Etats-Unis: La Fed baisse ses taux et prévoit d'autres réductions, Miran se distingue

Publié le 18 Septembre 2025

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Etats-Unis: La Fed baisse ses taux et prévoit d'autres réductions, Miran se distingue

Etats-Unis: La Fed baisse ses taux et prévoit d'autres réductions, Miran se distingue

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par Howard Schneider et Ann Saphir

WASHINGTON (Reuters) -La Réserve fédérale américaine (Fed) a, comme prévu, réduit mercredi ses taux directeurs d'un quart de point de pourcentage et indiqué qu'elle baisserait progressivement ses coûts d'emprunt pour le reste de l'année, dans un contexte de craintes d'un affaiblissement du marché du travail.

Cette décision a été approuvée par la plupart des membres de la Fed nommés par le président Donald Trump. Seul son conseiller économique, Stephen Miran, devenu mardi l'un des gouverneurs de la Fed après son approbation par le Sénat, s'est prononcé en faveur d'une réduction d'un demi-point de pourcentage.

Lors de la conférence de presse qui a suivi la décision de la Fed, son président, Jerome Powell, a indiqué que la baisse de l'objectif de taux des fonds fédéraux, désormais dans une fourchette de 4,00%-4,25%, répondait à une gestion des risques, ajoutant qu'il ne ressentait pas le besoin d'agir rapidement sur les taux.

"À court terme, les risques d'inflation sont orientés à la hausse et ceux pour l'emploi à la baisse, ce qui représente une situation difficile" pour les responsables de la politique monétaire, a poursuivi Jerome Powell.

"Ce sont vraiment les risques que nous voyons sur le marché du travail qui ont été au centre de la décision d'aujourd'hui", a-t-il insisté.

"La demande de main-d'oeuvre a fléchi et le rythme récent des créations d'emplois semble être inférieur au point mort nécessaire pour maintenir le taux de chômage constant", a-t-il ajouté, notant que "le ralentissement marqué de l'offre et de la demande de salariés est inhabituel".

La baisse des taux directeurs de ce mercredi et les projections pour les deux dernières réunions de l'année montrent que les responsables de la Fed ont commencé à minimiser le risque que la politique commerciale défendue par Donald Trump alimente une inflation persistante. Deux réductions supplémentaires de taux de 25 points de base chacune sont attendues cette année, selon les projections de la Fed.

Selon Jerome Powell, la répercussion des droits de douane sur la hausse des prix pour les consommateurs a jusqu'à ici été faible, ce coût ayant été largement absorbé par les entreprises situées au milieu des chaînes d'approvisionnement.

"Il est évident qu'il y a une certaine répercussion", a-t-il dit, tout en ajoutant: les entreprises impliquées dans le commerce "vous diront qu'elles ont bien l'intention de répercuter (les droits de douane) à terme, mais elles ne le font pas actuellement", a-t-il développé.

"Depuis avril, pour moi, les risques d'une inflation plus élevée et plus persistante se sont probablement atténués, en partie parce que le marché du travail s'est assoupli et que la croissance du PIB a ralenti", a également noté Jerome Powell.

Les responsables de la banque centrale américaine sont désormais davantage préoccupés par l'affaiblissement de la croissance et la probabilité d'une remontée du taux de chômage. Avant la décision de ce mercredi, la dernière baisse des taux de la Fed remontait à décembre 2024.

Une très large majorité d'économistes interrogés par Reuters, soit 105 sur 107, avait estimé la semaine dernière que la banque centrale américaine recommencerait à réduire ses taux directeurs ce mercredi, avec une baisse de 25 points de base.

"Le Comité est attentif aux risques qui pèsent sur les deux volets de son double mandat et estime que les risques à la baisse pour l'emploi ont augmenté", écrit le FOMC, le comité de politique monétaire de la Fed, dans son communiqué publié à l'issue de deux jours de réunion.

"Les créations d'emplois ont ralenti et le taux de chômage a légèrement augmenté" ajoute le FOMC.

