Un marché dominé par l’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle s’impose aujourd’hui comme le sujet central des marchés financiers, à la manière du « Big Data » dans le passé. Cet engouement se traduit par des investissements colossaux dans les centres de données, portés par les grands acteurs américains comme Microsoft ou Amazon, mais aussi par des consortiums tels que Stargate (qui réunit OpenAI, SoftBank, Oracle et MGX). Dans le même temps, une poignée de titres concentre une part disproportionnée de la performance des indices mondiaux.
En 2024, dix valeurs — dont neuf technologiques — ont généré à elles seules plus de la moitié de la progression de l’indice mondial. En 2025, la concentration reste élevée : les dix premiers contributeurs représentent 4,5 points sur une hausse globale de 15 points. Aux États-Unis, les dix principales valeurs, parmi lesquelles Nvidia, Meta, Alphabet, Microsoft, Broadcom et Amazon, captent 60 % de la performance du marché. Alexandre Narboni souligne que « nous sommes allés au-delà de la bulle Internet : les dix plus grosses capitalisations dépassent désormais le trillion de dollars ». Cette polarisation se reflète également dans les bénéfices, de plus en plus accaparés par les mégacapitalisations technologiques, qui représentent près de 30 % des profits du S&P 500.
Capex records aujourd’hui, cycle demain
Pour l’équipe de gestion, composée d’une quarantaine de collaborateurs répartis dans le monde, l’IA constitue une véritable révolution appelée à durer. Les indicateurs restent orientés positivement et les révisions de consensus continuent d’être favorables. Cependant, la rapidité et l’ampleur actuelles des investissements soulèvent trois points de vigilance :
1. Un risque de surcapacité dans les data centers, avec des premiers signaux attendus dès la fin de l’année. Les budgets d’investissement se chiffrent désormais en centaines de milliards de dollars, en forte accélération par rapport aux années précédentes.
2. Un assèchement possible des financements, lié à la hausse du coût du capital et à un recours accru à l’endettement. Les investisseurs pourraient commencer à s’interroger sur le retour sur investissement alors que les hyperscalers multiplient les leviers financiers, allant de la dette obligataire au private equity.
3. Des ruptures d’efficacité technologique, grâce aux optimisations algorithmiques, qui pourraient réduire les besoins en puissance de calcul et donc freiner la croissance des investissements.
Ces dépenses étant cycliques par nature, une pause pourrait entraîner des corrections brutales pour les valeurs les plus exposées. D’où la nécessité, selon l’équipe, d’une gestion active et sélective, privilégiant les acteurs qui fournissent les « pelles et pioches » de cette nouvelle ruée vers l’or.
Un portefeuille diversifié et résilient
Le fonds Comgest Monde conserve une exposition choisie à l’IA, mais sa performance repose sur une pluralité de moteurs. En 2025, elle s’appuie notamment sur la santé (Johnson & Johnson), la consommation (L’Oréal), l’optique (EssilorLuxottica) ou encore les paiements (Visa). L’objectif est d’éviter une dépendance excessive à un seul thème, aussi porteur soit-il.
La première ligne du portefeuille, TSMC (environ 9 %), illustre bien ce positionnement. Présente dans le fonds depuis 2007, l’entreprise bénéficie d’une clientèle diversifiée (smartphones, cloud, IA) et d’un modèle central dans la chaîne de valeur, relativement décorrélé des choix technologiques. Son chiffre d’affaires progresse de 30 %, et son cours de bourse reste en retard par rapport à cette croissance.
Près de 45 % du portefeuille est par ailleurs investi dans des secteurs jugés ultra-résilients : gaz industriels, santé humaine et animale, données critiques ou consommation défensive. Ces piliers structurants permettent de limiter l’impact des cycles économiques.
Parmi les cas emblématiques, Intuit illustre la valeur d’une IA pragmatique appliquée à des marchés traditionnels comme la comptabilité et la fiscalité, tandis que Visa, souvent annoncée comme menacée, renforce au contraire sa position grâce à ses infrastructures et à l’intégration de solutions IA dans les parcours d’achat.
Santé : un secteur en retard mais riche en opportunités
Dernier secteur de l’indice mondial, la santé souffre d’inquiétudes liées à la régulation et aux prix. L’équipe de gestion y voit toutefois un gisement d’opportunités comparable à 2016, propice à des points d’entrée sélectifs. L’exposition du fonds, qui représente un quart du portefeuille, reste diversifiée : équipements médicaux, biopharmacie ciblée, santé animale et prestataires de développement et de fabrication. Laure Négiar précise que l’analyse repose sur une approche différenciante, privilégiant les entreprises dont la croissance repose davantage sur les volumes que sur les prix. C’est le cas par exemple de Lonza, qui pourrait être renforcée dans le portefeuille si la thèse d’investissement se confirme.
Géographie, change et Chine
Le fonds affiche davantage de valeurs cotées en Europe que l’indice de référence, mais une exposition économique similaire, avec près de 48 % aux États-Unis. Aucune couverture de change n’est mise en place, le coût étant jugé trop élevé par rapport à la valeur ajoutée à long terme. Enfin, le fonds n’a pas d’exposition directe à la Chine, en raison d’un marché consommateur jugé atone et d’un environnement trop dépendant de considérations politiques, même si une équipe locale reste en veille.
Performance et valorisation
En 2025, malgré une croissance bénéficiaire attendue proche de 14 %, le fonds a sous-performé l’indice en dollars. Cette contre-performance s’explique principalement par le rebond des secteurs cycliques (industrie, énergie, matières premières, services financiers), là où la valorisation agrégée du portefeuille a légèrement reculé. Depuis fin 2023, la prime de valorisation du fonds s’est toutefois normalisée, revenant à des niveaux comparables à 2016. Cela constitue un socle favorable pour les années à venir. Comme le rappelle Laure Négiar, « la surperformance du fonds se construit surtout en période de marché baissier, lorsque les valeurs de croissance de qualité résistent mieux que les secteurs cycliques ».
Discipline et exécution
Dans un marché dominé par des thèmes spectaculaires et souvent éphémères — IA, défense européenne, banques — la tentation est grande de suivre ces tendances. Comgest Monde reste au contraire fidèle à sa discipline : investir dans une trentaine de valeurs de qualité, dotées d’un bilan solide et d’une dynamique de croissance durable.
Au cours de l’été, deux nouvelles positions ont été initiées sur repli, avec une construction prudente. À l’inverse, le fonds a cédé Accenture et fortement réduit son exposition à une valeur emblématique de l’obésité, dont la dynamique s’essoufflait. L’exposition au luxe reste limitée (~1 %), faute de visibilité sur la demande chinoise.

En conclusion, dans un marché où les thèmes s’enflamment puis s’essoufflent à une vitesse inédite, la meilleure protection reste une approche fondamentale : investir dans des entreprises solides, générant des bénéfices réguliers et diversifiées sur plusieurs moteurs de croissance. C’est cette stratégie qui permet à Comgest Monde de traverser les cycles, y compris celui — déjà légendaire — de l’intelligence artificielle.

Consultez la fiche transactionnelle achat/vente du fonds Comgest Monde (FR0000284689)

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Les performances passées ne préjugent pas des performances à venir. Elles ne sont pas constantes dans le temps et ne constituent en rien une garantie de performances à venir.