Actualité des marchés : l'analyse de Tocqueville Finance
(Easybourse.com) Michel Saugné, directeur de la gestion chez Tocqueville Finance, nous livre son analyse sur la crise actuelle et les perspectives financières de l'année 2021.
Quel regard sur le comportement des marchés financiers durant l’année 2020 ?
Nous avons, bien entendu, vécu une année totalement inédite. La crise économique et financière que nous traversons a pour origine une cause exogène (le virus), et non-endogène, comme un phénomène de bulle. Le comportement des marchés s’est donc révélé exceptionnel, tant dans le choc du début de l’année 2020, que dans le rétablissement des différentes bourses, notamment aux Etats-Unis où elles ont terminé l’année proches de leurs records absolus, grâce, entre autres, à la mise à disposition des vaccins. 2020, sous l’effet Covid, est aussi une année où les tendances déjà en place depuis 10 ans ont connu une forte accélération.
Lesquelles par exemple ?
Depuis la crise financière de 2008/2009, ce sont des valeurs de croissance visible et prévisible qui ont très largement dominé le palmarès, car elles bénéficient des effets de ruptures (« disruption») technologiques et de comportement comme la dématérialisation, le travail à distance, etc. La crise sanitaire a amplifié ces mégatendances et ce sont des secteurs comme la technologie qui ont dominé les marchés. Parmi les autres tendances notables, on peut citer l’investissement responsable (ESG, climat…) qui a poursuivi sa très forte progression. Finalement, en 2020, le marché s’est énormément éloigné des valorisations pour se focaliser uniquement sur les perspectives et les modèles d’entreprise. En conséquence, certains segments du marché se trouvent dans une configuration très proche de celle de la bulle Internet de 1999/2000. Il suffit d’examiner les IPO qui ont eu lieu aux Etats-Unis. Pour la première fois depuis le tout début des années 2000, certaines entreprises ont vu leur valeur doubler le jour de leur introduction en Bourse. Je pense, entre autres, à Airbnb.
Concrètement, quels ont été les effets de la crise sur Tocqueville Finance ?
Depuis 5 ans, Tocqueville Finance a fortement étendu ses expertises. Reconnus depuis l’origine comme des spécialistes de la value et des small & mid cap françaises et européennes, nos expertises couvrent aujourd’hui la croissance mais aussi la gestion thématique, durable, avec de nombreuses facettes (silver age, technologies, megatrends,…). Ces deux derniers segments représentent désormais la majorité de nos encours et ont enregistré d’excellentes performances comme, par exemple, le Fonds Tocqueville Silver Age ISR* positionné, comme son nom l’indique, sur la « silver économie ».
Parmi les autres fonds qui sortent du lot, on peut citer Tocqueville Technology ISR* dont l’objet est l’investissement sur des ruptures technologiques, quel que soit l’endroit de la chaîne de création de valeur sur laquelle on se positionne.
Et pour compléter cette thématique, nous venons de lancer fin 2020, un nouveau fonds : Tocqueville Global Tech ISR avec, cette fois, une exposition minimale de 40% aux valeurs européennes car nous souhaitons également élargir notre univers d’investissement à l’international.
14 fonds labellisés « investissement social et responsable ». Quels sont les autres projets dans ce domaine ?
Pour nous, l’investissement d’aujourd’hui sera responsable ou ne sera pas. Nous sommes donc plus actifs dans ce domaine. C’est d’autant plus vrai que notre maison-mère, La Banque Postale Asset Management, est très impliquée sur ce sujet. Nous avons l’ambition de continuer à être innovant et pionnier sur ce segment, en allant encore plus loin que les autres en consacrant une partie de nos frais de gestion au financement de projets concrets pour favoriser une finance utile. Nous avons ainsi noué un partenariat avec le Fonds de Dotation du Louvre à travers notre fonds thématique France, Tocqueville Odyssée ISR, afin de favoriser la promotion des Arts et de la Culture dans les territoires. D’autres projets sont à l’étude, notamment dans le domaine de l’accompagnement des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer.
Comment aborder 2021 ?
Une question fondamentale se doit d’être posée : les gouvernements ont-ils retenu les enseignements des crises passées ? Un rappel : suite à la crise des subprimes, trop peu a été fait et trop tard. Le principal risque aujourd’hui soit que les Etats décident de supprimer les initiatives de soutien budgétaire au plus fort de la crise comme cela s’est produit en 2008/2009 avec la mise en place d’une politique d’austérité qui n’avait pas fonctionné. C’est la raison pour laquelle l’Europe s’est retrouvée à la traîne par rapport aux Etats-Unis. Il ne faudrait pas reproduire cette erreur en s’assurant d’un vrai retour à la croissance avant de débrancher la prise.
Michel Saugné, Directeur de la gestion de Tocqueville Finance
_
Publié le 19 Janvier 2021