Interview de Stephan Français : Fondateur et Directeur général de Metavisio - Thomson Computing

Stephan Français

Fondateur et Directeur général de Metavisio - Thomson Computing

Nous sommes des alliés naturels du pouvoir d'achat.

Publié le 23 Juin 2022


Metavisio est un acteur du marché gigantesque des ordinateurs portables… Pouvez-vous nous le présenter rapidement ?

Nous sommes une entreprise française, fondée en 2013 et basée à Pontault-Combault. Notre cœur de métier est la conception et la commercialisation d’ordinateurs portables sous la marque Thomson. Nous avons l’ambition de construire une marque européenne et mondiale de l’informatique grand public. Pour cela, nous nous adressons en priorité à une clientèle à pouvoir d’achat modéré avec un catalogue de PC, tablettes et accessoires informatiques. Sur ce segment d’entrée et de milieu de gamme délaissé par nos concurrents, nous offrons un excellent rapport qualité-prix car nous intégrons à nos modèles les dernières technologies informatiques. L’entreprise compte à ce jour une quarantaine de salariés, et a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 61 millions d’euros pour 251 000 unités vendues.

Le premier élément qui vient en tête, dans votre secteur, est le gigantisme de vos concurrents. Comment parvenez-vous à exister ?

En effet, nous évoluons sur un marché annuel de 244 milliards de dollars, à 80 % capté par les six géants de l’informatique retail que vous connaissez : HP, Dell, Apple, Asus, Lenovo et Acer. Alors oui, comment se positionner par rapport à eux ? La réponse, je vous l’ai déjà donnée : en se concentrant sur le secteur qui structurellement leur échappe. À cause de charges fixes énormes, nos concurrents ne sont pas en mesure de commercialiser leurs ordinateurs dans les gammes qui sont les nôtres : moins de 200 ou moins de 500 euros. Selon leur modèle, leur taille impose des prix de ventes plus élevés qui les rendent moins opérants sur l’entrée et le milieu de gamme. C’est la raison pour laquelle nous sommes leaders en France dans cette catégorie depuis cinq ans.

L’activité de Metavisio ne se cantonne pas à l’Hexagone…

Loin de cela ! Nous sommes présents actuellement dans une quinzaine de pays. L’Europe bien sûr, où nous avons trouvé des distributeurs locaux depuis 2021 dans plusieurs pays. Même chose aux États-Unis, avec cette fierté en tant que Français de vendre des PC aux États-Unis. C’est un peu comme vendre du riz aux Chinois… Plus sérieusement, nous préparons aussi à partir du Maroc un fort développement en Afrique cette année, et une présence en Asie à partir de 2025.

Par quelle prouesse Metavisio, sur ce marché de l’entrée de gamme, peut-il placer ainsi les dernières technologies de l’informatique à portée de ses clients ?

Nous sommes beaucoup plus petits que nos concurrents. Ce qui présente bien sûr des désavantages évidents, mais aussi des atouts sérieux. Le premier de tous, c’est la faiblesse de nos charges fixes et notre agilité. Nous pouvons concevoir, développer nos modèles et le marketing qui va avec de manière souple. Et pour rien au monde je n’alourdirais ce process ! Changer de business model serait nous tuer. Celui-ci nous engage par exemple à ne pas nous engager avec nos fournisseurs sur des contrats de longue durée, étant ainsi beaucoup plus efficaces pour nous adapter et intégrer des technologies de pointe dans nos PC. Les géants de l’informatique travaillent en général sur des développements de six ans. Nous, nous sommes capables de renouveler notre catalogue tous les six mois. Pour toutes ces raisons, à performance identique, les produits Thomson Computing sont donc 35 % moins chers que les autres !

Metavisio est-il maître de l’ensemble de la chaîne de production ?

Clairement non, et nous ne le souhaitons pas. La conception, le marketing et la commercialisation sont traités en interne. Mais l’assemblage des ordinateurs et la plupart des composants sont réalisés en Chine. Nous ouvrons par ailleurs, dans chaque nouveau pays où nous entrons, des contrats avec des distributeurs locaux. Une manière d’être immédiatement fortement visibles et efficaces, même si une partie du chiffre d’affaires revient à ces intermédiaires. Mais cela sert aussi notre stratégie de rester agiles en chargeant peu l’entreprise. Et, à voir la vitesse à laquelle nous nous déployons à l’international, cette stratégie semble la bonne !

L’industrie informatique est souvent pointée du doigt pour son lourd impact environnemental. Est-ce une préoccupation pour vous ?

