Xavier Hoche
Directeur Général Délégué de Groupama Asset Management
Allocation d'actifs 2026 : tendances de fond aux États-Unis, gestion tactique et agile en Europe
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Publié le 10 Décembre 2025
Oui. Même si l’incertitude demeure élevée, le contexte actuel permet désormais de définir un scénario central cohérent et crédible pour l’année à venir.
Le contexte actuel permet désormais de définir un scénario central cohérent et crédible pour l’année à venir
Pourquoi ne pas présenter plusieurs scénarios, plutôt qu’un seul scénario central ?
Nous examinons naturellement plusieurs trajectoires possibles, mais nous choisissons délibérément de ne présenter qu’un seul scénario central. La gestion financière impose de prendre des décisions effectives, fondées sur une lecture assumée de la conjoncture.
Ce scénario central unique constitue le socle sur lequel nous prenons réellement nos positions d’investissement 
Quelles sont les grandes caractéristiques de ce scénario central aujourd’hui ?
Le scénario repose sur une dynamique globalement favorable pour l’économie mondiale. Les États-Unis en sont le principal moteur, grâce à une croissance soutenue par un niveau d’investissement exceptionnellement élevé.
Le scénario repose sur une dynamique globalement favorable pour l’économie mondiale. Les États-Unis en sont le principal moteur 
En Europe, l’amélioration est plus progressive, mais elle s’affirme de manière tangible. Les entreprises sondées dans nos enquêtes manifestent une volonté croissante d’augmenter leurs investissements, notamment sous l’impulsion des initiatives allemandes et européennes en matière d’infrastructures et de modernisation industrielle.
En Europe, l’amélioration est plus progressive, mais elle s’affirme de manière tangible 
Nous observons également un choc de productivité durable à l’échelle mondiale, largement lié aux avancées technologiques, dont le développement de l’intelligence artificielle. Il ne s’agit pas d’un phénomène transitoire, mais d’une transformation structurelle de l’économie. Par ailleurs, les États-Unis ont défini une stratégie méthodique pour gérer le refinancement de leur dette publique, ce qui réduit la probabilité d’une tension désordonnée sur les taux d’intérêt.
Comment les États-Unis gèrent-ils précisément le refinancement de leur dette ?
Les autorités américaines sont pleinement conscientes depuis plusieurs années de la nécessité de sécuriser le financement d’une dette publique importante, et ce dans un contexte où la réduction rapide du déficit n’est pas envisageable. Elles ont donc mis en place plusieurs mécanismes complémentaires permettant d’assurer une demande stable et durable pour les titres du Trésor.
Un ensemble de mesures réduit sensiblement le risque de crise de refinancement 
La consommation américaine ne repose-t-elle pas trop sur les ménages les plus aisés ?
Il est exact qu’une part importante de la consommation est aujourd’hui alimentée par les ménages les plus favorisés. Certaines entreprises de la distribution ou de la restauration observent par ailleurs un recul de clientèle parmi les ménages les plus modestes, signe d’une fragilité réelle.
Nous ne considérons pas que la consommation américaine soit sur le point de connaître une correction brutale 
Nous ne considérons pas que la consommation américaine soit sur le point de connaître une correction brutale. Le marché du travail demeure robuste, même si une légère hausse du chômage, particulièrement marquée chez les jeunes diplômés, constitue une zone de vigilance. Dans notre scénario, la dynamique centrale provient avant tout de l’investissement, qui joue traditionnellement un rôle précurseur dans le cycle économique. Tant que cet investissement reste vigoureux, la croissance est soutenue et la consommation bénéficie d’un appui structurel.
Quels sont selon vous les principaux points de vigilance sur le marché de l’emploi américain ?
Le premier point de vigilance est la remontée, encore modérée, du taux de chômage. À ce stade, cette évolution ne remet pas en cause la trajectoire globale du marché de l’emploi. Le second point est plus préoccupant : les jeunes diplômés rencontrent davantage de difficultés à trouver un premier emploi, et leur insertion professionnelle est plus lente qu’auparavant.
Les jeunes diplômés représentent un point de fragilité que nous observons de très près 
Quelles sont les spécificités de l’Europe dans votre scénario ?
L’Europe se distingue principalement par un risque d’exécution. Les besoins d’investissement sont considérables, notamment dans les domaines de la défense et des infrastructures, en particulier en Allemagne où certains équipements nécessitent une modernisation urgente.
L’Europe se distingue principalement par un risque d’exécution 
Quelle est votre lecture de la situation en Chine et dans les pays émergents ?
Nous suivons la situation chinoise avec attention, bien que cette région ne constitue pas notre domaine d’expertise prioritaire ni un axe d’investissement majeur dans notre stratégie.
