L'Europe, hormis Paris, finit dans le rouge une séance volatile
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes, hormis Paris, ont terminé en recul mercredi une séance volatile, un sentiment baissier ayant pris le pas en clôture en raison des valorisations jugées excessives.
A Wall Street, deux des trois principaux indices étaient cependant encore sur de nouveaux sommets à mi-parcours avec le renforcement des anticipations de baisses de taux directeurs aux Etats-Unis et l'enthousiame pour l'intelligence artificielle (IA) suscité par les prévisions d'Oracle.
À Paris, le CAC 40 s'est distingué des autres places européennes avec un gain de 0,15% à 7.761,32 points, les investisseurs ayant bien accueilli la nomination de Sébastien Lecornu, un proche du président Emmanuel Macron, au poste de Premier ministre, suggérant la poursuite d'une politique favorable aux entreprises, selon les analystes.
Le Footsie britannique a reflué de 0,19% et le Dax allemand a décliné de 0,39%.
L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,21% et le FTSEurofirst 300 0,04%. Le Stoxx 600, qui s'est rapproché en séance de son plus haut niveau en deux semaines, tiré par la distribution et la santé, a abandonné en clôture 0,05% sur des prises de bénéfice dans les nouvelles technologies (-1,65%).
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,41%, mais le Standard & Poor's 500 avance de 0,47% et le Nasdaq de 0,38%, touchant de nouveaux pics au lendemain d'une séance déjà record. Les nouveaux gains sont cependant faibles.
La tendance positive à Wall Street est soutenue par Oracle, dont l'action s'envole de plus de 40%, le groupe ayant dit mardi soir s'attendre à ce que les commandes dans son activité d'informatique dématérialisée dépassent les 500 milliards de dollars.
Outre-Atlantique, les investisseurs saluent également les derniers indicateurs sur l'inflation (prix à la production) et l'économie (révision des créations d'emplois) aux Etats-Unis qui plaident pour une accélération de la baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), dont la prochaine réunion est prévue les 16 et 17 septembre.
"L'inflation est à peine palpable au niveau des producteurs, ce qui montre que l'effet des droits de douane n'augmente pas encore les pressions sur les prix à tous les niveaux", explique Christopher Rupkey, chef économiste chez Fwdbonds, un cabinet d'études sur les obligations. "Rien n'empêche une baisse des taux d'intérêt dès à présent", a-t-il ajouté.
Barclays a relevé mercredi son objectif de fin d'année pour le S&P 500, pour la deuxième fois en trois mois, passant de 6.050 points à 6.450, en raison de bénéfices d'entreprises plus élevés que prévu, d'une croissance économique américaine résiliente et de l'optimisme autour de l'intelligence artificielle.
Une enquête menée par S&P Global auprès d'investisseurs en actions américaines montre cependant que les prévisions baissières à court terme ont atteint des niveaux record, dressant un tableau sombre à contre-courant de la tendance actuelle.
"Les inquiétudes sont fondées sur le fait que les valorisations semblent de plus en plus tendues au regard des perspectives économiques et de l'environnement politique actuels", écrit Chris Williamson, chef économiste chez S&P Global Market Intelligence.
VALEURS EN EUROPE
Alstom a grimpé de 6,79% après l'annonce d'une commande aux Etats-Unis d'une valeur d'environ 1,1 milliard d'euros, ce qui, selon les analystes, constitue un bon signe pour le deuxième trimestre du groupe.
EssilorLuxottica (+1,96%) a profité d'un suivi à "surpondérer" de la part de Barclays, tandis que Pernod Ricard (-2,50%) a été pénalisé par Morgan Stanley, passé à "sous-pondération" sur la valeur.
Novo Nordisk a avancé de 3,68% après avoir annoncé son intention de supprimer 9.000 emplois dans le cadre d'une restructuration visant à économiser huit milliards de couronnes danoises (1,07 milliard d'euros) par an.
AB Foods a plongé de 13,18%, le propriétaire de Primark anticipant une baisse des ventes de l'enseigne au deuxième semestre sur fond de ralentissement économique en Europe.
Inditex, propriétaire de Zara, a pris 6,37%, le groupe espagnol ayant fait état d'une amélioration de ses ventes au début de la saison d'automne.
Dans les valeurs technologiques en Europe, malgré l'envolée d'Oracle, l'éditeur de logiciels allemand SAP a effacé ses gains initiaux, cédant en clôture 2,87%, tandis que le groupe néerlandais de semi-conducteurs ASML a abandonné 0,44%.
CHANGES
Le dollar recule de 0,15% face à un panier de devises de référence, après les chiffres des prix à la production pour le mois d'août qui confortent la perspective d'un assouplissement monétaire la semaine prochaine aux Etats-Unis.
L'euro avance de 0,19%, à 1,1727 dollar, à la veille de la décision de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) qui devrait opter pour le statu quo.
La livre sterling s'échange à 1,3549 dollar, en hausse de 0,20%, dans un marché volatil, signe d'une certaine prudence avant la publication jeudi des chiffres des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis.
TAUX
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans se replie de 1,5 point de base, à 4,0588% après les chiffres des prix à la production et avant ceux des prix à la consommation jeudi. Une adjudication de bons du Trésor de 42 milliards de dollars d'obligations à 10 ans prévue dans le courant de la journée et surtout celle de 25 milliards de dollars à 30 ans de jeudi constitueront un test intéressant quant à la demande pour la dette américaine.
Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a fini pratiquement stable, à 2,65%, après avoir fluctué en séance entre 2,63% et 2,67%, signe d'un certain attentisme avant les annonces de la BCE, alors que les marchés se concentrent sur les perspectives à long terme de la banque centrale.
L'écart de rendement entre le Bund et l'OAT française à dix ans est resté stable, au-dessus des 80 points de base, alors que le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu a pris ses fonctions à Matignon.
PÉTROLE
Les tensions géopolitiques, avec notamment Israël qui a ciblé des dirigeants du Hamas au Qatar et la Pologne qui a dénoncé une "provocation" après l'incursion de drones russes dans son espace aérien, soutiennent les cours du pétrole.
Le Brent progresse de 1,48% à 67,38 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 1,63% à 63,65 dollars après avoir pris chacun jusqu'à 2% en séance.
(Rédigé par Claude Chendjou)