Emmanuel de La Ville
Fondateur et Président d'Ethifinance
Prix de l'entreprise citoyenne cotée en bourse : nous avons été intéressés par la volonté de ce Prix de réconcilier le grand public avec la bourse et donc le financement des entreprises
Publié le 15 Juillet 2022
Pouvez-vous nous rappeler qui est EthiFinance?
EthiFinance est une agence de notation indépendante spécialisée dans la double matérialité. Créée en 2017, la société découle du rapprochement de deux entités fondées en 2004, l’une dédiée à la notation financière (Spread Research) et l’autre consacrée à la notation extra financière (EthiFinance).
Cette alliance s’appuie sur la conviction que le financier et l’extra financier sont les deux faces d’une même pièce pour évaluer la performance globale d’une entreprise.
EthiFinance compte aujourd’hui plus d’une centaine de personnes réparties sur Paris, Lyon, Madrid, Grenade.
Notre activité connait une forte dynamique. C’est pourquoi, afin d’atteindre notre ambition de devenir une référence au niveau européen, nous avons enclenchée une levée de fonds auprès d’investisseurs institutionnels.
De quelle manière se caractérise votre indépendance ?
Un family office est détenteur de la majorité du capital d’EthiFinance et nous avons plusieurs membres du Conseil qui sont des indépendants.
EthiFinance est focalisée sur l’évaluation des moyennes capitalisations. Pourquoi ?
Les moyennes capitalisations constituent un segment dont on ne parle pas suffisamment alors qu’il représente le tissu principal en Europe et qu’elles montrent à certains égards de bonnes pratiques de développement durable.
Ayant moi-même une expérience de terrain, j’ai eu la volonté de défendre ces entreprises qui sont moins visibles, et qui sont ancrées dans une conciliant souvent développement économique avec celui de l’humain et du respect de l’environnement.
En outre, il n’y avait pas vraiment d’acteur spécialisé sur ce segment.
Enfin, et surtout, il y avait une réelle demande inasouvie de la part des investisseurs d’avoir davantage d’informations extra financières sur les PME-ETI.
Quelle conception avez-vous d’une moyenne capitalisation ?
Pour EthiFinance, une moyenne capitalisation est une société ayant une capitalisation boursière comprise entre 150 millions et 10 milliards d’euros. Cela représente environ 2300 entreprises en Europe.
Ne font partie de notre univers, cependant, les sociétés qui ont un flottant très faible, en dessous de 75 millions d’euros.
En quoi votre méthodologie d’évaluation extra financière se distingue t-elle ?
Notre méthodologie est différenciante en ce qu’elle est basée sur deux sources d’informations : les dires des entreprises, et les dires des parties prenantes des entreprises.
Parce que les moyennes capitalisations publient moins d’informations extra financières que les grandes capitalisations ; il y a dans la grande majorité des cas, un dialogue direct des analystes d’EthiFinance avec les entreprises évaluées pour obtenir les renseignements supplémentaires requis. En outre, la taille de l’entreprise est clairement prise en compte dans les questions posées et les critères considérés.
De combien de critères se compose votre référentiel ?
Nous avons un référentiel unique qui se compose de 89 critères notées équipondérés et 50 critères non notées, pour la plupart chiffrées. Ces critères intéressent les composantes environnement, social, gouvernance et parties prenantes externes (relations avec les fournisseurs et les clients) qui sont pondérés différemment. Ainsi, nous accordons plus d’importance à la gouvernance, qui représente 40% de la note.
Nous distinguons trois macro secteurs : l’industrie, la distribution et les services. L’enjeu environnemental est plus significativement appréhendé dans le secteur industriel que dans celui des services.
Nous revoyons nos critères tous les ans, pour jauger de leur obsolescence. Par exemple, nous avons été amenés à retirer certains critères en lien avec la lutte contre la corruption, en raison de l’exigence imposée par la loi Sapin. Et nous avons récemment intégré des éléments sur la biodiversité.
