Les marchés s'habituent aux revirements de Donald Trump 

Publié le 06 Juin 2025

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Les marchés s'habituent aux revirements de Donald Trump 

Les marchés s'habituent aux revirements de Donald Trump 

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(Reuters) - Si les incertitudes liées à la politique commerciale des Etats-Unis demeurent, la volatilité s'atténue sur les marchés à mesure que les investisseurs intègrent les multiples revirements de Donald Trump.

Confrontés aux décisions erratiques du président américain, les opérateurs de marché devraient se concentrer sur la lecture d'indicateurs, notamment concernant l'inflation, et les déclarations d'autres pays sur leurs relations avec les Etats-Unis.  

Tour d'horizon des perspectives de marché dans les jours à venir :

1/ PAROLES, PAROLES

La volatilité observée sur les marchés en avril et en mai, provoquée par la stratégie de négociation commerciale de Donald Trump, s'atténue à mesure que les investisseurs s'habituent aux revirements du président américain, que ce soit en termes de politique commerciale ou même de relation humaine comme sa récente brouille avec Elon Musk. 

L'indice de volatilité VIX, qui mesure le niveau de volatilité anticipée de l?indice S&P 500 pour les 30 jours à venir et est souvent considéré comme un "indice de la peur", est repassé sous les 20 et n'a dépassé ce niveau qu'à 7 reprises au cours du mois dernier alors qu'il l'avait fait tous les jours entre le 2 avril et début mai. 

2/ CRAINTES SUR L'INFLATION

Les investisseurs scruteront les chiffres des prix à la consommation (CPI) publiés mercredi aux Etats-Unis alors que les données récentes montrent que l'inflation se rapproche de l'objectif de 2% de la Réserve fédérale américaine (Fed). 

Les pressions sur les prix dans l'industrie et les services s'intensifient avec la politique commerciale de Donald Trump et le dernier livre beige de la Fed traduit les craintes d'une hausse de l'inflation et d'une baisse de la croissance économique. 

Les investisseurs parient pour le moment que la Fed ne modifiera pas ses taux à l'issue de sa prochaine réunion le 18 juin. 

3/ CONFLIT US-CHINE

Les tensions commerciales entre Washington et Pékin ont de nouveau mis en évidence la dépendance mondiale à la Chine pour l'approvisionnement en terres rares essentielles à la production des appareils de haute technologie. 

Les conséquences se font par exemple ressentir dans l'industrie automobile. 

La Maison blanche a récemment reproché à Pékin de revenir sur l'accord commercial conclu à Genève le mois dernier, ce que la Chine réfute. Lors d'un appel téléphonique jeudi, Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping sont toutefois convenus de la poursuite des discussions commerciales entre Washington et Pékin afin d'aplanir leurs différends sur les droits de douane.

C'est dans ce contexte que les marchés scruteront les données commerciales et sur l'inflation publiées lundi en Chine, qui doit aussi faire face à la faiblesse de sa demande intérieure.  

4/ UN BON ÉQUILIBRE

Les données publiées vendredi prochain dans l'Union européenne (UE) sur les échanges commerciaux donneront des clés de lecture des conséquences des tensions commerciales pour le Vieux Continent.  

L'Union européenne, deuxième partenaire des Etats-Unis derrière la Chine, est dans le viseur de Donald Trump alors que les Etats-Unis accusent un déficit de 200 milliards de dollars avec le bloc.

Les ventes européennes de voitures, d'acier, de produits pharmaceutiques, de produits de luxe et de vêtements, entre autres, représentent un gros volume d'affaires.

Le 23 mai, Donald Trump a déclaré qu'il imposerait des droits de douane de 50% sur toutes les importations en provenance de l'UE, avant de faire marche arrière deux jours plus tard en reportant les droits de douane d'un mois à la suite d'un "échange très agréable" avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

5/ BUDGET AU ROYAUME-UNI

Le premier examen des dépenses du budget du gouvernement travailliste au Royaume-Uni, mercredi, pourrait relancer les inquiétudes sur les obligations souveraines du pays. 

La dette publique britannique a gonflé et le gouvernement britannique dispose de peu de marge de man?uvre alors que les options pour réduire les coûts sont rares, souligne Bank of America. 

Les investisseurs, qui ont encore en mémoire la crise de la dette britannique en 2022, pourraient préférer des hausses d'impôt pour "épargner" le marché des Gilts. 

(Rédigé par Kevin Buckland à Tokyo, Naomi Rovnick et Amanda Cooper à Londres et Alden Bentley à New York, compilé par Amanda Cooper, graphes par Vineet Sachdev ; version française Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)

Reuters