Interview de LUCAS TOURNEL : PDG

LUCAS TOURNEL

PDG

Devenir à terme le leader français de l'enseignement de la conduite

Publié le 27 Janvier 2023

Votre société a été créée en 2014. Pourriez-vous nous la présenter en quelques mots ?

Lepermislibre est une auto-école en ligne, dédiée à la préparation aux examens délivrant le permis de conduire. En créant l’entreprise, nous avons, avec mon associé Romain Durand, Directeur général délégué et co-fondateur, ouvert à Lyon la première auto-école en ligne agréée par l’État.

En 2017, nous avons ensuite reçu notre agrément d’organisme de formation, ce qui nous a rendu éligible au CPF. À ce jour, Lepermislibre compte 82 collaborateurs et s’appuie sur un réseau d’enseignants partenaires présents dans plus de 500 villes en France. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 14,8 millions d’euros en 2022, multiplié par 9 depuis 2019. Depuis sa création, Lepermislibre compte 360 000 candidats inscrits.

Le cœur d’activité de votre entreprise repose sur l’examen du permis de conduire. Est-ce un marché porteur ?

Pour vous répondre, je vais commencer par tordre le coup à une légende : aujourd’hui, selon une étude Harris Interactive pour l’institut Montaigne, 86 % des jeunes de 18 à 26 ans jugent que détenir le permis de conduire est indispensable. C’est dire si la question reste cruciale, comme le démontrent les 1,2 million de candidats qui s’y présentent chaque année !

Le permis de conduire représente toujours un passeport pour l’emploi, favorise l’insertion sociale et économique et offre une garantie d’autonomie. En termes financiers, ce marché stable, qui se renouvelle tous les ans, pèse 2,2 milliards d’euros par an.

Quels sont les avantages stratégiques d’une auto-école en ligne ?

Le plus évident pour nous est que, en tant que pure-player de l’auto-école en ligne, nous n’avons pas à entretenir de réseau d’agences physiques. Notre offre, englobant le permis et le code, est complète et revient en moyenne au candidat 30 % moins cher que celle d’une auto-école traditionnelle.

Par ailleurs, elle repose sur des outils innovants comme la prédiction de réussite aux examens et la réalité virtuelle. Enfin, notre philosophie, pour la préparation de l’examen pratique, est de mettre en relation des enseignants expérimentés et des candidats sur un mode flexible.

En quoi votre concept est-il révolutionnaire pour ceux qui se présentent aujourd’hui à l’examen du permis de conduire ?

Du point de vue des candidats, nous réinventons la formation pour l’adapter aux nouveaux modes de consommations de la nouvelle génération des digital natives. Celle destinée au code est intégralement en ligne, flexible, appuyée sur la data pour aider l’utilisateur à se repérer sur les points qu’il maîtrise et ceux sur lesquels il doit encore progresser. Nous avons aussi la conviction que, sur cette phase, la technologie ne peut se passer d’un accompagnement humain.

C’est pourquoi nous avons développé un service client efficace capable de conseiller le candidat, notamment sur le meilleur moment où il est prêt à passer l’examen. La formation pratique, quant à elle, est dispensée par des enseignants diplômés d’Etat, propriétaires de leur véhicule, qui assurent pour notre compte cette prestation. Notre plateforme relie alors candidat et enseignant, et propose un planning de réservation en ligne et des points de rendez-vous proposés par l’enseignant.

La nature du travail de l’enseignant a-t-elle changé elle aussi ?

Notre concept représente pour eux une réelle amélioration par rapport à celui d’une auto-école traditionnelle. Il présente d’une part les atouts de flexibilité d’un statut d’indépendant, loin des lourdeurs et de l’administratif qui peuvent accompagner un poste sédentaire dans une agence.

