Annoncé par la loi Pacte, la privatisation de la Française des Jeux (FDJ) entre dans sa dernière ligne droite avec un dossier d’enregistrement déposé le 17 octobre auprès de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).

Il s’agira à la fois d’une privatisation et d’une introduction en bourse puisque la FDJ ne possède pas encore de cotation boursière. L’Etat prévoit de baisser sa part au capital de 72% à 20% et affirme son intention de faire de cette opération un succès populaire avec une participation du plus grand nombre.

D’autres actionnaires, notamment privés, sont et resteront également au capital : des fédérations d’anciens combattants, les salariés, et des actionnaires historiques.

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire avait déjà annoncé dans le « Journal du dimanche » du 13 octobre les grandes lignes de l’opération : souscription entre le 7 et le 19 novembre et le projet, « sous réserve de validation de l’AMF » d’accorder aux particuliers une action gratuite pour 10 achetées si ces actions sont conservées dix-huit mois. Bruno Le Maire a également indiqué souhaiter qu’une décote de 2% sur le prix de l’action achetée soit appliquée.

Devant le succès attendu de l’opération, des règles particulières de souscription seront appliquées (encadrement du nombre de titres que chacun pourra souscrire, cas particuliers des buralistes et salariés de la FDJ, …) afin d’encadrer son déroulement et permettre au plus grand nombre d’y participer.

Ce dispositif et ces règles seront bien sûr pris en charge sur le site www.easybourse.com pour que la souscription par les détenteurs de PEA et de Compte-Titres soit la plus fluide possible avec un process entièrement numérisé. La valeur ne sera en revanche pas éligible au PEA PME-ETI*.

La FDJ est une entreprise qui bénéficie d’une dynamique favorable, les mises croissant de 62% sur la période 2007-2017, et s’établissant à 15,1 milliards d’euros en 2017. Elles ont progressé de 4,4% en 2018 (source https://www.economie.gouv.fr/observatoire-des-jeux/donnees-dactivite-francaise-des-jeux-fdj ).

Sa part en France dans le secteur des jeux d’argent est proche de 50%. La FDJ a fait progresser sa part sur le numérique et y enregistre 4,3% des mises en 2017 contre 1,6% en 2007. Même si les jeux de loterie représentent encore le cœur de métier de l’entreprise (83,4% des mises en 2017), elle a su accompagner le développement des paris sportifs (16,6% des mises en 2017 contre 4,1% en 2007).

La profitabilité de la FDJ dépend beaucoup de règles particulières comme, d’une part, les taxes sur le Chiffre d’Affaires (à ne pas confondre avec la TVA) et les prélèvements publics et, d’autre part, le taux de redistribution.

Si ainsi en 2018 il y a eu 15,8 milliards de mises, 67,6% sont ont été redistribués aux joueurs, laissant un produit net des jeux de 5,1 milliards, réduits après les prélèvements publics à 1,8 milliards. Après les taxes sur le Chiffre d’Affaire, l’EBITDA (Résultat opérationnel courant retraité des dotations aux amortissements) ressort à 315 millions et libérant au final un résultat net de 170 millions d’euro. (source https://www.groupefdj.com/fr/journalistes/fdj-publie-de-solides-resultats-financiers-et-extrafinanciers-2018.html ).

La profitabilité à l’avenir dépendra bien sûr de l’activité commerciale mais aussi des possibles évolutions fiscales et des prélèvements publics, qui sont régulièrement remis en question par les opérateurs et casinotiers en vue d’un assouplissement plus favorable au marché. Concernant le taux de redistribution, qui lorsqu’il augmente fait également augmenter les mises et dope l’activité, il sera encadré par une nouvelle autorité administrative indépendante.

* PEA réservé aux titres de petites et moyennes entreprises et entreprises de taille intermédiaire
** Les dates communiquées sont sous réserve et peuvent faire l’objet de modifications