Michelin: L'Amérique du Nord pèse sur le T3, deux objectifs 2026 abandonnés
PARIS (Reuters) - Michelin a fait état comme prévu mercredi d'une baisse de son chiffre d'affaires trimestriel imputable à une chute du marché nord-américain du poids lourd qui l'a conduit la semaine dernière à revoir en baisse ses prévisions de résultats annuels.
Le fabricant de pneumatiques a réalisé au troisième trimestre un chiffre d'affaires de 6,247 milliards d'euros, en baisse de 6,6%, inférieur au consensus de 6,336 milliards publié par la société sur la base de neuf estimations d'analystes.
Michelin avait indiqué le 13 octobre que son résultat opérationnel des secteurs de 2025 devrait maintenant se situer entre 2,6 et 3,0 milliards d'euros, contre plus de 3,4 milliards attendus jusqu'ici.
Il a ajouté mercredi renoncer également à ses objectifs 2026 d'un résultat opérationnel supérieur à 4,2 milliards et d'une marge opérationnelle de 14%, mais confirmé son ambition d'un free cash-flow avant acquisitions de 5,5 milliards en cumul sur 2024-2026.
Le groupe clermontois s'attend encore toutefois à une progression de son résultat par rapport à 2025, dont il précisera l'ampleur en février prochain. Lors d'une téléconférence de presse, le directeur financier Yves Chapot a également déclaré que la marge du groupe devrait progresser en 2026 par rapport à 2025.
"Au troisième trimestre, on a eu des vents contraires assez forts venant d'Amérique du Nord", a-t-il dit, ajoutant que hors de cette région, les volumes du groupe sont restés en hausse.
Michelin a été confronté aux Etats-Unis à un faisceau de facteurs négatifs. Il a mis fin en juillet à un contrat avec un grossiste américain en difficulté, qui l'a privé de volumes au troisième trimestre. "Ces volumes doivent être repris par d'autres grossistes, mais cette transition au lieu de se faire en trois mois, va plutôt se faire en six mois", a dit Yves Chapot.
Le groupe a également souffert du report d'une réglementation américaine durcissant les émissions des poids lourds et qui aurait dû inciter au renouvellement des véhicules, tandis que le marché agricole américain a été affecté par les représailles chinoises sur les importations américaines de soja, impact par ricochet des droits de douane de l'administration Trump.
UNE LIMITE AUX HAUSSES DE PRIX
Michelin estime à environ 500 millions d'euros l'impact total des hausses des droits de douane sur ses résultats de 2025-26, a poursuivi Yves Chapot.
Mardi, lors d'un déjeuner débat organisé par la Plateforme de la filière automobile (PFA), le directeur général du groupe Florent Menegaux a expliqué que tous les câbles d'acier utilisés pour renforcer les pneus fabriqués aux Etats-Unis étant importés, la surtaxe américaine de 30% sur l'acier avait surenchéri les pneumatiques produits sur le sol américain.
Il a également rappelé que les pneus miniers fabriqués par Michelin aux Etats-Unis et exportés vers le Canada avaient été frappés plusieurs mois durant par des droits de douane de 25% imposés par les autorités canadiennes en réponse aux menaces de Donald Trump.
Pour faire face à ces impacts, ainsi qu'au surcoût d'une centaine de millions d'euros induit par la nouvelle réglementation sur le caoutchouc naturel durable, Michelin peut réduire ses coûts et augmenter ses prix.
"Mais il y a une limite à ce que le marché est capable d'accepter", a précisé Yves Chapot. "Les 'tariffs' arrivent de manière tellement imprévue que nos équipes essaient de s'ajuster, de (les) répercuter, mais n'y arrivent pas forcément."
La marge de manoeuvre de Michelin sur ses prix, en moyenne plus élevés que la concurrence du fait de son positionnement premium, est également entravée en Europe par "d'importants flux d'import de pneus à bas prix" venus de Chine, notamment sur le marché du remplacement pour les voitures et les camionnettes.
"Les Etats unis sont en train de bloquer ce qui arrive de Chine, donc il y a une surcapacité massive de pneumatiques qui est disponible en Chine", a dit Florent Menegaux mardi. "Le seul autre gros marché s'appelle l'Europe. Donc on va avoir une déferlante de pneus chinois."
Le directeur général de Michelin, qui observe également que les distributeurs de pneumatiques ont même loué des espaces complémentaires pour stocker les pneus importés, en appelle à la Commission européenne pour qu'elle boucle, comme elle l'a promis, son enquête anti-dumping sur les pneus importés d'Asie d'ici la fin de l'année avec effet rétroactif jusqu'en octobre.
(Reportage Gilles Guillaume et Mathias de Rozario, édité par Augustin Turpin et Kate Entringer)
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