"RÉUNION APRÈS RÉUNION"

La médiane des nouvelles projections économiques montre que les responsables de la Fed tablent toujours sur une inflation à 3% en fin d'année, bien au-dessus de l'objectif de 2% de la banque centrale. Cette projection est inchangée par rapport aux prévisions de juin.

La projection pour le chômage est également inchangée à 4,5% et celle pour la croissance économique légèrement plus élevée à 1,6% contre 1,4% précédemment.

A Wall Street, les actions ont légèrement augmenté immédiatement après la décision de la Fed. Le Dow Jones a fini sur un gain de 0,57%, tandis que le S&P 500 a reculé de 0,09% et le Nasdaq de 0,32%.

Sur le marché des changes, le dollar prenait 0,32% face à un panier de devises de référence, après une baisse initiale à la suite de la décision de la Fed.

Le rendement des bons du Trésor à dix ans avançait de 4,8 points de base, à 4,0737%, et celui à deux ans de 4,1 points, à 3,55%. Les rendements ont baissé en séance avant d'inverser la tendance à la suite des déclarations de Jerome Powell.

La président de la Fed a dit que l'institution se trouvait dans une situation de "réunion après réunion" concernant les perspectives sur les taux d'intérêt.

ATTÉNUATION DU RISQUE DE STAGFLATION

Par rapport aux risques de stagflation soulignés dans les projections de juin où la Fed avait opté pour le statu quo pour éviter une résurgence de l'inflation, les nouvelles projections montrent toutefois que ses responsables commencent à penser qu'ils peuvent éviter une hausse du chômage en accélérant le rythme des réductions de taux, tandis que l'inflation ralentira lentement l'année prochaine.

Les responsables de la Fed se sont progressivement ralliés à l'idée que les droits de douane de Donald Trump n'auraient qu'un impact temporaire sur l'inflation, et les dernières prévisions reflètent cette perspective.

L'adoption d'un rythme de réduction plus régulier a été soutenue par le gouverneur de la Fed Christopher Waller, et la vice-présidente chargée de la supervision, Michelle Bowman, nommés par Donald Trump, qui étaient en désaccord avec la décision prise fin juillet de maintenir les taux inchangés.

Stephen Miran s'est opposé à la décision de ce mercredi et semble avoir prévu les réductions de taux les plus fortes dans les projections publiées après son arrivée au Conseil des gouverneurs mardi.

"Même si le marché considère les deux baisses supplémentaires (de taux) en 2025 comme accommodantes, je pense globalement que le message est plus agressif. Waller et Bowman n'ont pas voté pour une baisse de 50 points de base comme le marché l'avait anticipé, l'objectif de 2026 n'a pas baissé par rapport aux attentes du marché et la Fed continue de reconnaître une inflation persistante", a commenté Brij Khurana, gestionnaire obligataire chez Wellington Management.

Parmi ceux ayant voté en faveur de la décision de ce mercredi figure Lisa Cook, gouverneure de la Fed, qui a assisté à la réunion malgré les tentatives de Donald Trump pour la limoger de son poste.

Prié de commenter la situation de Lisa Cook, accusée par l'administration Trump d'irrégularités présumées dans des déclarations pour des prêts immobiliers, Jerome Powell a refusé de se prononcer sur ce dossier.

"Je considère qu'il s'agit d'une affaire judiciaire sur laquelle il serait inapproprié de ma part de faire un commentaire", a-t-il dit.

Une juge fédérale américaine a bloqué temporairement mardi la décision de Donald Trump de limoger Lisa Cook.

RESSERREMENT QUANTITATIF

Concernant le bilan de la Fed, Jerome Powell a souligné que la banque centrale se rapprochait du point où elle doit mettre un terme au resserrement quantitatif, une pratique consistant à réduire la liquidité dans le système financier, mais qu'elle n'était pas encore parvenue à ce point.

"Nous nous rapprochons" du point où la réduction des avoirs de la Fed en liquidités et en obligations pourra s'arrêter, a-t-il expliqué, notant que les réserves du système financier demeurent abondantes. Il a toutefois ajouté que le niveau de réduction actuel est relativement limité et n'a pas d'impact économique plus large.

(Howard Schneider, rédigé par Claude Chendjou, édité par Camille Raynaud)

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