Le premier avantage de nos machines est de mettre à disposition du très grand public des systèmes informatiques performants, notamment dans l’économie d’énergie. Nous cherchons aussi à limiter l’impact de nos productions en augmentant leur durée de vie, en limitant les déchets et en maîtrisant les emballages. Enfin, Metavisio a pris des engagements sociétaux forts, dont témoigne le partenariat développé par l’association APF France handicap destiné à faire découvrir le métier de technicien informatique tout en reconditionnant des PC.

En tant que judoka et passionné de judo, vous avez je crois trouvé un partenaire intéressant pour Metavisio…

Ah, c’est une autre belle histoire, en effet… J’ai eu la chance de rencontrer un jour Teddy Riner, qui était déjà un immense champion mais pas encore porte-drapeau olympique. Et, après une discussion passionnante avec lui, bien qu’on m’ait dit que jamais il n’accepterait… il a souhaité rejoindre l’aventure de l’entreprise. C’est une chance immense pour nous de pouvoir bénéficier ainsi de son image et de son rayonnement unique d’athlète légendaire ! Et puis qui sait, en cas de besoin, nous pourrions faire appel à lui pour le recouvrement…

Le contexte d’inflation galopante est-il un accélérateur pour Metavisio ?

Nous observons qu’un grand nombre de clients qui se tournaient précédemment vers des PC de prix supérieurs sont désormais intéressés par notre marché. Ce phénomène de vase communiquant, dans un contexte économique sous tension marqué par l’inflation, tend à nous rendre naturellement plus compétitifs. Et ce alors que la parenthèse covid a fait passer l’usage d’un PC par foyer à un ordinateur par personne… Autre tendance, la difficulté à trouver des composants encourage les gros constructeurs d’ordinateurs à se concentrer sur des ventes à forte rentabilité. Se coupant ainsi d’une frange de clientèle qu’ils captaient précédemment, et qui se tourne désormais vers nous.

Quelle est votre stratégie de croissance ?

Le plus important, pour préserver notre avantage de terrain, est de maîtriser notre croissance. Ne pas grandir trop vite pour ne pas alourdir trop fortement nos charges, et ne surtout pas nous retrouver en concurrence frontale avec les six épouvantails du marché. Une fois ceci posé, notre ambition est d’établir une saine croissance de 10 à 15 % par an, le rythme que nous tenons aujourd’hui, et de viser un EBITDA supérieur à 13 %. Ce qui devrait nous mener en 2026 à un chiffre d’affaires annuel de 120 millions d’euros. Pas question de viser la tête du marché mondial, mais plutôt veiller à ce que nos concurrents aient toujours intérêt à ne pas se placer sur notre marché. Nous sommes des alliés naturels du pouvoir d’achat et devons le rester, en nous appuyant en premier lieu sur l’antériorité et la crédibilité de la marque Thomson, et en second lieu sur les partenariats noués avec des leaders mondiaux comme Qualcomm/Arm, Microsoft ou Intel. Comme un symbole, notre stratégie commerciale s’appuie sur des commandes groupées d’une centaine de gros clients comme Leclerc ou Lidl-Aldi, enseignes symboles de la défense du pouvoir d’achat. Dans le même temps, nous travaillons à répliquer sur le segment des prix moyens (300-500 €) le modèle économique qui a fait notre succès sur la gamme de PC à moins de 300 €. Et continuons bien entendu à intégrer régulièrement les technologies de pointe à notre catalogue.

Pourquoi entrer aujourd’hui sur Euronext Growth ?

Nous cherchons, après neuf ans d’existence, à aller vers le grand public en créant du flottant. Et ceci pour plusieurs raisons. La bourse, qui représente pourtant de réelles contraintes, nous apporte tout d’abord la notoriété et la crédibilité dont l’entreprise a besoin à l’international. Dans le même ordre d’idée, cette opération nous force à clarifier notre projet de développement pour convaincre des investisseurs.

Et les 6 millions d’euros que nous espérons lever représentent bien sûr un puissant booster pour Metavisio. Pour 80 %, ils seront employés à renforcer nos fonds propres pour faire face à la forte tension sur la trésorerie inhérente à notre modèle économique, et embaucher pour muscler nos équipes commerciales à l’international. Les 20 % restants seront dévolus à la recherche et développement, investissement permanent indispensable pour soigner l’innovation et la qualité des appareils que nous proposons à nos clients. Et continuer ainsi à accélérer.


Propos recueillis par Aymeric Jeanson


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