poids attribué à vos indicateurs est-il le même ?
Le poids accordé aux indicateurs est globalement le même à quelques exceptions près. Cependant, les piliers peuvent avoir des pondérations différentes. Ainsi, dans le secteur automobile, c’est le pilier de la transition énergétique qui aura le plus de poids. Dans le secteur financier, c’est le pilier de la gouvernance qui prédomine.
Nous suivons au total environ 25 secteurs.
Votre méthode d’évaluation a la particularité d’être alimenté par plusieurs fournisseurs de données. Pourquoi ?
Les fournisseurs d’informations extra financières ont une expertise distincte en fonction de l’axe que l’on considère. Une société comme MSCI a acquis un véritable savoir-faire dans la dimension de la gouvernance et s’est récemment renforcée dans la thématique de la transition énergétique. D’un autre côté, Vigeo Eiris adresse davantage les sujets sociaux et sociétaux que nous retrouvons dans le pilier développement du territoire.
De quelle manière se décompose votre notation ?
La notation va de 1 à 10, 1 étant la meilleure note.
La note moyenne est de 5,5. La sélection d’entreprises ayant une note en dessous de 4 pour le Prix de l’entreprise citoyenne rend compte d’une sélection d’entreprises très vertueuses en matière de développement durable, qui sont performantes dans au moins 3 des piliers du score.
Il est à mentionner qu’au-delà de notre approche quantitative, nous avons une approche qualitative qui s’appuie sur une certaine proximité avec les entreprises de notre univers d’investissement, qui nous permet d’affiner notre évaluation.
En plus du score GREaT, la méthodologie du Prix fait appel à une seconde méthode d’évaluation, celle d’Ethifinance. Pourquoi ?
Le recours au score d’Ethifinance, une agence de notation française indépendante se justifie par le fait que le Prix de l’entreprise citoyenne cotée en bourse se focalise sur les moyennes capitalisations, qui souvent sont moins bien couvertes par les grands fournisseurs de données extra financières, comme Vigeo Eiris ou MSCI.
Ainsi, de manière à pallier à ce défaut de couverture susceptible d’induire des biais négatifs dans les notations finales de certaines sociétés du scope, alors qu’en réalité elles sont très vertueuses, il nous a paru opportun d’ajouter dans notre radar la méthode d’évaluation d’Ethifinance.
Imen Hazgui