Quelles sont les conditions macroéconomiques actuelles ?
 

Nous sortons donc progressivement de cette crise, avec des sentiments contrastés D’un côté, il y a de quoi s’inquiéter du stock de dettes encore accru, qu’il va bien falloir rembourser et/ou porter pendant longtemps, et nous savons que le fardeau des dettes entrave les capacités d’investissement pour les générations futures. Par ailleurs, nos économies apparaissent de plus en plus dépendantes des perfusions des autorités monétaires et gouvernementales pour leur survie. Mais inversement, il y aussi matière à s’enthousiasmer ! Cette période a mis en lumière toute la créativité humaine entrepreneuriale, illustrée naturellement par la découverte rapide de vaccins, mais aussi plus globalement par l’expansion de l’économie numérique dans son ensemble. De plus, la prise de conscience « écologique » a été stimulée davantage et des champs de progrès immenses dans les domaines de l’économie « verte » vont s’ouvrir au cours des prochaines années. Cette crise n’est pourtant pas encore terminée dans les faits. Il y a encore trop de malades de la Covid-19 et de nombreux secteurs économiques tournent encore au ralenti. Mais pour les investisseurs, c’est autre chose. Ils ont acté un rétablissement rapide des économies grâce aux campagnes de vaccination, dans un monde inondé de liquidités par les Banques Centrales et stimulé par un plan d’investissement massif aux États-Unis, qui peut entraîner les autres pays… La croissance va donc accélérer et cet optimisme est partagé par la majorité des économistes. Un net rebond de l’activité se produira à partir du deuxième trimestre, surtout aux États-Unis. La croissance du PIB mondial pourrait ainsi dépasser le consensus actuel qui se situe à + 5,5 % pour 2021. La zone Euro, un peu en retard dans ce contexte compliqué dans la vaccination, devrait suivre et une croissance de plus de 4,0 % est attendue. La Chine est en revanche en avance de cycle. Le pays a rouvert son économie plus tôt et profité également de ses exportations en produits électroniques et sanitaires. Aujourd’hui, le pays commence à lever les stimulations macroéconomiques qui avaient été décidées, en freinant le crédit bancaire notamment. 

Quelles politiques monétaires ont été adoptées par les banques centrales ?

Les Banques Centrales sont entrées dans le débat public et sont devenues un paramètre essentiel pour les marchés et l’économie. Le Président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, illustre bien le rôle sociétal qu’ont pris les Banques Centrales. Il rappelle régulièrement qu’il a deux objectifs majeurs : celui du retour à une situation pleinement satisfaisante de l’emploi et une inflation en tendance stable autour de 2 %. Tant que nous n’y serons pas, il faut donc comprendre que la politique monétaire américaine ne sera pas modifiée, que les taux directeurs resteront donc à 0 % et que le programme d’achat de dettes de 120 milliards de dollars par mois sera maintenu. C’est finalement assez simple. Pour ce qui est de la BCE, la politique conduite est assez similaire dans les faits, même s’il n’y a pas d’objectif économique aussi clairement annoncé. La BCE poursuit toujours sa revue stratégique qui vise à réfléchir sur sa vocation et ses objectifs, travail commencé au début de l’année 2020. Les conclusions devraient bientôt être diffusées, ce qui donnera des indications précieuses. Ce paramètre « Banques Centrales » est donc essentiel pour la compréhension des marchés et il convient surtout de garder en tête qu’elles ont des convictions et des moyens illimités. Cette forme de nationalisation des courbes des taux et des marchés obligataires au sens large pose cependant des questions sur les allocations stratégiques structurelles des investisseurs, confrontés à une large part de leurs portefeuilles à rendement quasi nul et aux faibles perspectives de valorisation dans le temps.