La politique monetaire à long terme
Le rôle accordé à la politique monétaire doit être cohérent avec les évidences empiriques concernant les relations effectives entre les grandeurs réelles et les grandeurs nominales, c'est-à-dire qu'il convient de déterminer ce que la politique monétaire est ou n'est en mesure de faire. L’étape préalable à l’étude la politique monétaire est donc d’identifier les relations remarquables entre les prix (ou le taux d’inflation), le stock de monnaie et la production. A ce titre, il est nécessaire de distinguer les relations de court et de long terme.
Les études empiriques mettent en évidence deux grandes relations de long terme.
La première est qu’il n’y a aucune corrélation entre l’inflation ou le stock de monnaie et la croissance de la production.
La seconde relation de long terme est que la corrélation à long terme entre l’inflation et le taux de croissance de l’offre de monnaie est proche de un, variant entre 0,92 et 0,96, selon la définition plus où moins large de l’offre de monnaie utilisée. Cette observation valide sur le long terme la théorie quantitative de la monnaie tel qu’un changement dans le taux de croissance de l’offre de monnaie se traduit, à vitesse de circulation de la monnaie constante et taux de croissance du PIB potentiel inchangé, par une variation de même ampleur et de même sens du taux d’inflation. Les banques centrales occidentales s’inscrivent clairement dans ce schéma aujourd’hui.
Ces deux résultats se rejoignent dans la reconnaissance d’une absence d’arbitrage à long terme entre le niveau de l’inflation et le niveau du chômage (ou de la production exprimée en terme réel). A titre illustratif, nous reportons le tableau donné par Taylor (1998) pour les Etats-Unis que nous prolongeons pour l’année 1999 ainsi que son pendant pour la France. Ils semblent fournir une preuve historique claire de l’absence d’une quelconque relation à long terme entre l’inflation et la production (ou indifféremment le taux de chômage) :
Etats-Unis |
Taux de chômage |
Taux d'inflation |
1963 |
5,7 |
1,6 |
1972 |
5,6 |
3,4 |
1978 |
6,1 |
9 |
1987 |
6,2 |
4,4 |
1994 |
6,1 |
2,7 |
1999 |
4,2 |
2,2 |
Source : Taylor (1998), OCDE
France |
Taux de chômage |
Taux d'inflation |
1964 |
1,4 |
3,4 |
1972 |
2,8 |
5,9 |
1978 |
5,2 |
9,5 |
1987 |
10,5 |
3,3 |
1994 |
12,3 |
1,7 |
1999 |
11,2 |
0,6 |
Source : OCDE
Il est même parfois mis en évidenceune corrélation négative entre l’inflation et la production à long terme signifiant que l’inflation est néfaste à la croissance à long terme, notamment lorsque cette dernière se situe à des niveaux élevés
Au regard de ces études, la poursuite actuelle par les banques centrales occidentales d’une inflation faible et stable semble donc cohérent avec ces deux types de résultats empiriques concernant les relations de long terme entre prix et production.