Nous maintenons une posture prudente, avec une exposition réduite dans nos portefeuilles.
Les marchés actions américains ne sont-ils pas trop chers et trop concentrés sur quelques valeurs ?
La concentration constitue effectivement un point de préoccupation, car une partie substantielle de la performance boursière provient d’un nombre très limité de grandes entreprises, principalement dans la technologie. En ce qui concerne les valorisations, l’analyse est plus nuancée.
Renoncer à investir à court terme sous prétexte que le marché paraît cher n’est pas une stratégie robuste 
Pour un investisseur de long terme, les valorisations doivent cependant être intégrées à l’analyse. Les actions américaines sont plutôt onéreuses, notamment dans la technologie, mais la situation n’a rien de comparable avec celle de la bulle des années 2000. Les grandes entreprises technologiques actuelles disposent de revenus substantiels, de bénéfices solides et de perspectives tangibles, ce qui les distingue profondément des sociétés de l’époque qui affichaient des valorisations déconnectées de toute réalité économique.
Voyez-vous malgré tout des excès, notamment autour de l’intelligence artificielle ?
Oui. Certains acteurs très exposés à l’intelligence artificielle présentent des fragilités importantes, notamment ceux qui accumulent des pertes structurelles et dont la viabilité économique n’est pas encore démontrée. Dans plusieurs cas, les valorisations reposent davantage sur une promesse future que sur une réalité opérationnelle.
Une correction de l’ordre de 10% à 20% sur ces entreprises ne serait pas surprenante et pourrait même être salutaire 
Comment êtes-vous positionnés aujourd’hui sur le marché américain ?
Nous maintenons une exposition importante aux valeurs technologiques et, plus largement, aux secteurs porteurs de disruption.
Deux grands axes dominent notre allocation : la technologie au sens large et la santé 
Nous nous intéressons également à l’ensemble des thématiques liées à l’électrification
Il s’agit de tendances lourdes, profondément ancrées dans le long terme.
Et sur l’Europe, quelle stratégie privilégiez-vous ?
L’Europe ne bénéficie pas, pour le moment, de dynamiques structurelles aussi fortes que les États-Unis, à l’exception du secteur de la défense, difficile toutefois à exploiter en raison de valorisations déjà élevées et d’un univers d’investissement de valeurs cotées relativement restreint.
Notre approche en Europe est plus opportuniste 
Que pensez-vous des valeurs bancaires européennes sur le plan boursier ?
Le secteur bancaire européen continue de présenter des opportunités attractives.
Le secteur bancaire européen continue de présenter des opportunités attractives 
Quelle est votre vision sur le crédit, en particulier en Europe ?
Dans un environnement caractérisé par une croissance modérée mais positive, le crédit demeure attractif. Les primes de risque crédit sont relativement faibles, ce qui limite le potentiel d’une nouvelle phase de resserrement, mais le portage reste intéressant.
Le crédit demeure attractif [...], le portage reste intéressant 
Comment voyez-vous l’évolution des taux longs américains et européens ?
En théorie, une croissance et une inflation élevées ne favorisent pas la baisse des taux longs, car ceux-ci reflètent l’anticipation de ces deux variables.
Nous demeurons prudemment baissiers sur les taux longs 
Pouvez-vous préciser votre position sur le dollar ?
Nous considérons que le dollar est globalement surévalué, d’environ un quart par rapport à ses fondamentaux de long terme.
À court terme, le dollar peut parfaitement rester fort, voire se renforcer 
Qu’en est-il des principaux risques à surveiller ?
Le risque que nous observons avec le plus d’attention concerne le système financier non bancaire, souvent désigné sous le terme de finance de l’ombre ou « shadow banking ».
Le risque que nous observons avec le plus d’attention concerne le système financier non bancaire 
Un autre sujet important concerne l’indépendance de la Réserve fédérale américaine. Dès lors que le pouvoir politique nomme ses propres responsables à la tête de l’institution, l’indépendance opérationnelle se trouve mécaniquement fragilisée.
Un autre sujet important concerne l’indépendance de la Réserve fédérale américaine 
AVERTISSEMENTNi Easybourse ni Groupama Asset Management ne sauraient être tenus responsables d'une décision d'investissement ou de désinvestissement sur la base de cet article. Le placement en bourse est soumis aux fluctuations et aux aléas des marchés financiers. Il comporte un risque de perte en capital.
Les performances passées ne préjugent pas des performances à venir. Elles ne sont pas constantes dans le temps et ne constituent en rien une garantie de performances à venir.
Imen Hazgui
Allocation d'actifs 2026 : tendances de fond aux États-Unis, gestion tactique et agile en Europe