Pré-ouverture
Wall Street attendue en repli, les Treasuries sous pression, la guerre commerciale s'intensifie
publié le 09/04/2025
par CORENTIN CHAPPRON
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en déclin à l'ouverture, dans le sillage des Bourses mondiales qui accusent de nouvelles pertes après l'entrée en vigueur ce mercredi des droits de douane américains, qui laissent présager d'une guerre commerciale d'ampleur.
Les futures sur indices new-yorkais suggèrent une ouverture de Wall Street dans le rouge, le Dow Jones s'affichant en baisse de 1,93%, tandis que le Standard & Poor's 500 perd 1,8% et le Nasdaq 1,5%.
À Paris, le CAC 40 chute de 4,2% à 6.800,24 points vers 11h45 GMT. Le Dax à Francfort se replie de 3,59%, tandis que le FTSE à Londres perd 3,19%.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 décline de 3,8%, l'EuroStoxx 50 de 4,2% et le Stoxx 600 de 4,5%.
Les droits de douane dits "réciproques" annoncés la semaine dernière par Donald Trump sont entrés en vigueur mercredi, la Chine étant notamment visée par des surtaxes de 104% après avoir refusé d'abandonner ses mesures de rétorsions prises à l'encontre des Etats-Unis.
Mercredi, le gouvernement chinois a encore riposté en annonçant qu'il porterait à 84% les droits de douane sur les produits américains prévus pour entrer en vigueur jeudi, contre un taux de 34% annoncé initialement.
Le répit sur les marchés, qui avait vu les Bourses mondiales rebondir mardi, aura donc été de courte durée.
Si les marchés actions réagissent pour le moment au risque d'un ralentissement de l'activité, les opérateurs devront également bientôt intégrer l'impact sur les revenus d'entreprises d'une hausse des droits de douane.
Les ratios de prix sur bénéfices, qui ont pourtant nettement chuté de part et d'autre de l'Atlantique, pourraient donc demeurer élevés si la partie "bénéfice" du ratio venait à se comprimer davantage.
"La mise en ?uvre des droits de douane aura des conséquences négatives sur les bénéfices des entreprises au cours des prochains mois. Si l'on ajoute l'incertitude quant aux mesures de rétorsion, la baisse du moral des consommateurs et des entreprises, ainsi que l'effet de richesse négatif lié à la chute des Bourses, les sujets d'inquiétudes pour les marchés et l'économie sont nombreux", résume Torsten Slok, économiste en chef d'Apollo.
Parmi les violents mouvements de marché de ces derniers jours, le repli du dollar et le rebond important des rendements des obligations américaines interpellent, devise et souverains américains profitant habituellement d'une baisse de l'appétit pour le risque.
TAUX
Les rendements progressent aux Etats-Unis en dépit du rôle d'actif refuge des titres souverains américains, un mouvement inattendu dans un contexte de marché troublé. La politique commerciale, qui soutient l'inflation, complique les perspectives monétaires, tandis que le débouclage de stratégies d'investissement ajoutent aux pressions sur les titres.
"Quelque chose de plus grand est aussi en jeu : réduire les déséquilibres commerciaux bilatéraux équivaut de fait à baisser la demande d'actifs américains", remarquent les analystes de Deutsche Bank.
Le rendement du Treasury à dix ans prend 16 pb à 4,425%, tandis que le rendement du titre à deux ans progresse de 7 pb à 3,801%.
En Europe, le rendement du dix ans allemand continue pour sa part de faire office d'actif refuge et est stable à 2,624%.
Celui du taux à deux ans, plus sensible aux fluctuations des anticipations sur la politique monétaire, chute en revanche de 10 pb à 1,7603%. Les investisseurs parient de plus en plus sur une nouvelle baisse des taux prochaine de la Banque centrale européenne (BCE) qui tient sa réunion de politique monétaire jeudi prochain. LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
Le secteur du charbon profite de la signature mardi d'un ordre exécutif de Donald Trump visant à soutenir la production de houille américaine.
VALEURS EN EUROPE
Les valeurs du secteur européen de la santé baissent, Donald Trump ayant annoncé prévoir de nouveaux droits de douane sur les produits pharmaceutiques. Le secteur recule de 5,6%, Sanofi de 6,8%.
Le secteur de l'énergie chute de 5,3%, le prix du baril reculant sous les 60 dollars pour la première fois depuis début 2021.
Les tensions sur les rendements souverains font pression sur le secteur de l'immobilier, qui abandonne 5%. Kering plonge de 4% alors que Deutsche Bank a abaissé sa recommandation d'"acheter" à "conserver".
CHANGES Le dollar poursuit son repli, les inquiétudes sur la fiabilité de la devise américaine érodant l'appétit pour le billet vert.
Le dollar perd 0,73% face à un panier de devises de référence, l'euro se hisse de 0,89% à 1,1053 dollar, et la livre sterling se raffermit de 0,39% à 1,2815 dollar.
PÉTROLE
Les risques que fait peser sur la demande mondiale la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis font plonger les prix du baril à leur plus bas en quatre ans. Les cours du brut ont encore accéléré leurs pertes après l'annonce des nouvelles représailles commerciales de la Chine.
Le Brent s'effondre de 5,8% à 59,16 dollars le baril, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) chute de 6,21% à 55,89 dollars.
(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)