L'Europe finit dans le vert, une levée du "shutdown" attendue aux USA
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé mercredi dans le vert une séance marquée par l'appétit pour les actifs risqués et le recul de la volatilité alors que les traders anticipent la fin de la paralysie de l'administration fédérale américaine, ce qui a propulsé certains indices à des niveaux sans précédent.
À Paris, le CAC 40 a fini sur un gain de 1,04% à 8.241,24 points, après un record en séance à 8.280,97 points. Le Footsie britannique, qui a battu mardi son propre record, a avancé de 0,12%. Le Dax allemand a progressé de 1,22%.
L'indice EuroStoxx 50 a gagné 1,06% après avoir atteint en séance un pic historique à 5.804,66 points. Le FTSEurofirst 300 a pris 0,78%, tandis que le Stoxx 600 s'est adjugé 0,71% après un record en séance à 585,46 points.
A Wall Street, le Dow Jones, qui a battu mardi un record en clôture, avance encore de 0,69%, à un nouveau sommet, à l'heure de la clôture en Europe. Au même moment, le Standard & Poor's 500 recule cependant de 0,16% et le Nasdaq de 0,69%, malgré un bond de 9,81% d'AMD, qui a dit anticiper un chiffre d'affaires annuel de 100 milliards de dollars pour ses puces destinées aux centres de données d'ici cinq ans.
La tendance sur les marchés d'actions en Europe et aux Etats-Unis est globalement positive, comme en témoigne l'ouverture dans le vert à Wall Street et la baisse de la volatilité (-0,62%) sur l'Euro Stoxx 50.
Sur le plan politique, la Chambre américaine des représentants doit se prononcer dans la soirée sur un projet de loi destiné à mettre fin à la paralysie de l'administration fédérale, un texte approuvé lundi par le Sénat.
Cette paralysie, baptisée "shutdown", la plus longue de l'histoire des Etats-Unis, a empêché la publication de données économiques essentielles à la prise de décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) alors que le marché cherche des indices sur l'évolution de l'économie et la trajectoire des taux d'intérêt.
"Le fait que nous ayons finalement mis fin au shutdown se traduit par une forme de soulagement sur le fait qu'il n'y aura pas de ralentissement significatif de la croissance dû au shutdown", anticipe Michael Metcalfe, directeur de la stratégie macro chez State Street.
Les anticipations d'une levée du "shutdown" ont d'abord profité en Europe aux valeurs de la consommation (+0,75%), dont le luxe (+1,80%), ainsi qu'aux ressources de base (+1,22%) et au secteur bancaire (+1,52%), dans le sillage de la tendance observée à Wall Street, notamment dans la finance (+0,94%) et la banque (+1,41%), dont l'indice sectoriel a battu un record en séance.
VALEURS EN EUROPE
Edenred a chuté de 4,01% en réaction à un nouveau cadre réglementaire sur les titres-restaurant au Brésil, qui pourrait peser sur ses résultats 2026. Son concurrent Pluxee a plongé de 6,66%, en queue du SBF120.
ABN Amro a pris 2,55% après la publication par le groupe d'un bénéfice trimestriel supérieur aux attentes du marché et l'annonce de l'acquisition de NIBC Bank.
RWE a bondi de 9,13% grâce à un Ebitda ajusté sur neuf mois supérieur aux attentes, soutenu par la cession d'un projet en Grande-Bretagne.
Infineon a grimpé de 6,92% à la faveur du relèvement de sa prévision annuelle de ventes de puces d'intelligence artificielle utilisées dans les centres de données.
Bayer a progressé de 5,94% après la publication par le groupe d'un Ebitda ajusté supérieur aux attentes grâce notamment à sa division agronomie.
SSE s'est envolé de 16,84%, le groupe britannique ayant dévoilé un plan d'investissement quinquennal de 33 milliards de livres (37,42 milliards d'euros) visant à moderniser les réseaux électriques réglementés au Royaume-Uni et son activité dans les énergies renouvelables.
LES INDICATEURS DU JOUR
L'inflation allemande calculée selon les normes européennes (IPCH) a ralenti à 2,3% sur un an en octobre, confirmant les données fournies en première estimation par l'Office fédéral de la statistique.
CHANGES
Le dollar grappille 0,02% face à un panier de devises de référence, alors que les cambistes évaluent l'impact d'une possible avalanche de publications économiques sur la politique monétaire avec la levée probable du "shutdown".
L'euro monte de 0,11%, à 1,1593 dollar.
La livre sterling s'échange à 1,3130 dollar, en repli de 0,15%, malgré le démenti du secrétaire d'Etat britannique à la Santé, Wes Streeting, sur un possible "complot" contre le Premier ministre, Keir Starmer.
TAUX
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans baisse de 5,4 points de base, à 4,0558%, avant le vote sur le "shutdown". Le marché intègre par ailleurs actuellement une probabilité de 63% d'une réduction de 25 points de base des taux de la Fed en décembre, selon l'outil FedWatch de CME Group.
Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a fini en repli de 1,1 point de base, à 2,6465%, suivant la tendance aux Etats-Unis.
L'écart entre le Bund et l'OAT française à dix ans s'est réduit, à environ 73 points de base, alors que les députés français ont adopté mercredi en première lecture la suspension de la réforme de 2023 sur les retraites.
Le rendement des obligations japonaises à 20 ans a atteint mercredi son plus haut niveau en près d'un mois, sur fond d'inquiétude quant aux projets de la Première ministre Sanae Takaichi, partisane d'une politique budgétaire expansive.
PÉTROLE
Le marché pétrolier chute mercredi, pénalisé par les craintes d'une surproduction, l'Opep ayant déclaré que l'offre mondiale de brut correspondrait à la demande en 2026, opérant ainsi un nouveau revirement par rapport à ses projections précédentes d'un déficit.
Le Brent reflue de 3,73% à 62,73 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 4,14% à 58,51 dollars.
Les deux références du pétrole avaient pris mardi respectivement 1,7% et 1,5%.
(Rédigé par Claude Chendjou)