Comment justifiez-vous la surpondération de la composante gouvernance ?
Au sein des moyennes capitalisations, la décision que prend le directeur général est très influente, car il maitrise l’ensemble des versants de son entreprise.
De nombreux fondateurs sont actionnaires et siègent dans les conseils d’administration. Nous cherchons à nous assurer de l’existence de contre-pouvoirs divers, notamment par l’intégration de membres dans ce conseil réellement indépendants et capables d’exprimer un avis différent de celui du président.
Comment se présente votre score final ?
Notre score final est établi sur 100 points. A partir de cette année, les entreprises évaluées auront un malus, si elle se voient associer une controverse. L’ampleur de ce malus est étroitement liée à la gravité de la controverse.
De quelle manière vérifiez-vous la fiabilité des données transmises par les entreprises ?
Tout d’abord, il y a une revue des controverses
Pour nous aider à faire en sorte que cette revue des controverses devienne systématique, nous avons en 2021 noué un partenariat avec une fintech, SESAMM, pour récupérer un flux d’informations pertinent sur les entreprises de notre univers.
En conséquence, chaque information négative remontée, est prise en compte et qualifiée en termes de gravité sur une échelle de notation ascendante de 1 à 5, 5 correspondant à une lourde incidence déjà largement relayée.
Par ailleurs, pour repérer si certaines données sont correctes ou incohérentes, nous avons également à notre disposition des formules de vérification des points d’entrée. Le contrôle est fait par rapport à l’historique des déclarations faites par les entreprises à N-1, et par rapport à la moyenne établie au sein des paires, autrement dit dans la catégorie des entreprises similaires.
Quel regard portez-vous sur le processus en cours de standardisation des reportings des données extra financière ?
Ce processus a vocation à faire évoluer le métier d’agence de notation. Nous consacrerons moins de temps à collecter de l’information, et nous ne nous arrêterons pas à une évaluation de la performance à l’instant présent. Nous chercherons à percevoir la trajectoire de la performance extra financière.
Nous nous inscrirons dans une démarche prospective… Dit autrement, nous étudierons les données disponibles pour déterminer comment l’entreprise est encline à se comporter au cours des prochaines années.
En guise d’illustration, si l’on se réfère aux exigences de la taxonomie européenne, nous ne regarderons pas uniquement si l’entreprise a des activités éligibles, mais si elle sera alignée à moyen – long terme avec les objectifs qu’elle s’est assignée. Il sera alors question de se pencher sur l’aptitude des membres du conseil d’administration qui vont décider de la cible à atteindre pour être aligné avec la Taxonomie et sur les capacités de l’entreprise en matière de capital humain pour atteindre cette destination cible.
Etes-vous d’avis qu’il y ait un lien étroit entre performance extra financières et performance financière ?
Chaque année, nous prenons les 70 meilleures entreprises françaises sur le plan extra financier et nous mesurons leur comportement boursier par rapport à leurs pairs, le CMS 190. Nous constatons alors qu’il y a un lien de corrélation entre la dimension extra financière et la dimension financière.
Si nous jugeons qu’une entreprise a pris une bonne direction et qu’elle est bien équipée pour arriver à bon port, elle sera vraisemblablement perçue positivement par les marchés et verra sa valorisation boursière s’apprécier.
Vous avez consenti à être partenaire du Prix de l’entreprise citoyenne cotée en bourse mis en place par EasyBourse avec le soutien de sa maison mère La Banque Postale. Quelle vision avez-vous de ce Prix ?
Nous n’avons pas hésité à apporter notre soutien au Prix de l’entreprise citoyenne cotée en bourse lorsque sa raison d’être et sa méthodologie sous- jacente nous ont été présentées.
Ce Prix vise à réconcilier le grand public avec la bourse et donc le financement d’entreprises qui ont besoin de fonds pour croitre et se développer.
C’est cette volonté de mettre la finance soit au service de l’économie, d’œuvrer dans le sens d’un rapprochement des planètes, qui nous a particulièrement intéressé dans ce prix.
