Interview de Jacques  Myard : Député-maire de Maisons-Laffitte

Jacques Myard

Député-maire de Maisons-Laffitte

Catalogne : nous faisons face à un processus bruxellois extrêmement dangereux qui devrait mener à une profonde crise européenne

Publié le 28 Septembre 2015

Les partis indépendantistes catalans viennent de remporter une victoire intéressante lors des élections régionales, hier soir… Plus concrètement, menée par le président indépendantiste sortant Artus Mas, la coalition « Ensemble pour le oui » a remporté la majorité absolue en termes de sièges au Parlement catalan. Cette liste a gagné 62 sièges sur 135, associée aux 10 sièges remportés par la « Candidature d’unité populaire » (CUP). En somme, de quoi assurer 72 sièges sur 135, donc la majorité absolue réclamée par Mas pour enclencher le processus d’indépendance, d’ici 2017. Qu’est ce que cela vous évoque comme commentaires ?
La Catalogne entretient depuis longtemps une relation tendue avec Madrid. Ceci étant, la décision prise reflète à mon sens le fait que nous devons aujourd’hui faire face à un processus bruxellois extrêmement dangereux qui devrait mener à une profonde crise européenne.

A quel processus faites-vous allusion ?

A la balkanisation ou la régionalisation à outrance de l’Europe sciemment voulue par les instances européennes, notamment la Commission européenne.

Que voulez-vous dire ?

L’organe exécutif de l’Union européenne affiche une volonté manifeste de s’inscrire dans un dialogue permanent avec les régions et les provinces. A ainsi été mis en place un comité des régions dont l’objet politique apparait clairement de court-circuiter les Etats.
Bruxelles veut régner sur une ribambelle de collectivités locales à différentes proportions dans la droite ligne de la conception du saint Empire romain germanique. L’objectif étant d’amoindrir l’influence des Etats qui seraient à l’origine des tensions et des guerres en Europe, et de renforcer l’assise européenne.

La décision constitue-t-elle une menace pour l’Espagne et pour la zone euro ?

Si le processus initié en Catalogne se prolonge, nous aurons indéniablement une forte crise institutionnelle en Espagne. Si la scission de la Catalogne est avérée, se posera la question de la succession d’Etat en matière de dette. Il est à ce stade prématuré pour présager de ce qui pourrait être entendu sur le plan conventionnel entre la Catalogne le reste de l’Espagne. Il semble cependant indéniable que compte tenue de la richesse de la Catalogne (qui représente 20% de son PIB et un quart des exportations) et de la relative pauvreté du reste de l’Espagne, il y a un risque élevé que le Madrid se retrouve confrontée à une charge de la dette qui excède largement sa capacité de remboursement. Celle-ci pourrait alors être contrainte à ne pas honorer ses engagements, à sortir de la zone euro, pour dévaluer sa monnaie et retrouver de la compétitivité.

Propos recueillis par Imen Hazgui