Interview de Daniel  Fighiera : Directeur de la gestion collective de Tocqueville Finance

Daniel Fighiera

Directeur de la gestion collective de Tocqueville Finance

Nous nous intéressons à trois secteurs en particulier : les banques, l'automobile et l'assurance

Publié le 26 Avril 2016

Comment avez-vous géré la volatilité extrême des marchés au premier trimestre ?
Nous avions un scénario prudent en début d'année. Cependant nous avons sous-estimé la corrélation entre les cours du pétrole et ceux des actions et avons par conséquent été surpris par l'ampleur de la baisse des marchés. Contrairement à la baisse du mois d'août, où nos fonds small&mid cap avaient bien résisté, la correction du mois de janvier a concerné aussi bien les grandes valeurs que les moyennes. Dans ce contexte la seule chose à faire était d'attendre le rebond, qui a bien eu lieu.

Etes-vous positif aujourd'hui sur les actions ?

Nous ne voyons pas de raisons d'être excessivement optimiste aujourd'hui. Les résultats d'entreprises sont corrects, sans plus, mais les perspectives sont incertaines. En Europe, le referendum britannique prévu fin juin devrait générer de la volatilité, de même que l'incertitude sur la politique monétaire de la Fed. Nous pensons qu'une hausse des taux aura des conséquences négatives à la fois sur le marché obligataire et sur le marché des actions. Nous n'excluons pas une nouvelle correction dans les mois qui viennent. Notre scénario central est celui d'une stagnation du CAC 40 d'ici la fin du deuxième trimestre.

Comment comptez-vous générer de la performance dans ce contexte ?

Il y a aujourd'hui une prime aux valeurs de croissance, dans un monde en panne de croissance. Mais ces valeurs sont devenues très chères. Nous pensons qu'il pourrait y avoir un regain d'intérêt pour le style "value" (valeurs décotées, ndlr), lorsque les taux d'intérêt remonteront. Ces valeurs ont largement sous-performé depuis un an et sont par conséquent devenues encore plus attractives. Par ailleurs nous sommes tentés de renforcer nos positions sur le marché britannique avant le referendum sur la sortie du pays de l'Union européenne. Les actions britanniques bénéficieraient très probablement d'une victoire du Oui (au maintien du pays dans l'UE, ndlr); a contrario, en cas de Brexit, tous les marchés européens seraient affectés. Il s'agit donc d'une prise de risque limitée. Cela étant le marché actions britannique est relativement cher, les valorisations y sont en moyenne 15% plus élevées que dans la zone euro. C'est le marché européen qui a le mieux performé depuis le début de l'année malgré la baisse de la livre sterling.

Quels secteurs regardez-vous plus particulièrement ?

Nous nous intéressons à trois secteurs value "traditionnels": les banques, l'automobile et l'assurance. Ces trois secteurs sont en baisse de 10 à 15% depuis le début de l'année. Même si nous restons prudents sur le secteur bancaire compte tenu de la faiblesse des taux, nous pensons qu'il y a des points d'entrée intéressants. Nous restons par ailleurs confiants sur le secteur de la production pétrolière, qui reste attractif en termes de dividende et a plutôt bien résisté à la baisse du baril. En revanche nous nous tenons à l'écart des autres matières premières (ressources de base) en raison de la volatilité observée sur ces valeurs.

Propos recueillis par François Schott