Pour Vonovia, la crise immobilière n'est pas terminée en Allemagne
par John O'Donnell et Tom Sims
FRANCFORT (Reuters) - L'immobilier en Allemagne a beau souffrir depuis trois ans, la crise risque encore d'empirer avec de nouvelles faillites à venir, prédit le patron de Vonovia, poids lourd du secteur dans le pays.
"Nous allons assister à un nombre extrême de faillites dans les mois à venir, peut-être les années à venir. Nous les observons déjà aujourd'hui", a dit Rolf Buch mardi à des journalistes. "Cela va faire mal."
Pendant des années, la faiblesse des taux d'intérêt et le dynamisme de l'économie allemande ont soutenu le secteur immobilier, qui pèse environ 730 milliards d'euros par an et représente environ un cinquième de l'activité du pays.
Cette période faste a pris fin lorsque la Banque centrale européenne (BCE) a dû rapidement relever ses taux d'intérêt face à la hausse de l'inflation. En conséquence, les coûts d'emprunt se sont envolés, les financements se sont taris, des projets ont été gelés, des promoteurs se sont effondrés et certaines banques ont même vacillé.
Vonovia, bâti par Rolf Buch à coups d'acquisitions onéreuses, s'est retrouvé contraint de vendre quantité de logements pour réduire son endettement massif lorsque la crise a frappé.
Dans la foulée, le groupe, qui possède environ 550.000 logements, a dû déprécier de près de 11 milliards d'euros la valeur de ses biens en 2023, enregistrant alors la perte la plus importante de son histoire, 6,7 milliards d'euros.
Rolf Buch assure que Vonovia a désormais tourné la page de ces dépréciations massives, même s'il concède que de légers ajustements restent possibles.
Au grand soulagement du secteur, la BCE a commencé à réduire ses taux début juin. Nombre d'acteurs de l'immobilier en Allemagne restent toutefois prudents.
"Que la BCE modifie ou non ses taux d'intérêt à la marge, cela ne va pas inverser la tendance pour l'immobilier", dit Matthias Danne, membre du conseil de surveillance de Deka, l'un des principaux gérants d'actifs d'Allemagne avec 55 milliards d'euros investis dans le secteur.
Après deux ans de resserrement monétaire, les taux d'intérêt restent élevés et le rebond espéré des ventes est "plus lent à venir que prévu", dit Matthias Danne, interrogé par Reuters.
(Avec Matthias Inverardi, version française Bertrand Boucey, édité par Kate Entringer)
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