Comgest Growth Japan : le marché des actions japonais est encore très attractif
(Easybourse.com) Ce mercredi 10 juillet Comgest organisait une réunion afin de dresser un état des lieux de son fonds Comgest Growth Japan (IE00BD1DJ122) noté cinq étoiles Morningstar. L'occasion pour l'analyste-gérante phare de la société de gestion, Chantana Ward, de revenir sur les opportunités que présentent le marché des actions japonais alors que l'indice Nikkei 225 a gagné près de 8% depuis le début de l'année. Dans cet article EasyBourse vous livre les principaux enseignements de cette intervention.
Le marché japonais est encore très attractif.
Malgré la belle remontée de ce marché depuis 2012, les valorisations n’ont toujours pas retrouvé les niveaux d’il y a 30 ans.
Le marché est peu apprécié par les investisseurs étrangers qui affichent un certain désengagement depuis le début de l’année. Il est par ailleurs peu couvert par les analytes. En moyenne, chaque valeur du MSCI Japan est couverte par 2 analystes 20 analyses, contre plus de 20 analystes pour le S&P 500.
Les opportunités de dénicher des « pépites », à savoir des sociétés peu connues avec une perspective de croissance sur le long terme, sont alors multiples.
Malgré un environnement économique global relativement morose, des éléments poussent à être optimistes quant à l’évolution du marché des actions japonais dans les prochains trimestres à venir.
Parmi ces éléments figurent la hausse des salaires moyens soutenue par un projet de loi prévoyant une revalorisation de la rémunération des emplois en temps partiel, la profitabilité des entreprises japonaises, la hausse du nombre et du pouvoir d’achat des toursites asiatiques. Il est à noter que le tourisme en masse dans le pays connait un fort en accroissement. Entre 2012 et 2018, le nombre de touristes au Japon est passé de 6 millions à 30 millions. Le gouvernement a une cible de 40 millions en 2020.
Qu’en est-il de la profitabilité des entreprises japonaises ?
Les profits des entreprises japonaises ont été multiplié par trois entre 1989 et 2019.
Entre 2012 et 2020, le Japon est la seule zone géographique parmi les pays développés à voir les bénéfices par action des entreprises cotées sur son marché s’élever deux chiffres. Cette situation s’explique notamment par une amélioration notable de la gouvernance. De multiples opérations de restructuration ont permis de se débarrasser de segments d’activité non profitables. Les administrateurs indépendants se sont multipliés dans les comités de pilotage. 90% des sociétés japonaises ont au moins deux administrateurs indépendants dans leur direction, contre 22% en 2014 et 17% en 2013.
La rentabilité des capitaux investis s’en est trouvée améliorée. Alors qu’en 2012, le ROE (return on equity) était de 4,4%, il est remonté à près de 10% en 2019.
Il y a un meilleur traitement de la part des sociétés japonaises des actionnaires minoritaires.
On constate une plus grande utilisation du cash dans les bilans sous deux formes principalement : le versement de dividendes et le rachat d’actions. Le montant des rachats d’actions s’établissait à 4 trillions d’euros au cours de l’année fiscale 2017 et à 7 trillions d’euros en 2018. Sur les deux premiers mois de l’année fiscale 2019, les entreprises japonaises ont racheté 3,8 trillions d’euros d’actions. En conséquence, un mouvement allant dans la bonne direction semble être enclenché.
Un retour des investisseurs domestiques est à attendre.
La tendance est déjà amorcée et devrait se poursuivre. Outre les grands fonds de pension comme GPIF ((Government Pension Investment Fund) qui a renforcé son exposition aux actions japonaises à 25% de ses encours, l’arrivée des banques régionales et des compagnies d’assurances sur le marché est escomptée en raison d’une pression réglementaire plus pesante et d’une allocation obligataire qui ne rapporte plus suffisamment pour faire face au versement des retraites. Ces banques et assureurs pourraient à terme détenir une proportion d’actions japonaises comparable à celle d’une grande institution comme GPFI.
