Interview de Philippe Mimran : Directeur des gestions de La Française des Placements

Philippe Mimran

Directeur des gestions de La Française des Placements

Marchés actions : nos principaux paris sectoriels pour 2014 sont la banque, la technologie, l'automobile, le média

Publié le 10 Janvier 2014

Quelle part occuperaient les actions présentement dans un fonds équilibre 50-50 ?
Nous sommes exposes sur les actions a hauteur de 55%. De nombreuses incertitudes extra financières ont été atténuées dans l'environnement dans le bon sens : celle de l'évolution de la politique monétaire ou encore de la paralysie budgétaire aux Etats-Unis, de la mise en place de l'union bancaire en Europe.
De nombreux investisseurs institutionnels ne sont toujours pas retournés sur le segment. Il y a encore une grande marge de manœuvre s’agissant des flux.

De quelle manière repartiriez-vous ces 55% sur le plan géographique ?
Si nous devions définir une hiérarchisation des zones, nous aurions en premier l'Europe (à hauteur de 30%), puis le Japon (5%), les Etats Unis (15%)-en raison de la cherté relative du marché-et les pays émergents (5%).
Les actions européennes ne nous semblent pas encore bien valorisées. Il y a un réel potentiel de réallocation sur la région du fait de l’amélioration de la conjoncture économique. Nous avons une pondération plus significative sur l’Espagne et l’Italie. Nous ne sommes pas foncièrement négatifs sur les actions françaises. Nous faisons une claire distinction entre les valeurs davantage tournées vers la consommation domestique et les valeurs plus axées sur l’international.

Les Etats-Unis occupent une part plus importante que le Japon malgré des facteurs techniques plus favorables, car la part des actions américaines dans la capitalisation boursière mondiale est plus significative que celle des actions japonaises. Dans l’indice MSCI Monde, les Etats-Unis représentent 55% et le Japon 14%.

S’agissant du Japon, des interrogations portent sur l’évolution de la consommation japonaise et la mise en œuvre des réformes structurelles requises ?
Nous avons l’espoir, à l’instar de la majeure partie du marché, de voir les réformes être implémentées prochainement. C’est ce qui explique d’ailleurs la très bonne performance du Nikkei et du Topix depuis la fin de 2012.
Le gouvernement de Shinzo Abe a annoncé il y a quelques jours son intention de procéder à une relance budgétaire pour compenser le coût de la hausse de la TVA prévue en avril, de 5% à 8%.

Evidemment nous réviserons notre jugement sur la classe d’actifs si les réformes et les variations des salaires n’ont pas lieu pour soutenir une reprise durable.

Sur quels marchés émergents en particulier êtes vous positionnés ?
Nous évitons les pays dont les balances courantes sont déficitaires et dont ne voient pas d’amélioration, c'est-à-dire l’Afrique du Sud, le Brésil, la Turquie.
Nous sommes ainsi davantage exposés à l’Asie : Singapour, Hong Kong, Chine, et un peu de Corée. Nous investissons dans des fonds qui font du stock picking dans ces pays.
Quels vous semblent être les potentiels de performance pour cette année ?
Nous escomptons en Europe un potentiel de 8% à 10%. Cela devrait être plus pour l’Espagne et l’Italie, entre 15% et 20%.
Les actions américaines devraient rebondir entre 5% et 10%.
Les actions japonaises pourraient récupérer encore une dizaine de pourcents.
Les marchés émergents sur lesquels nous misons pourraient délivrer entre 5% et 10%.

Qu’en est-il de votre allocation sectorielle ?
Un de nos principaux paris est le secteur bancaire. La hausse additionnelle des actions européennes ne se fera vraisemblablement pas sans les valeurs bancaires.
L’année 2014 est destinée à être déterminante pour le secteur bancaire européen avec l’audit de la qualité des actifs dans les bilans ou encore les stress tests en préparation. Nous nous efforçons de déterminer les banques qui tireront le maximum davantage de ces exercices. Même si des besoins de recapitalisation devraient apparaitre, la transparence devrait permettre de faire baisser la prime de risque. Le relatif recul des taux obligataires souverains des pays du sud a d’ores et déjà permis à certains titres de se rehausser.
Nous aimons également le secteur de la technologie, l’automobile, le média européen. Nous revenons progressivement sur les valeurs pétrolières.

Quels seraient les secteurs à éviter ?
Nous restons à l’écart des matériaux de base et de l’alimentation, à l’exception des brasseurs.
Nous étions longs sur les télécoms, nous sommes passés à neutres.

Quels sont selon vous les principaux risques qui pourraient remettre en cause
votre allocation actuelle ?

Le risque majeur est que la petite reprise en Europe ne se poursuive pas et que certains pays membres retombent en récession. Nous donnerions 30% de probabilité à la concrétisation de ce risque aujourd’hui.
Au-delà, nous ne voyons pas vraiment de catalyseur à la baisse considérable et durable du marché des actions pour le moment.


Propos recueillis par Imen Hazgui