
Michel PAULIN
Directeur général de OVHcloud
Capter la croissance exponentielle du marché du cloud
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Publié le 08 Octobre 2021

Pourriez-vous s’il vous plaît commencer en nous présentant rapidement OVHcloud ?
L’activité de votre entreprise est florissante. Pouvez-vous nous présenter quelques éléments à ce
sujet ?
Le secteur où nous évoluons est en effet en pleine expansion, et nous sommes idéalement placés pour profiter de la forte croissance du marché du cloud. En 2020, OVHcloud a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 632 millions d’euros, assorti d’un Ebitda ajusté de 263 millions d’euros et d’un Ebitda courant de 255 millions d’euros. Sur ces résultats, les ventes en France représentent 52 % du total, marquant bien la part croissante de notre activité à l’international. Un chiffre résume la bonne santé et la dynamique de l’entreprise au fil des ans : en moyenne sur les dix dernières années, le taux de croissance annuel moyen de notre chiffre d’affaires est supérieur à 20 %.
Quelles sont les tendances profondes de l’écosystème dans lequel vous évoluez ?
La caractéristique de notre marché, c’est d’être soutenu par une demande aussi forte que durable. Le cloud, est à la racine de la transformation numérique de l’économie, que ce soit pour les entreprises nées dans l’ère du cloud, les entreprises qui intègrent progressivement ces nouvelles technologies et les institutions qui s’engagent dans cette révolution. Cette croissance est aussi portée par la génération exponentielle de données à calculer, stocker et sécuriser et par les enjeux de souveraineté numérique. A l’heure où toutes les activités humaines sont embarquées dans la révolution numérique, nous comptons être au rendez-vous pour accompagner nos clients et leur permettre de tirer tout le potentiel des dernières innovations technologiques : gestion de bases de données, machine learning, développement d’intelligences artificielles… Notre modèle multi-cloud et cloud hybride offre, dans ce contexte porteur, des solutions ouvertes, interopérables et réversibles. Enfin, basé en Europe, OVHcloud est de facto dissocié des opérations américaines. Nos solutions offrent ainsi une immunité totale face aux lois extraterritoriales.
À l’inverse d’autres acteurs de votre secteur, vous vous singularisez par un modèle intégré et une approche verticale…
En effet, nous sommes le seul acteur à être verticalement intégré. Ce choix stratégique a été fait très tôt par son fondateur Octave Klaba. Il nous apporte une capacité d’innovation inégalée et nous permet de contrôler l’ensemble de notre chaîne de valeur. Notre organisation verticale recouvre la fabrication de nos serveurs, l’exploitation des centres de données, les ressources réseau et la gestion de l’infrastructure informatique et permet d’ajuster au mieux le coût des prestations que nous proposons à nos clients et de les rendre prévisibles. Une stratégie payante si l’on pense à nos 1,6 millions de clients actuels à travers le monde !
Dans un domaine sur lequel place une lourde empreinte écologique, cette question fait-elle partie de vos priorités ?
Absolument. Pionnier en la matière, nous voulons faire d’OVHcloud un champion du cloud durable. Nous avons pu réduire de manière compétitive l’énergie consommée par nos centres de données grâce à notre technologie exclusive de refroidissement par l’eau, qui nous permet d’économiser de l’eau puisqu’elle fonctionne en circuit fermé. Nous utilisons ainsi des serveurs de second et troisième cycle de vie dans une démarche d’économie circulaire. 100 % de nos composants sont triés et valorisés, et déjà en 2020, 79 % de l’énergie que nous avons utilisée était renouvelable. Nous avons des objectifs ambitieux. D’ici 2025, nous visons la neutralité carbone en ce qui concerne les émissions directes et 100 % d’énergie renouvelable. D’ici 2030, nous souhaitons que notre activité soit entièrement neutre en carbone. Ce sont des objectifs sur lesquels nous nous engageons pour rester un acteur reconnu du cloud durable, et cela est intimement lié à notre capacité d’innovation.
Quelle est la stratégie de votre déploiement commercial à moyen terme ?
Notre stratégie repose sur quatre piliers. En premier lieu, développer les segments de clientèle clés sur nos principaux marchés : sociétés de technologies et de logiciels, PME, grandes entreprises, entreprises publiques, partenaires en marque blanche et revendeurs. En deuxième lieu, élargir notre marché potentiel en intégrant de nouvelles offres et des solutions PaaS (Platform as a Service : les outils nécessaires aux développeurs) liées aux nouvelles utilisations du cloud. Celles-ci s’appliquent par exemple au calcul haute performance exigé par l’intelligence artificielle et le machine learning, à la gestion de base de données ou à la sécurité de données. En troisième lieu, consolider notre leadership européen et nous développer au-delà de l’Europe. Nous sommes présents en Amérique du Nord depuis 2012, et souhaitons accélérer notre développement sur le continent américain, en Asie et en Australie. Enfin, quatrième levier, mettre en œuvre une stratégie de croissance externe ciblée et créatrice de valeur.
Comment l’IPO que vous lancez s’intègre-t-elle dans cette stratégie ?
Concrètement, nous cherchons à lever 350 millions d’euros, avec une offre secondaire de 50 millions d’euros pouvant être augmentée de 60 millions d’euros. Grâce à cette levée, notre objectif est d’accélérer fortement notre trajectoire de croissance, de renforcer notre position de leader en Europe et poursuivre notre conquête à l’international. La demande de nos clients est grandissante, surtout en matière de souveraineté et de sécurité des données. Nous entendons bien y répondre afin de capter la croissance exponentielle du marché du cloud. A horizon 2025, nous ambitionnons de porter la croissance de notre chiffre d’affaires autour de 25 % par an, grâce à l’accélération de la demande sur nos segments de marché et à notre croissance accélérée à l’international. Signe fort d’engagement pour renforcer cette dynamique, aucun dividende ne sera versé à moyen terme : l’ensemble du cash-flow sera au contraire réinvesti pour encourager la trajectoire de croissance que nous anticipons.
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Interview réalisée par Aymeric Jeanson