Il y a une déconnexion entre le sentiment des investisseurs et le sentiment de marché.
La détérioration continue de la confiance des investisseurs depuis juin 2018 a été suivie par une correction prononcée des marchés actions au dernier trimestre de l’année 2018. Le fort rebond des marchés actions sur les quatre premiers mois de l’année 2019 ne s’est pas accompagné d’une remontée de l’indice de confiance des investisseurs qui semblent avoir été « refroidis » par l’épisode de décembre 2018.
Il y a eu récemment une petite remontée de ce sentiment en raison d’un mouvement de mimétisme. A force de voir le marché monter, certains investisseurs se sont convaincus qu’il fallait entrer dans le train avant que cela devienne trop tard.

Quelques signaux de retournement font leur apparition.

Les actifs qui avaient le plus progressé depuis le début de l’année subissent depuis quelques semaines, au-delà de la correction technique, un début de retournement de tendance. C’est le cas par exemple du marché des matières premières qui semble intégrer un ralentissement plus prononcé à venir de l’économie mondiale. Le marché des actions chinoises (-15% depuis le point haut), lui aussi est fragilisé par le changement de ton des officiels américains et par la hausse des taxes douanières. L’indice des semiconducteurs aux États-Unis est lui aussi fortement impacté par les sanctions contre l’équipementier chinois Huawei.

Les positions de couverture remontent très sensiblement.

Les signaux d’avertissement commencent à influencer le comportement des investisseurs, qui, après avoir progressivement levé leurs stratégies de couverture depuis le début de l’année à la suite du revirement des banques centrales, les remettent en place afin de ne pas revivre ce qu’ils ont vécu en décembre 2018. Le rapport Put/ call ratio est en forte progression depuis deux semaines sans pour autant encore atteindre les niveaux élevés de la fin de l’année dernière.

Les valeurs cycliques ainsi que les valeurs de croissance sont sous pression.

Depuis le mois de mai, le marché des actions subit des rotations sectorielles d’une grande ampleur qui lui permettent de bien résister malgré l’accentuation des tensions commerciales. Les secteurs cycliques sont ainsi délaissés au profit des vecteurs plus défensifs. Les valeurs de croissance qui avaient porté le marché actions américain font également l’objet de prises de profits. La question est maintenant de savoir si ce mouvement va se poursuivre. Les investisseurs pourraient prendre conscience que les valorisations atteintes par ces valeurs ne sont plus en phase avec la croissance attendue des bénéfices.

Les croissances de bénéfices ont été révisées à la baisse de moitié depuis le début de l’année.

Les résultats des entreprises du premier trimestre 2019 ont été plutôt bien accueillis par le marché avec en moyenne plus de 52% des entreprises qui ont dépassé les attentes (déjà fortement revues à la baisse depuis décembre 2018). Les investisseurs semblent être rassurés car la récession des bénéfices tant redoutée a été évitée pour le moment. Mais on peut se demander si la croissance attendue pour 2019 est vraiment réaliste compte tenu de la dégradation des indicateurs économiques et notamment la baisse accélérée des indices manufacturiers ?

A cet égard, les estimations de croissance des bénéfices semblent très optimistes… notamment sur le quatrième trimestre et pour 2020. Il est difficile de concevoir en l’état la concrétisation de telles prévisions quand bien même la Réserve fédérale américaine en viendrait à abaisser ses taux directeurs à plusieurs reprises.

Il est alors clair que l’attention va maintenant se porter sur la durabilité des bénéfices. Les perspectives de résultats vont devenir le facteur clé pour estimer possible ou pas une poursuite de la tendance haussière observée depuis le début de l’année.
Ce d’autant plus que les marges commencent à être impactées aux États-Unis dans un environnement marqué par un ralentissement perceptible.

Les valorisations des principaux marchés actions sont repassées au-dessus de leur moyenne historique. 

L’expansion des multiples de valorisation a été le facteur marquant de ce début d’année. Après la publication des résultats du premier trimestre, les valorisations de la plupart des marchés actions sont repassées au-dessus de leur moyenne historique sans pour autant être excessives à ce stade. Les indices actions américains ont atteint de nouveaux sommets ces dernières semaines avant la correction. Le S&P 500 a regagné environ 25% depuis le creux qu’il avait subi en décembre, progression soutenue par la nouvelle posture attentiste de la banque centrale mais également par des résultats d’entreprises considérés comme encourageants.

Les valorisations de marché ne sont pas particulièrement convaincantes même si la baisse des taux longs joue pour certains un rôle positif sur la valorisation des actions.

Une décote des marchés financiers européens et japonais persiste par rapport à leurs homologues Outre-Atlantique. Le risque italien continue de peser sur les bancaires et in fine sur les indices européens.

Pour autant une réduction de l’exposition aux actions américaines a été décidée par l’équipe de gestion de CPR AM au profit des marchés européens et japonaises. La décote et le surcroit de croissance des bénéfices sont jugés comme des éléments favorables. Le marché japonais pourrait bénéficier lui, du report possible de la hausse de la TVA prévue à la rentrée.

Les marchés actions émergents restent tributaires de la croissance économique chinoise.

Le contexte macroéconomique et fondamental s’est quelque peu détérioré pour les actions émergentes. Le durcissement des tensions commerciales fragilise le redressement de ces économies. La clé du retour de l’appétit pour cette classe d’actifs dépendra de l’évolution des négociations Chine / États-Unis, des effets de la relance chinoise sur l’économie domestique mais aussi sur des échanges commerciaux qui subissent depuis quelques temps le contre coup des relèvements des taxes douanières
La position de surpondération de l’équipe de CPR AM en début d’année a été neutralisée dès fin avril. L’escalade des tensions commerciales est très préjudiciable. Malgré le revirement de la FED, l’appréciation du dollar américain est un obstacle considérable. Le sentiment semble s’être dégradé très rapidement. Pour autant, la croissance économique devrait cette année être supérieure à celle des pays développés.

Le dollar est au plus haut du cycle en moyenne pondérée des échanges.

La forte baisse des rendements du Trésor américain pourrait au moins aider les américains dans les hostilités commerciales en affaiblissant le dollar. Avec le