Interview de Frédéric  Haym : Président de Delta Asset Management

Frédéric Haym

Président de Delta Asset Management

L'action Nextradio pourrait aller au-delà des 30 euros sur un horizon de six mois

Publié le 24 Février 2014

Quelle vision avez-vous du segment des small et mid caps en France à ce stade de l’année ?
Il y a lieu de différencier deux types de small et mid caps. Les small et mid caps qui ont déjà un chiffre d’affaires et une réalité et les small et mid caps de croissance comme les biotechnologies qui n’ont pas encore de résultats concrets.
Parmi les small et mid caps sur lesquelles il est possible de procéder à une analyse chiffrée, certaines sont encore bien en retard même si le segment dans son ensemble a largement surperformé le Cac 40 en 2013.

Le consensus table sur une progression des bénéfices de 33% pour ce segment cette année. Qu’en pensez-vous ?

Les bénéfices devraient effectivement être en hausse, la conjoncture économique s’améliorant. La prévision avancée par le consensus d’une trentaine de pourcents me semble plausible.

Qu’escomptez-vous du coté des opérations capitalistiques ?

Il est assez évident que des opérations de croissance externe ont vocation à se réaliser dans ce segment bien qu’en moyenne 30% du capital de ces sociétés est coté, le reste se trouvant entre les mains des fondateurs.

Comment voyez-vous évoluer les flux ?

Il y a une volonté affichée par le gouvernement de dynamiser ce marché. Des modifications ont été effectuées au niveau de l’Autorité de régulation des marchés et d’Euronext pour permettre d’avoir plus de liquidité et plus de flux. Parmi les évolutions notables, nous avons eu une simplification des publications obligatoires.
Beaucoup d’observateurs s’attendent à ce que le PEA PME permette d’attirer de nombreux investisseurs de long terme, une fois le décret d’application édictée. C’est ce que nous espérons également.

Plusieurs considérations sont avancées pour critiquer ce PEA PME. D’aucuns par exemple déplorent qu’il s’adresse à toutes les small et mid caps européennes et non uniquement aux small et mid caps françaises ?
Je suis assez persuadé que les petits porteurs ont une conscience française et qu’ils appuieront en priorité les PME et ETI françaises qui ont de bons produits ou de bons services à proposer.

D’autres craignent que ce PEA PME amène les flux à se concentrer sur certaines valeurs spécifiques, les plus visibles, les plus évoquées dans les médias et entraine ainsi un emballement sur ces titres ?
C’est une crainte également du régulateur. Aujourd’hui seulement 50% des PME et ETI cotées font l’objet d’une recherche, ce qui est relativement peu. Sur ces 50%, 75% des sociétés n’ont qu’une entité qui les suit. C’est ce qui explique la détermination de certains acteurs à obtenir une meilleure recherche et une meilleure diffusion en vue de ne pas avoir de concentration sur seulement quelques noms. Il y a aussi un intérêt exprimé de créer de la notation sur ces small et mid caps pour avoir une vision plus concrète et atténuer le risque de spéculation et de bulle. Déjà un agrément spécifique a été accordé à des opérateurs enclins à jouer un rôle dans ce domaine.

Pensez vous que ce dispositif encouragera les sociétés françaises à s’introduire en bourse ?
L’intermédiation financière devant prendre plus de place dans le financement de l’économie réelle en Europe, et en France, du fait des nouvelles contraintes qui s’imposent aux banques, un changement de mentalité va devoir avoir lieu au sein des dirigeants des sociétés françaises pour avoir plus le reflexe d’aller se refinancer en bourse.
Je pense que c’est un peu aux acteurs financiers de faire la démarche et de faire comprendre aux patrons de PME et ETI que s’introduire sur la cotation ne leur est pas défavorable.

Il est craint que les belles sociétés françaises préfèrent se coter ailleurs qu’en France, à Londres ou à New York deux places jugées plus « business friendly » ?
Il y a effectivement un risque de voir les belles sociétés vouloir se coter ailleurs. C’est tout le problème de la tarification et de la simplification des procédures administratives. Les pouvoirs publics ont pleinement conscience de cette menace, d’où leur volonté d’avoir une entreprise boursière concurrente d’Euronext sur ce segment.

Quelles sont les principales caractéristiques de votre allocation d’actifs ?
Notre allocation est à plus de 70% sur les small et mid caps. Notre stratégie d’investissement est basée sur l’analyse des fondamentaux des entreprises. Nous sommes ainsi moins positionnés sur les pures valeurs de croissance, comme les biotechnologies, qui ne présentent pas une visibilité suffisante sur leurs perspectives de résultats. Nous sommes exclusivement sur les sociétés franco françaises.

De combien de valeurs se composent votre principal fonds sur les small et mids caps ?
Nous avons environ 50 valeurs équiréparties. Il n’y a pas de fort décalage entre les positions.

Des dominantes sectorielles se dégagent-elles ?
Non.

Qu’en est-il de la rotation de vote portefeuille ?
Nous pouvons avoir une rotation rapide dans la mesure où certains titres atteignent dans un bref délai notre objectif de croissance. En moyenne le portefeuille peut tourner quatre fois par an.

Quelle est la dernière valeur que vous avez introduite et la dernière valeur que vous avez retirée ?

Nous avons dernièrement entré Nextradio qui nous parait décoté par rapport à sa valeur intrinsèque. Le titre pourrait aller au-delà des 30 euros sur un horizon de six mois.
Parallèlement nous avons vendu Sopra Groupe car nous avions atteint notre objectif de 89,50 euros.

Quelles sont les principaux risques que vous identifiez ?
Nous sommes aujourd’hui dans une guerre monétaire. Ce que fait la Fed est clairement quelque chose d’important à surveiller. En outre un suivi étroit devra être fait de l’activité en Chine.
La perduration d’un euro fort serait véritablement contre-productive. La BCE n’est pas en mesure de jouer son rôle à plein. Elle doit faire face à des situations de pays contrastées. L’Allemagne craint un niveau trop élevé d’inflation alors que beaucoup de pays se trouvent dans une configuration de désinflation, proche de la déflation.

Tablez-vous sur une intervention plus poussée de la BCE cette année ?

Non. L’institution a eu des fenêtres de tir qu’elle n’a pas utilisées.


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Propos recueillis par Imen Hazgui