Que peut-on dire en ce qui concerne les principales caractéristiques du fonds ?
Le fonds est avant tout un fonds de conviction donc plutôt concentré, avec environ 41 valeurs (contre 2140 pour l’indice de référence). Il a une « active share » élevée, de 85%, et un faible béta. Ajusté du risque de marché, le rendement généré est bien meilleur que celui des paires.
La composition du fonds est bien équilibrée entre sociétés domestiques et sociétés exportatrices.
L’équipe de gestion jouit d’importants atouts.
Elle se composent de quatre personnes, toutes sachant parler japonais, ce qui leur permet de ne pas perdre d’informations lors des discussions avec le management des sociétés. Un bureau basé à Tokyo a été ouvert en 2007.
Quelques mots sur le processus d’investissement…
Ce processus se veut rigoureux. Chaque société fait l’objet d’un rapport d’initiation détaillé alimenté par les fruits des rencontres avec le management. Chaque année, entre 350 et 400 rendez-vous sont assurés. L’équipe de gestion s’efforce également de sonder les concurrents et des experts indépendants dans les différents segments d’activité dans lesquels le fonds est investi ou envisage d’investir.
Les sociétés sélectionnées offrent une forte visibilité de leur croissance à moyen terme, génèrent une marge opérationnelle élevée, ont des produits de niche, et ont une position leader sur leur marché. En l’espèce, 45% des sociétés investies contrôlent plus de 50% des parts de marché dans le monde. Pour certaines, cette proportion s’avère bien plus importante dans certaines branches de leur activité. Ainsi en est-il de Hamamatsu Photonics (90% de parts de marché des tubes pour photomultiplicateurs) ; de Murata Mfg (95% de parts de marché amortisseurs) ; ou encore de Nidec (85% de parts de marché des moteurs de disques durs).
A priori, ces sociétés sont en mesure de surmonter l’environnement économique quelque soit sa configuration. Même si elles peuvent être impactées sur le marché par ricochet en cas de retournement de conjoncture, de bonnes publications rassurent généralement rapidement les investisseurs.
Cinq principaux thèmes sont joués au sein du portefeuille : les leaders de croissance domestique, la digitalisation de l’économie, le vieillissement de la population, la mondialisation du mode de vie occidental, l’amélioration de la productivité.
Le fonds est susceptible de s’intéresser à toutes les tailles de capitalisation…
Même si la tendance, compte tenue de la taille actuelle du fonds, est de s’orienter vers des capitalisations boursières de plus de 2 milliards d’euros, un œil est gardé sur les sociétés de plus petite taille qui peuvent croitre très rapidement.
30% des sociétés qui composent le portefeuille y sont présentes depuis plus de 5 ans. Contrairement à l’idée commune véhiculée, le marché des actions japonais n’est pas considéré par l’équipe de gestion comme un marché de trading.
Le turnover est relativement bas, de 25%. Depuis le début de l’année, deux sociétés ont été sorties : Hoshizaki qui a délivré une croissance moindre que prévu et Seven and I Holdings dont les opérations de restructurations des activités en souffrance avaient pris beaucoup de retard.
Parallèlement, trois sociétés ont été ajoutées dont Hoya, Kobayashi Pharmaceutical et Recruit connue pour avoir fait deux acquisitions fructueuses à l’étranger Indeed et Glassdoor.
Qu’en est-il de la performance du fonds ?
Sa performance est supérieure à celle du marché quelque soit la période considérée. Un investisseur étant entré dans le fonds il y a dix ans aurait doublé sa mise de départ. Une certaine résilience est observée pendant les phases de baisse de marché.
Les encours du fonds ont considérablement augmenté…
Ils sont passés de 5 millions d’euros il y a dix ans à 1,2 milliards d’euros actuellement, autant dire une très belle progression.
Après étude approfondie de l’équipe de risque de Comgest, la capacité maximale du fonds, en l’état actuel, est estimé à 6 milliards d’euros, ce qui laisse encore une grande marge de maonoeuvre.
Imen Hazgui
Publié le 11 Juillet 2019