Un marché paradoxal : plus les nouvelles sont mauvaises, plus la bourse monte !
(Easybourse.com) Tel est le message clé de la note économique journalière de La Banque Postale Asset Management, rédigée par Stéphane Déo, stratégiste au sein de la société de gestion. Pour ce dernier, la situation est paradoxale : les données économiques publiées continuent d'être absolument désastreuses et bien pire que les attentes du consensus. En revanche le stress de marché a baissé à une vitesse inhabituelle, certainement en grande partie lié à l'action très rapide des banques centrales. Les marchés actions montent malgré les chiffres fondamentaux calamiteux. La corrélation entre les surprises économiques et la bourse n'a jamais été aussi basse.
Le V2X (l'équivalent européen du VIX), qui est un indicateur qui mesure le niveau de stress sur le
marché actions européen a touché un plus haut à 87,6 le 16 mars, tout proche du record de
87,5 le 16 octobre 2008. Il a atteint 34,8 hier soir.
La décrue du niveau de cet indicateur
depuis le pic est une des plus rapides jamais enregistrée.
Principale explication de ce
phénomène : le comportement de la BCE « qui a mis le gros braquet ». Si on prend le pic du
marché action comme référence du début de la crise, il aura fallu lors de la dernière
crise attendre de juillet 2007, date du pic sur l'Euro Stoxx, à septembre 2016 pour atteindre 1 000 milliards de
Quantitative Easing. Sur la crise actuelle, il faudra attendre de février 2020 à novembre 2020. Dans le
premier cas 110 mois d'attente, dans le second cas 9 mois d'attente.
Il est d’ailleurs
intéressant de relever que le pic de volatilité est enregistré la veille de l'annonce du PEPP
(Pandemic Emergency Purchase Programme : programme d'achats d'urgence de titres sur les marchés face à la
pandémie) .
La réaction de la BCE a de ce fait effectivement été efficace.
Pourtant, les PMI montrent un effondrement de la croissance. Avec une mention spéciale pour le PMI Indien qui intègre immédiatement, avec mention, le Guinness des records : 7,2 !
Il faut aussi ajouter à ces chiffres les nouvelles prévisions de la Commission européenne : -7,7% sur la zone Euro cette année.
Mais le point le plus pertinent n'est peut-être pas là. Le marché, malgré ces chiffres, a progressé de 19% depuis les plus bas et reste sur une tendance neutre depuis un mois. La corrélation entre les surprises économiques et la performance de la bourse est la plus négative depuis que les séries existent.
Plus les nouvelles sont mauvaises, plus la bourse monte !
Une autre interprétation, plus crédible amène à penser que parce que la première moitié de l'année a été passée par pertes et profits par les investisseurs, ces derniers se concentrent à présent sur le profil de la reprise. Et donc les chiffres économiques du premier et deuxième trimestre ne sont pas pertinents.
C'est un pari évidement.
Stéphane Déo
Publié le 13 Mai 2020