Quel regard porter sur le rebond qui s’est dessiné sur les marchés depuis le début de l’année ?
Ce rebond à mettre en parallèle avec la forte correction observée à la fin de l’année dernière, s’est notamment fait sous l’impulsion du revirement de la Réserve fédérale américaine-qui a opté pour une pause dans le relèvement de ses taux directeurs-et des avancées notables vers un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine.
Ainsi, plus des deux tiers de la baisse des marchés enregistrée entre début octobre et le 24 décembre 2018 a été récupérée.

Ce rebond est généralisé. Même les spreads des pays périphériques à la zone euro, comme l’Italie, se sont resserrés malgré les inquiétudes sur le budget italien.

De toute évidence, les investisseurs sont revenus à la problématique de recherche de rendement dans une toile de fond où les banques centrales restent à la manoeuvre.

Le rebond des marchés actions s’est dessiné sans la participation des investisseurs...
Depuis le début de l’année, jusqu’à la semaine dernière, l’analyse des flux révèle une décollecte de 60 milliards sur les marchés actions et une collecte de 40 milliards sur les marchés des obligations (obligations d’entreprises de qualité, obligations d’entreprises à haut rendement et dette émergente).

A défaut de flux, qu’est ce qui a alimenté ce rebond ?

Trois facteurs peuvent être avancés. Tout d’abord les opérations de rachat d’actions orchestrées par les entreprises américaines en vue d’améliorer leurs bénéfices par action. En 2018, le montant de ces rachats ressort à 900 milliards de dollars. Depuis le début de l’année, nous sommes à 300 milliards de dollars (contre 200 milliards à la même période l’année dernière). La réforme fiscale adoptée en 2017 a permis aux entreprises américaines de générer un matelas de cash substantiel qui sert au financement de ces opérations.

A cela s’ajoute le fait que de nombreux investisseurs institutionnels ont décidé de lever les options de couverture mises en place au cours du mois de décembre 2018.

Enfin, certains investisseurs particuliers ont montré une inclinaison à continuer de s’exposer aux marchés actions.

Un retour marqué des flux sur les marchés actions a été observé la semaine dernière ?

25 milliards de dollars sont notamment entrés sur les marchés actions américains.
Ce retour a surtout été mené par les investisseurs institutionnels qui n’auraient pas participé au rebond de janvier-février.

Ce retour des flux peut-il encore durer ?

La réponse apportée se veut positive même si une respiration à court terme n’est pas à écarter et que des protections ont été mises en place dans cette perspective.

La probabilité de récession aux Etats-Unis, bien qu’ayant significativement augmenté- de 15% à 25% de novembre 2018 à février 2019 n’est pas incluse dans le scénario central. Il parait difficile de l’envisager en raison de la bonne santé du marché du travail, de la revalorisation des salaires, de la faiblesse de l’inflation, de la stabilisation de l’ISM manufacturier, et de la hausse du secteur des services.

L’appétit pour le risque pourrait davantage profiter aux actions européennes…

Il se pourrait que ce soit le moment où jamais de se repositionner sur les actions européennes.

Malgré les incertitudes, les indices de surprises économiques sont bien orientés. Des signaux positifs pourraient être décelés en ce qui concerne la remontée de l'inflation dans la région, contrairement aux Etats-Unis.
La hausse des profits devrait, qui plus est, se révéler meilleure. La décote n’a jamais été aussi élevée entre le compartiment des actions européennes et celui des actions américaines.

Après 16 mois de sortie sur les actions européennes, à hauteur 160 milliards d’euros, il y a un effet d’aubaine pour des investisseurs étrangers qui n’ont aucune exposition aux actions européennes de revenir sur ce segment.

La stabilisation de l’économie chinoise pourrait, en outre, inciter les investisseurs institutionnels à poursuivre leur repositionnement sur les actions, notamment sur les actions européennes. Cela pourrait avoir un impact positif sur l’économie européenne plus ouverte sur le commerce international.

Les small caps européennes qui ont accusé une forte sous performance en 2018 ne seraient pas en reste…
Le rebond du début d’année a été très concentré sur les larges caps. La dégradation des estimations des profits concerne également les small caps. L’effet liquidité peut à nouveau jouer négativement.

Cependant, les valorisations sont intéressantes dans une optique de long terme. Se positionner progressivement tout au long de l’année peut être intéressant.

Quelle évolution attendre à court moyen terme des taux souverains de référence ?
Le positionnement actuel de la Fed et de la BCE laisse penser que les taux demeureront bas des deux côtés de l’Atlantique.

Le taux américain à dix ans a reculé en dessous de 2,60%. Un fléchissement supplémentaire à 2,40% n’est pas à écarter, considérant l’évolution des statistiques économiques aux Etats-Unis, les anticipations d’inflation dans le pays et le développement des négociations autour de l’accord commercial sino-américain.

En Europe, le risque d’une japonisation des taux des pays cœur de la zone euro est réel, puisque le taux allemand à dix ans avoisine les 0%, les investisseurs obligataires estimant que le ralentissement économique devrait perdurer et que l’inflation devrait demeurer atone.

Quel positionnement sur les obligations à haut rendement (high yield) ?

La prudence est avancée en ce qui concerne les obligations high yield américains. Les spreads se sont détendus en raison d’un rendement attractif et d’une trésorerie abondante. Toutefois, le niveau d’endettement des entreprises américaines continue à progresser.
Le pourcentage d’émission des entreprises BBB outre Atlantique représente plus de 50% du gisement. Or si la situation économique venait à se détériorer, les analystes pourraient être amenés à dégrader certains titres, ce qui forcerait des sorties massives d’investisseurs contraints par des normes réglementaires et entrainerait un écartement important des spreads.
Enfin, l’écart de rendement entre le high yield et l’investment grade américain s’est beaucoup contracté.