Les marchés actions résistent à la guerre, à l'inflation et au relèvement des taux (OFI AM)
(Easybourse.com) Dans leur note rédigée le 30 mars, consécutivement à leur comité d'investissement du 28 mars, l'équipe d'OFI AM s'interroge sur les fondements de la bonne résistance des marchés actions malgré un contexte chahuté. L'inflation semble être devenue le principal problème, davantage que la croissance. Par ailleurs, le conflit en Ukraine n'est pas terminé et risque de peser sur l'économie internationale ? Pourtant, les marchés actions évoluent au-dessus du niveau qui était le leur avant l'invasion. Comment l'expliquer ?
Les marchés font le pari que la guerre ne va pas s’éterniser et qu’une solution négociée sera trouvée dans les prochaines semaines. Ils font aussi le pari que des sanctions liées à l’importation du gaz et du pétrole russe ne verront pas le jour.
C’est effectivement le sujet sensible pour les investisseurs qui ont vu les prix des matières premières littéralement s’envoler et risquer donc de peser sur les marges bénéficiaires des entreprises ou sur le pouvoir d’achat du consommateur qui produira les mêmes effets. À ce jour, nous n’avons assisté qu’à très peu de révisions en baisse des prévisions de résultats des entreprises. Les analystes financiers, qui avaient sans doute été trop prudents en début d’année, profitent de la marge qu’ils avaient pour ne procéder qu’à des ajustements. En effet, si l’on s’en tient à la corrélation qui existe entre la croissance mondiale et l’évolution des bénéfices d’une année sur l’autre, la croissance mondiale 2022, même revue en baisse à 3 % ne devrait pas provoquer de régression de profits, ni aux États-Unis, ni en Europe.
Dans ce contexte, des ratios cours/capitalisation de respectivement 13 et 18 en Europe et aux États-Unis ne paraissent pas rédhibitoires, surtout si les taux continuent à se tendre à court terme, rendant moins attrayants les placements obligataires. Si cet argument milite clairement en faveur des marchés actions, le contexte géopolitique encore incertain ne permet pas de recommander pour l’instant la classe d’actifs, c’est pour cela que nous décidons de garder notre neutralité décidée en février.
D’un point de vue « style », en d’autre temps, la remontée des taux aurait plaidé clairement pour la poursuite du mouvement initié en fin d’année 2021 en faveur des valeurs cycliques/value et des financières. Cependant, la révision de croissance pèsera sur les valeurs cycliques industrielles et sur les banques obligées de constater d’importantes dépréciation d’actifs pour toutes celles ayant une activité en Ukraine ou en Russie. Ces dernières seront également confrontées à une augmentation logique du coût du risque.
C’est pour cette raison que nous ne préférons pas, à ce stade, favoriser un style plutôt qu’un autre. La même logique prévaut en matière géographique où les indices américains sont plus largement garnis en valeurs technologiques plus sensibles négativement à la hausse des rendements obligataires mais relativement mieux protégées en cas de poursuite ou d’extension du conflit. Enfin, dans un contexte où la Chine a décidé de garder une certaine neutralité politique, préférant se concentrer sur la croissance intérieure qui devrait tangenter 5,5 %, les actions chinoises vont retrouver un certain attrait dès que les menaces liées à la résurgence de la crise sanitaire se seront estompées.
Les Banques Centrales ont pris le parti de combattre l’inflation et donc d’accélérer le durcissement de leurs conditions monétaires. Les marchés de taux longs se sont ajustés à la nouvelle anticipation du niveau maximal des taux directeurs. Les taux longs pourraient continuer de s’ajuster à la hausse avant que le ralentissement économique ne vienne les stabiliser puis refluer à moyen terme. Les rendements atteints, d’ores et déjà sur la partie crédit, nous paraissent intéressants. Si les actions conservent leur potentiel à moyen terme en absolu et surtout en relatif, la faible visibilité à court terme ne nous fait pas surpondérer la classe d’actifs. La volatilité sur les marchés va rester élevée permettant d’obtenir de meilleurs points d’entrée, à l’image des dernières semaines, pour un horizon moyen terme.
Ce texte est extrait d’une note plus globale rédigée par Jean-Marie Mercadal, Directeur des stratégies d’investissement d'OFI Holding et Eric Bertrand, Directeur Général Délégué et Directeur des Gestions d'OFI AM
HAZGUI Imen, AKBULUT Anil
Publié le 07 Avril 2022