Un alignement de la raison d’être de ce projet avec la raison d’être de notre agence de notation.
EthiFinance est une agence de notation indépendante spécialisée dans la double matérialité. Créée en 2017, la société découle du rapprochement de deux entités fondées en 2004, l’une dédiée à la notation financière (Spread Research) et l’autre consacrée à la notation extra financière (EthiFinance).
Cette alliance s’appuie sur la conviction que le financier et l’extra financier sont les deux faces d’une même pièce pour évaluer la performance globale d’une entreprise.
EthiFinance compte aujourd’hui plus d’une centaine de personnes réparties sur Paris, Lyon, Madrid, Grenade.
Notre activité connait une forte dynamique. C’est pourquoi, afin d’atteindre notre ambition de devenir une référence au niveau européen, nous avons enclenchée une levée de fonds auprès d’investisseurs institutionnels.
De quelle manière se caractérise votre indépendance ?
Un family office est détenteur de la majorité du capital d’EthiFinance et nous avons plusieurs membres du Conseil qui sont des indépendants.
EthiFinance est focalisée sur l’évaluation des moyennes capitalisations. Pourquoi ?
Les moyennes capitalisations constituent un segment dont on ne parle pas suffisamment alors qu’il représente le tissu principal en Europe et qu’elles montrent à certains égards de bonnes pratiques de développement durable.
Ayant moi-même une expérience de terrain, j’ai eu la volonté de défendre ces entreprises qui sont moins visibles, et qui sont ancrées dans une conciliant souvent développement économique avec celui de l’humain et du respect de l’environnement.
En outre, il n’y avait pas vraiment d’acteur spécialisé sur ce segment.
Enfin, et surtout, il y avait une réelle demande inasouvie de la part des investisseurs d’avoir davantage d’informations extra financières sur les PME-ETI.
Quelle conception avez-vous d’une moyenne capitalisation ?
Pour EthiFinance, une moyenne capitalisation est une société ayant une capitalisation boursière comprise entre 150 millions et 10 milliards d’euros. Cela représente environ 2300 entreprises en Europe.
Ne font partie de notre univers, cependant, les sociétés qui ont un flottant très faible, en dessous de 75 millions d’euros.
En quoi votre méthodologie d’évaluation extra financière se distingue t-elle ?
Notre méthodologie est différenciante en ce qu’elle est basée sur deux sources d’informations : les dires des entreprises, et les dires des parties prenantes des entreprises.
Parce que les moyennes capitalisations publient moins d’informations extra financières que les grandes capitalisations ; il y a dans la grande majorité des cas, un dialogue direct des analystes d’EthiFinance avec les entreprises évaluées pour obtenir les renseignements supplémentaires requis. En outre, la taille de l’entreprise est clairement prise en compte dans les questions posées et les critères considérés.
De combien de critères se compose votre référentiel ?
Nous avons un référentiel unique qui se compose de 89 critères notées équipondérés et 50 critères non notées, pour la plupart chiffrées. Ces critères intéressent les composantes environnement, social, gouvernance et parties prenantes externes (relations avec les fournisseurs et les clients) qui sont pondérés différemment. Ainsi, nous accordons plus d’importance à la gouvernance, qui représente 40% de la note.
Nous distinguons trois macro secteurs : l’industrie, la distribution et les services. L’enjeu environnemental est plus significativement appréhendé dans le secteur industriel que dans celui des services.
Nous revoyons nos critères tous les ans, pour jauger de leur obsolescence. Par exemple, nous avons été amenés à retirer certains critères en lien avec la lutte contre la corruption, en raison de l’exigence imposée par la loi Sapin. Et nous avons récemment intégré des éléments sur la biodiversité.
Comment justifiez-vous la surpondération de la composante gouvernance ?
Au sein des moyennes capitalisations, la décision que prend le directeur général est très influente, car il maitrise l’ensemble des versants de son entreprise.
