Pré-ouverture
Wall Street vue en baisse, l'aversion au risque pénalise à nouveau l'Europe
publié le 18/11/2025
par Diana Mandia
(Reuters) - Wall Street est attendue en baisse et les Bourses européennes reculent également mardi à mi-séance, l'aversion au risque s'étant emparée des marchés mondiaux sur fond d'inquiétudes concernant le secteur technologique et de diminution des paris sur une baisse des taux d'intérêt américains en décembre.
Le marché retient par ailleurs son souffle dans l'attente des premiers indicateurs officiels après la fin du "shutdown" de l'administration fédérale américaine, notamment la publication, prévue jeudi, du rapport sur l'emploi de septembre.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse de 0,53% pour le Dow Jones, de 0,3% pour le Standard & Poor's-500 et de 0,37% pour le Nasdaq.
À Paris, le CAC 40 perd 1,29% à 8.014,06 points vers 11h48 GMT. À Francfort, le Dax recule de 1,24% et à Londres, le FTSE 100 cède 1,21%.
L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 1,27%, le FTSEurofirst 300 abandonne 1,32% et le Stoxx 600 perd 1,33%.
La confiance des investisseurs, qui reste fragile, sera mise de nouveau à rude épreuve mercredi avec la publication des résultats trimestriels du géant de l'intelligence artificielle Nvidia, dans un contexte de méfiance envers un secteur dont les valorisations ont explosé, renforçant les craintes d'une bulle spéculative.
"Dans un marché devenu hypersensible à la thématique IA, la moindre surprise fera office de catalyseur", souligne Thomas Giudici, directeur de la gestion obligataire chez Auris Gestion, ajoutant que les investisseurs se montrent plus prudents alors que les montants de dettes annoncés par les groupes du secteur pour soutenir leurs investissements explosent, aussi bien sur le marché obligataire que via des montages de financement privés.
Preuve des doutes du marché, les actions des fabricants européens d'équipements IA sont pénalisées mardi : Siemens Energy et Schneider Electric reculent de 3,8% et 1,55%, tandis que le groupe suisse d'ingénierie ABB, qui a récemment bénéficié de la demande liée aux centres de données, plonge de 3,6%, ses prévisions à moyen-terme ayant déçu les investisseurs.
Le secteur européen de la technologie abandonne 1,21% mardi.
Les opérateurs restent également prudents avant la publication jeudi du rapport sur l'emploi aux États-Unis, retardé par l'impasse budgétaire à Washington, et qui arrivera après qu'une série d'enquêtes privées ont montré un ralentissement du marché du travail.
Les inquiétudes concernant la santé de l'économie ne devraient toutefois pas inciter la Réserve fédérale (Fed) à baisser à nouveau ses taux en décembre : plusieurs responsables de la banque centrale se sont montrés réticents à le faire ces derniers jours, invoquant l'absence de données et les risques persistants d'inflation.
"Nous pensons que seule une très grande déception poussera la Fed à baisser ses taux lors de la réunion du 10 décembre, même si le débat devrait être tendu. Il faut souligner que les conditions financières restent relativement accommodantes", écrit dans une note Xavier Chapard, stratégiste de LBP AM.
La publication mercredi du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed apportera un éclairage supplémentaire sur la teneur des débats au sein du FOMC, le comité de politique monétaire de la banque centrale.
Dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a présenté mardi ses priorités en matière de supervision bancaire pour les trois prochaines années, soulignant que le secteur devait se préparer à des chocs sans précédent, susceptibles d'entraîner de graves perturbations et de profondes répercussions sur les systèmes financiers.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
VALEURS EN EUROPE
Crédit Agricole cède 1,97% malgré l'annonce par la banque d'un nouvel objectif de bénéfice pour 2028 supérieur aux attentes. Toujours dans la finance, Amundi recule de 2,78% après l'annonce d'un partenariat avec Intermediate Capital Group (ICG) et la présentation de ses objectifs 2025-2028.
Le secteur bancaire du Stoxx 600 souffre particulièrement ce mardi (-2,67%), et à Paris, les grands noms du secteur pèsent sur le CAC, avec Société Générale et BNP Paribas perdant respectivement 3,3% et 2,8%.
Ailleurs en Europe, Roche grimpe de 6% après la publication de résultats positifs d'un essai clinique de phase avancée pour son médicament contre le cancer du sein, le giredestrant.
RTL abandonne pour sa part 2,8% après avoir abaissé sa prévision de bénéfice annuel dans un contexte de forte baisse des recettes publicitaires provenant de la télévision en Allemagne et en France, ce qui souligne la pression à laquelle sont soumis les chaînes traditionnelles alors que les audiences se tournent vers Internet.
TAUX
Les rendements obligataires reculent mardi, les investisseurs se tournant vers la sécurité offerte par les obligations d'État dans un contexte d'aversion au risque.
Le rendement du Bund allemand à dix ans cède ainsi 1,5 point de base (pb) à 2,6985%, tandis que celui de l'obligation à deux ans abandonne 2 pb à 2,0196%.
Les rendements se replient également aux Etats-Unis, où celui des Treasuries à dix ans perd 2,3 pb à 4,1096% et celui de son homologue à deux ans cède 3,3 pb à 3,5767%.
CHANGES En attendant les grands rendez-vous de la semaine, le dollar est stable face à un panier de devises de référence, tandis que l'euro perd 0,04% à 1,1585 dollar.
Le bitcoin est par ailleurs passé plus tôt mardi sous la barre des 90.000 dollars pour la première fois en sept mois, signe que l'appétit des investisseurs pour le risque s'amenuise. La cryptomonnaie ressort à 91.363,94 dollars vers 11h40 GMT.
"Les gérants savent que lorsque bitcoin recule en premier, ce n'est jamais anodin. Historiquement, la cryptomonnaie agit comme un signal précurseur des phases de tension sur les marchés actions", souligne Antoine Andreani, analyste marchés chez XTB France.
PÉTROLE
Les prix du pétrole évoluent peu mardi, les inquiétudes concernant l'approvisionnement s'étant apaisées avec la reprise de l'activité dans le port russe de Novorossiisk touché par des frappes de drone et de missile ukrainiens.
Le Brent cède 0,03% à 64,18 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 0,05% à 59,94 dollars.
MÉTAUX
L'or au comptant ressort à 4.044,45 dollars l'once, quatrième séance de repli, dans un contexte de fermeté relative du dollar et d'atténuation des anticipations de baisse des taux de la Fed.
PRINCIPAUX INDICATEURS ÉCONOMIQUES À L'AGENDA DU 18 NOVEMBRE :
PAYS GMT INDICATEUR PÉRIODE CONSENSUS PRÉCÉDENT
USA 14h15 Production industrielle* octobre 0,0% -0,1%
USA 15h00 Commandes à l'industrie* août +1,4% -1,3%
*publication incertaine malgré la levée du "shutdown"
(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)
(Rédigé par Diana Mandiá, édité par Augustin Turpin)