Royaume-Uni: La BoE s'oppose à une révision des règles de cloisonnement des activités des banques, selon des sources
par Phoebe Seers et Tommy Reggiori Wilkes
LONDRES (Reuters) - La Banque d'Angleterre (BoE) se prépare à assouplir certaines règles sur les banques britanniques mais s'oppose à une modification en profondeur des mesures visant à cloisonner leurs activités comme réclamée par le secteur, ont rapporté à Reuters des sources.
Dans le cadre des mesures prises après la crise financière de 2008, les banques doivent séparer leurs activités de détail des autres activités comme la banque d'investissement, afin d'épargner les déposants et les contribuables d'une éventuelle secousse dans le système financier.
En juillet, la ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, s'est cependant engagée à procéder à une réforme "majeure" dans le cadre des initiatives lancées par le gouvernement pour réduire les formalités administratives afin de stimuler la croissance économique du pays.
Les règles actuelles s'appliquent aux banques qui détiennent plus de 35 milliards de livres (39,7 milliards d'euros) de dépôts des particuliers. Elles concernent les banques Lloyds, NatWest, HSBC, Barclays et Santander UK. Ses détracteurs affirment que le cloisonnement actuel des activités entrave la compétitivité internationale de la Grande-Bretagne et que sa suppression permettrait de libérer davantage de liquidités pour des prêts.
Les banques font pression auprès du ministère britannique des Finances - qui a le dernier mot sur d'éventuelles modifications des règles - afin d'être autorisées à utiliser une partie de ces 35 milliards de livres pour financer d'autres activités, notamment dans la banque d'investissement, ont précisé des sources au sein de deux établissements bancaires.
Les responsables de l'autorité de régulation de la BoE, la Prudential Regulation Authority (PRA), sont cependant opposés à une telle proposition, qu'ils présentent comme une tentative pour mettre fin au cloisonnement des activités, a dit l'une des sources, sous couvert d'anonymat.
La BoE se dit en revanche prête à des changements plus modestes, comme l'autorisation de partager des fonctions essentielles de "back-office" entre les deux entités et l'autorisation d'activités comme les dérivés classiques dits "vanille" (instrument financier établissant un contrat entre un acheteur et un vendeur) à l'intérieur de l'unité cloisonnée, a ajouté la source.
D'après les sources, il serait plus facile d'amender les règles sur l'interdiction des services partagés, car elles font partie du cadre réglementaire de la Prudential Regulation Authority (PRA).
La PRA s'est refusée à tout commentaire, tandis que le ministère des Finances n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.
"LA MEILLEURE CHOSE À FAIRE"
Rachel Reeves s'est engagée en juillet dernier en faveur d'une réforme du cloisonnement, estimant que la réglementation actuelle constituait un "boulet" pour les entreprises.
Le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, de son côté, ne partage pas cet avis et a souligné le même mois que les autorités de régulation "ne pouvaient pas faire de compromis sur la stabilité financière de base".
Selon l'un des dirigeants des banques commerciales britanniques, les règles ne prennent pas en compte la situation actuelle sur le marché de la banque de détail. Il note par exemple que JP Morgan a considérablement développé sa banque de détail Chase Bank en Grande-Bretagne sans toutefois être soumis aux mesures de cloisonnement, car elle n'a pas atteint le seuil limite où les banques ne peuvent plus utiliser les dépôts des épargnants pour d'autres activités.
Un responsable d'une autre banque a présenté l'accès aux 35 milliards de livres comme la "meilleure chose à faire" avec la suppression définitive de ces règles.
Barclays, qui a créé une division de services distincte pour ses banques de détail et d'investissement, est le seul grand établissement bancaire britannique à être favorable aux règles actuelles.
La PRA devrait présenter ses propositions de réforme au ministère des Finances début 2026, a dit l'une des sources.
(Reportage Phoebe Seers et Tommy Reggiori Wilkes, version française Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)