D’autre part, notre modèle nous permet d’offrir aux enseignants qui nous rejoignent, qui ont pour la plupart un passé de formateurs dans une auto-école traditionnelle, une augmentation nette de l’ordre de 40 % de leur rémunération. Tout est centralisé via la même appli, l’enseignant pouvant se concentrer sur son cœur de compétence, l’apprentissage. Un modèle qui explique que nous recevons désormais, de par notre visibilité accrue, un grand nombre de demande pour rejoindre notre réseau actuel de 900 enseignants actifs.

Justement, le maillage représente sans doute l’un des axes de développement de votre modèle. Est-il opportun d’étendre votre réseau d’enseignants partenaires le plus vite possible ?

Le maillage est en effet un axe clé de notre développement. À ce jour, Lepermislibre couvre toutes les villes françaises de plus de 50 000 habitants . Toutefois, pour ce qui concerne les agglomérations de moins de 50 000 habitants, nous ne sommes présents que dans 1 % des localités. C’est clairement un espace à prendre… Ceci dit, pour ne pas fragiliser notre réseau actif, nous hiérarchisons et établissons des priorités entre les zones à développer. Pour y parvenir, nous nous appuyons sur nos datas qui nous donnent le niveau de demande dans une zone donnée et nous permet d’y accroître rapidement notre offre pour répondre au besoin.

Quel est le poids des auto-écoles traditionnelles dans ce secteur ?


Il est encore majoritaire, car bien qu’il s’agisse à 90 % de très petites structures d’un ou 2 employés, on en compte 12 000 en 2022. À ce jour, Lepermislibre représente 1 % du marché ce qui montre le potentiel de marché encore à conquérir. Nous sommes seulement quatre acteurs en ligne à nous partager ce nouveau marché car il se caractérise par de fortes barrières à l’entrée. Très concrètement, d’ici à 2025, notre objectif est ambitieux mais réaliste puisque nous comptons doubler notre couverture du marché pour passer à plus de 2 %.

Sur quels éléments basez-vous votre stratégie de croissance ?

Clairement sur les fondamentaux que nous avons construit ces dernières années. Depuis 2019, nous avons multiplié par cinq le nombre de nos enseignants partenaires, nous disposons de près de 1500 points de rendez-vous, sommes présents dans 500 villes de France et le nombre de candidats qui s’inscrivent à la plateforme ne faiblit pas. Par ailleurs depuis 2021, les règles pour obtenir une place d’examen au permis de conduire ont été modifiées et ont redistribué les cartes à notre avantage. Désormais, le nombre de places d’examen à attribuer se base sur le nombre d’enseignants équivalent temps plein. Ce qui nous permet de proposer des places aux candidats avec des délais d’attentes qui sont significativement raccourcis !

Et à moyen terme ?

Nous avons identifié trois clés essentielles à notre développement, avec l’objectif d’atteindre le breakeven en 2024 et de viser un chiffre d’affaires compris entre 45 et 50 millions d’euros en 2025 avec une marge brute supérieure à 30 %. Pour cela, nous allons enrichir et diversifier notre offre avec des produits innovants comme le développement de le conduite accompagnée et des parcours prédéfinis ou l’amélioration de l’automatisation de la gestion des places d’examens pratiques. Mais aussi via la promotion de la conduite éco-responsable et le lancement d’une offre d’assurance pour jeunes conducteurs. En complément, nous envisageons d’accroître notre notoriété, et de densifier le maillage géographique de notre réseau.

Quelle va être l’utilisation des fonds levés dans le cadre de l’introduction en bourse que vous avez lancée le 24 janvier ?

Nous souhaitons financer notre croissance, et visons une levée entre 8 et 10,6 millions d’euros, dont 66 % s ont déjà couverts par des engagements de souscription de Eiffel Investment Group et Nexstage AM. Près de deux-tiers de la somme levée seront affectés à nous donner les moyens de poursuivre la stratégie de diversification de notre offre. Le solde nous servira à renforcer notre réseau géographique, poursuivre le développement de nos outils digitaux et celui de notre réseau d’enseignants partenaires. A terme, notre ambition est claire : devenir le leader français de l’enseignement de la conduite !

Aymeric Jeanson