Procter & Gamble abaisse ses prévisions annuelles, pénalisé par la guerre commerciale
(Reuters) - Procter & Gamble a abaissé jeudi ses prévisions annuelles de ventes et de bénéfice, après une baisse plus forte que prévu de son chiffre d’affaires net au troisième trimestre, affecté par le recul des dépenses de consommation dans un contexte de guerre commerciale.
Les droits de douane généralisés imposés par le président américain Donald Trump sur les importations ont déstabilisé les marchés mondiaux et alimenté les craintes de récession aux États-Unis, principal marché du fabricant de biens de consommation P&G, dont les produits incluent la lessive Tide.
Alors que le moral est en berne et que les chaînes d'approvisionnement mondiales se désorganisent, plusieurs entreprises ont revu leurs prévisions à la baisse, les consommateurs voyant leur budget mis à rude épreuve.
Un porte-parole de P&G a déclaré que l’entreprise avait observé un ralentissement des dépenses des consommateurs américains, en particulier en février et mars.
Considérée comme un baromètre du secteur des biens de consommation, l’entreprise prévoit désormais un chiffre d'affaires net global pour l’exercice fiscal 2025 globalement stable par rapport à l’année précédente, contre une croissance initialement attendue de 2% à 4%.
Ces prévisions intègrent certaines hypothèses concernant l’impact des droits de douane, a précisé le porte-parole, ajoutant que l’entreprise ne connaît toujours pas pleinement l’ampleur de leur effet sur ses coûts.
P&G importe des ingrédients bruts, des matériaux d’emballage et certains produits finis de Chine vers les États-Unis, tandis que les biens fabriqués aux États-Unis et exportés vers le Canada pourraient également être touchés par les droits de douane, selon le porte-parole.
Mais la grande majorité, environ 90%, des produits vendus par P&G aux États-Unis sont fabriqués localement, a-t-il précisé.
Le groupe P&G avait auparavant indiqué qu’il pourrait être contraint d’augmenter ses prix pour compenser les droits de douane.
Les vendeurs de produits de base comme le papier toilette ou le liquide vaisselle sont généralement considérés comme des valeurs refuges en période de turbulences économiques, partant du principe que les consommateurs continueront d’acheter les produits essentiels. Mais P&G, dont les produits se vendent plus cher que ceux de la concurrence dans les rayons de Walmart ou Target, fait face à une menace croissante de la part des marques distributeurs.
Le concurrent de P&G, Reckitt, a vu ses volumes de ventes chuter mercredi en Europe et en Amérique du Nord.
Après avoir significativement augmenté ses prix ces dernières années, P&G a indiqué qu’il compterait moins sur cette stratégie pour stimuler ses ventes. L’entreprise a augmenté ses prix de 1% ce trimestre, tandis que les volumes ont reculé de 1%.
Elle prévoit désormais un bénéfice annuel par action ajusté compris entre 6,72 et 6,82 dollars (environ 6,25 à 6,34 euros), contre une prévision précédente allant de 6,91 à 7,05 dollars (environ 6,43 à 6,56 euros).
Le chiffre d’affaires net du troisième trimestre de P&G a baissé de 2% à 19,78 milliards de dollars, alors que les analystes s’attendaient en moyenne à une baisse de 0,44% à 20,11 milliards de dollars, selon les données compilées par LSEG.
Le groupe a également souffert d’une faible demande en Chine tout au long de l’exercice, en raison d’un contexte macroéconomique instable, pénalisant la croissance des volumes, même si P&G continue d’investir dans le lancement de nouveaux produits et de nouvelles gammes de prix aux États-Unis et en Amérique latine.
(Rédigé par Juveria Tabassum à Bangalore et Jessica DiNapoli à New York; version française Noémie Naudin)
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