Marina Cohen
Responsable de la gestion High Yield en Europe chez Amundi
Obligations à haut rendement en 2026 : un rendement attractif avec un risque maîtrisé
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Publié le 12 Décembre 2025
En 2025, la performance du marché du haut rendement s’élève à environ 5 %. Elle s’explique principalement par le portage, soit l’accumulation des coupons perçus, qui reste comme souvent le moteur essentiel de la classe d’actifs. À cela s’ajoute un resserrement des primes de crédit d’environ 30 points de base sur l’ensemble de l’année, ce qui a contribué positivement à la performance totale.
En 2025, la performance du marché du haut rendement s’élève à environ 5 % 
Quels sont les principaux facteurs qui expliquent cette performance positive ?
Plusieurs éléments y ont contribué. Le contexte macroéconomique a été plutôt favorable, sans récession, alors même que la mise en place des droits de douane aurait pu peser sur la croissance et sur la confiance des acteurs économiques. La résilience de l’activité a donc été un facteur clé.
La résilience de l’activité a été un facteur clé 
La situation financière des entreprises est restée globalement saine 
Enfin, les facteurs techniques ont été très favorables.
Les facteurs techniques ont été très favorables 
Les souscriptions ont représenté près de 10% de la classe d’actifs depuis le début de l’année.
Comment situer cette performance de 5 % par rapport à la moyenne historique ?
On peut considérer que 2025 est une année de portage assez “typique”. La performance s’inscrit dans une norme historique pour le haut rendement lorsque l’environnement macroéconomique est stable, sans choc majeur. Historiquement, il y a eu des années bien plus fortes.
La performance robuste s’inscrit dans une norme historique 
Que peut-on dire du marché primaire des obligations d’entreprises en 2025 ?
Le marché primaire a été très dynamique, avec, à date, plus de 130 milliards d’euros de nouvelles émissions d’entreprises. Pour retrouver un tel volume, il faut remonter à 2021, où l’on était autour de 150 milliards d’euros. Si l’on ajoute les émissions des banques, il faut rajouter une trentaine de milliards, ce qui porte le total à un niveau historiquement élevé.
Le marché primaire a été très dynamique, avec, à date, plus de 130 milliards d’euros de nouvelles émissions 
Le montant net tend à augmenter lorsqu’il y a beaucoup d’opérations de fusions-acquisitions ou des opérations à effet de levier réalisées par des fonds d’investissement. Il y en a eu, mais sans atteindre des niveaux exceptionnels.
Ce volume important d’émissions a-t-il pesé sur le marché ?
Non, car l’essentiel a servi au refinancement. Le risque, sur le marché primaire, est d’avoir un volume d’émissions trop important par rapport à la demande, ce qui peut déséquilibrer le marché et peser sur les spreads. En 2025, cela n’a pas été le cas.
Ce volume n'a pas eu d'impact négatif car l'essentiel a servi au refinancement 
On observe notamment que beaucoup d’entreprises qui avaient émis à des niveaux de rendement assez élevés en 2023 se sont refinancées avant l’échéance, profitant de conditions plus favorables. C’est une caractéristique du marché du haut rendement : la plupart des obligations laissent à l’émetteur la possibilité de se refinancer avant la maturité lorsque les conditions s’améliorent. C’est ce que l’on a vu sur de nombreux dossiers cette année.
Que peut-on dire des taux de défaut en 2025 par rapport à ce qui était anticipé ?
2025 est une année particulière en matière de défauts. Lorsque l’on regarde les taux de défaut, il faut distinguer le nombre de défauts et leur montant, une nuance essentielle pour apprécier le risque réel supporté par les investisseurs.
2025 est une année particulière en matière de défauts 
En revanche, on a connu quelques défauts de taille importante.
On a connu quelques défauts de taille importante sans remettre en cause la stabilité globale du marché 
Comment expliquer que ces défauts aient porté sur des émetteurs de grande taille ?
Les entreprises concernées présentaient toutes un niveau d’endettement élevé, souvent accumulé dans un environnement de taux historiquement bas.
Les entreprises concernées présentaient toutes un niveau d’endettement élevé 
Ces sociétés appartiennent en outre à des secteurs qui ont connu leurs propres difficultés structurelles ou conjoncturelles. C’est par exemple le cas de l’emballage en verre, qui a été touché par la hausse des coûts de l’énergie et par des pressions sur les marges, ou encore des télécommunications, confrontées à une concurrence intense et à des besoins d’investissement importants. Ces fragilités sectorielles spécifiques ont été amplifiées par la hausse des taux, sans que cela soit lié à une récession généralisée, ce qui explique le caractère ciblé et non systémique de ces défauts.