De nombreux fondateurs sont actionnaires et siègent dans les conseils d’administration. Nous cherchons à nous assurer de l’existence de contre-pouvoirs divers, notamment par l’intégration de membres dans ce conseil réellement indépendants et capables d’exprimer un avis différent de celui du président.
Comment se présente votre score final ?
Notre score final est établi sur 100 points. A partir de cette année, les entreprises évaluées auront un malus, si elle se voient associer une controverse. L’ampleur de ce malus est étroitement liée à la gravité de la controverse.
De quelle manière vérifiez-vous la fiabilité des données transmises par les entreprises ?
Tout d’abord, il y a une revue des controverses
Pour nous aider à faire en sorte que cette revue des controverses devienne systématique, nous avons en 2021 noué un partenariat avec une fintech, SESAMM, pour récupérer un flux d’informations pertinent sur les entreprises de notre univers.
En conséquence, chaque information négative remontée, est prise en compte et qualifiée en termes de gravité sur une échelle de notation ascendante de 1 à 5, 5 correspondant à une lourde incidence déjà largement relayée.
Par ailleurs, pour repérer si certaines données sont correctes ou incohérentes, nous avons également à notre disposition des formules de vérification des points d’entrée. Le contrôle est fait par rapport à l’historique des déclarations faites par les entreprises à N-1, et par rapport à la moyenne établie au sein des paires, autrement dit dans la catégorie des entreprises similaires.
Quel regard portez-vous sur le processus en cours de standardisation des reportings des données extra financière ?
Ce processus a vocation à faire évoluer le métier d’agence de notation. Nous consacrerons moins de temps à collecter de l’information, et nous ne nous arrêterons pas à une évaluation de la performance à l’instant présent. Nous chercherons à percevoir la trajectoire de la performance extra financière.
Nous nous inscrirons dans une démarche prospective… Dit autrement, nous étudierons les données disponibles pour déterminer comment l’entreprise est encline à se comporter au cours des prochaines années.
En guise d’illustration, si l’on se réfère aux exigences de la taxonomie européenne, nous ne regarderons pas uniquement si l’entreprise a des activités éligibles, mais si elle sera alignée à moyen – long terme avec les objectifs qu’elle s’est assignée. Il sera alors question de se pencher sur l’aptitude des membres du conseil d’administration qui vont décider de la cible à atteindre pour être aligné avec la Taxonomie et sur les capacités de l’entreprise en matière de capital humain pour atteindre cette destination cible.
Etes-vous d’avis qu’il y ait un lien étroit entre performance extra financières et performance financière ?
Chaque année, nous prenons les 70 meilleures entreprises françaises sur le plan extra financier et nous mesurons leur comportement boursier par rapport à leurs pairs, le CMS 190. Nous constatons alors qu’il y a un lien de corrélation entre la dimension extra financière et la dimension financière.
Si nous jugeons qu’une entreprise a pris une bonne direction et qu’elle est bien équipée pour arriver à bon port, elle sera vraisemblablement perçue positivement par les marchés et verra sa valorisation boursière s’apprécier.
Vous avez consenti à être partenaire du Prix de l’entreprise citoyenne cotée en bourse mis en place par EasyBourse avec le soutien de sa maison mère La Banque Postale. Quelle vision avez-vous de ce Prix ?
Nous n’avons pas hésité à apporter notre soutien au Prix de l’entreprise citoyenne cotée en bourse lorsque sa raison d’être et sa méthodologie sous- jacente nous ont été présentées.
Ce Prix vise à réconcilier le grand public avec la bourse et donc le financement d’entreprises qui ont besoin de fonds pour croitre et se développer.
C’est cette volonté de mettre la finance soit au service de l’économie, d’œuvrer dans le sens d’un rapprochement des planètes, qui nous a particulièrement intéressé dans ce prix.
Un alignement de la raison d’être de ce projet avec la raison d’être de notre agence de notation.
Imen Hazgui