Avez-vous enregistré des défauts au sein de votre gestion en 2025 ?
Non, il n’y a pas eu de défaut dans le cadre de notre gestion cette année. C’est un point important à souligner.
Il n’y a pas eu de défaut dans le cadre de notre gestion cette année
Qu’en est-il des dégradations de notation et des “anges déchus” en 2025 ?
Il y a eu quelques “anges déchus”, dits « fallen angels », notamment dans le secteur de la chimie, avec par exemple l’arrivée sur le marché du haut rendement de certains émetteurs de ce secteur. Ces dégradations reflètent davantage des pressions sectorielles et cycliques que des dérives financières généralisées.
Nous avons observé plus de situations d’émetteurs repassant en catégorie d’investissement, dits « rising stars » ou « étoiles montantes
Globalement, l’Europe a plutôt bien tenu son rôle de “bonne élève” par rapport, par exemple, au marché américain du haut rendement où l’on a compté davantage d’anges déchus. Cette dynamique contribue à renforcer l’attrait relatif du marché européen du haut rendement.
Souhaitez-vous ajouter d’autres éléments sur le marché en 2025 ?
Il faut mentionner un facteur technique important : la poursuite du développement des fonds à maturité. Cela a constitué un soutien significatif pour l’ensemble du marché du crédit, et pas seulement pour le haut rendement.
Il faut mentionner un facteur technique important : la poursuite du développement des fonds à maturité
La visibilité est-elle suffisante pour établir des perspectives pour 2026 ?
Oui, nous estimons que la visibilité est suffisante pour envisager 2026, même si elle n’est évidemment pas totale. La performance devrait rester principalement tirée par le portage, car les primes de crédit se sont déjà resserrées et l’on n’anticipe pas nécessairement un nouveau resserrement significatif.
Un contexte de croissance modérée est généralement favorable au crédit, et même davantage au crédit qu’aux actions 
Nous ne prévoyons pas de récession en 2026, même si des chocs exogènes restent possibles, comme l’ont montré la crise sanitaire ou la guerre en Ukraine. Un contexte de croissance modérée est généralement favorable au crédit, et même davantage au crédit qu’aux actions, celles-ci bénéficiant davantage d’un scénario de forte croissance économique.
Quelles sont vos anticipations en matière de taux de défaut pour 2026 ?
Nous nous attendons à des défauts, mais pas à une hausse significative par rapport à 2025.
Nous ne nous attendons pas à une hausse significative des défauts 
Les agences de notation, par exemple Moody’s, anticipent sur douze mois un taux de défaut de l’ordre de 2,5 %. De notre côté, nous avons aussi une estimation de taux de défaut entre 2% à 3 %. Ces niveaux restent nettement en deçà des périodes de stress marquées et sont cohérents avec un toile de fond macroéconomique sans récession.
Certains secteurs restent plus à risque 
Quelles sont vos attentes en matière de rendement et de facteurs techniques pour 2026 ?
Les facteurs techniques devraient rester globalement positifs. Le rendement de la classe d’actifs demeure supérieur à 5 %, ce qui constitue toujours un niveau attractif dans une allocation obligataire.
Le rendement de la classe d’actifs demeure supérieur à 5 % 
Dans un environnement de croissance modérée favorable au crédit, nous anticipons toujours des flux positifs vers la classe d’actifs.
Nous anticipons toujours des flux positifs vers la classe d’actifs 
Le point de vigilance portera plutôt sur le risque spécifique. Si la croissance s’accélère, certaines entreprises pourraient adopter des comportements plus agressifs, notamment en termes d’endettement ou d’opérations de fusions-acquisitions, surtout si elles peuvent se refinancer à de meilleures conditions.
Le point de vigilance portera plutôt sur le risque spécifique
Que peut-on dire du “mur de la dette” à venir et des échéances obligataires ?
Étant donné le volume important de refinancements réalisés ces dernières années, le pic d’échéances se situe désormais plutôt autour de 2028–2029. Autrement dit, le risque de concentration des maturités a été largement repoussé dans le temps.
À court terme, il n’y a donc pas de “mur de la dette” inquiétant.
À court terme, il n’y a pas de “mur de la dette” inquiétant
Cette diversification des sources de financement constitue un facteur de résilience supplémentaire.
Dans un tel environnement, nous ne voyons pas de mur de maturités qui constituerait un risque majeur pour le marché à court ou moyen terme, même si la situation devra évidemment être réévaluée à mesure que l’on se rapprochera de ces échéances plus lointaines.
L’abondance des émissions souveraines européennes peut-elle peser sur le marché du haut rendement ?
Cette abondance peut avoir un impact sur la courbe des taux, en particulier sur les maturités plus longues où se concentrent souvent les émissions souveraines.
Pour le haut rendement [...] la sensibilité aux taux d’intérêt reste modérée 
En revanche, pour le haut rendement, qui présente une duration relativement courte, la sensibilité aux taux d’intérêt reste modérée. Cette caractéristique protège partiellement la classe d’actifs contre les mouvements de taux.
Cela peut même être un atout 
La duration moyenne du marché européen du haut rendement tourne autour de 3 ans, ce qui est un élément attractif pour des investisseurs soucieux de limiter le risque de taux tout en recherchant du rendement.
Comment percevez-vous les récents débats autour du marché du haut rendement américain et de la dette privée, et le risque éventuel de contagion vers le haut rendement européen ?
À ce stade, nous ne voyons pas de contagion directe, même si le sujet constitue un risque à surveiller. Sur le marché américain du haut rendement et de la dette privée, il y a eu des cas spécifiques, notamment des fraudes, ainsi que des sociétés très endettées, révélant certaines fragilités structurelles.
À ce stade, nous ne voyons pas de contagion directe, même si le sujet constitue un risque à surveiller 
Un canal de risque possible pourrait venir du comportement de certains investisseurs fortement exposés à la dette privée. S’ils souhaitaient réduire rapidement cette exposition, mais ne parvenaient pas à céder leurs actifs privés, ils pourraient être tentés de vendre des actifs cotés, y compris du haut rendement, créant ainsi de la volatilité. Pour l’instant, nous considérons ces risques comme spécifiques et non comme un facteur de contagion généralisée, mais nous restons vigilants.
Quels sont les principaux garde-fous et critères de gestion des risques dans votre gestion du haut rendement ?
Le premier garde-fou est l’analyse financière approfondie. Nous travaillons avec une équipe d’analystes importante, ce qui nous permet de sélectionner rigoureusement les émetteurs et d’anticiper les évolutions de leur profil de risque.
Le premier garde-fou est l’analyse financière approfondie 
La construction de portefeuille joue un rôle clé 
Nous sommes attentifs à la liquidité 
Comment résumeriez-vous le scénario central pour 2026 sur le marché du haut rendement ?
2026 s’annonce comme une nouvelle année de portage, dans la continuité de 2025, avec des primes de crédit déjà resserrées, des facteurs techniques globalement positifs et un environnement de croissance modérée.
Le couple rendement–risque du haut rendement reste intéressant
Le principal enjeu sera davantage la gestion du risque spécifique, avec probablement plus de dispersion entre les émetteurs. Mais dans ce cadre, le couple rendement–risque du haut rendement reste intéressant.
Que répondez-vous à ceux qui jugent le couple risque–rendement du haut rendement aujourd’hui peu favorable ?
Je dirais que cette critique ne correspond pas à ce que l’on a observé cette année.
La volatilité du haut rendement a été plus faible que celle des obligations d’État
Si notre scénario macroéconomique central se réalise, le haut rendement offrira en 2026 un rendement courant intéressant pour un niveau de risque maîtrisé.
Pour conclure, quel est selon vous le principal atout de la classe d’actifs haut rendement pour 2026 ?
Le principal atout reste le portage. C’est le cœur de l’intérêt de la classe d’actifs : un rendement courant élevé, soutenu par des facteurs techniques favorables et un environnement macroéconomique qui, à ce stade, reste compatible avec des taux de défaut contenus.
Le principal atout reste le portage 
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AVERTISSEMENT Cette interview ne doit en aucun cas s'apparenter à une recommandation d'acheter, de vendre ou de continuer à détenir un investissement. Il n’a aucune valeur contractuelle et ne constitue en aucun cas un conseil en investissement. Les valeurs citées sont données uniquement à titre d’exemple.
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Les performances passées ne préjugent pas des performances à venir. Elles ne sont pas constantes dans le temps et ne constituent en rien une garantie de performances à venir.
Imen Hazgui
Obligations à haut rendement en 2026 : un rendement attractif avec un risque maîtrisé